Le ministre de l’Environnement, de l’Economie verte et du Changement climatique, Nestor Bassière, a visité, le vendredi 26 août 2016, les carrières post-exploitation de Perseus mining, à Séguénéga et Kalsaka dans le Nord. Première société minière à fermer ses portes au Burkina, l’heure est à la réhabilitation du couvert végétal.
Après 5 ans (2007-2012) d’exploitation, la société minière Perseus mining est-elle en passe de léguer ses 147 carrières à ciel ouvert aux habitants de Séguénéga et de Kalsaka dans la région du Nord ? Qu’est-ce qui sera fait pour que ces trous ne soient pas dommageables aux populations ? Ces interrogations ont conduit le ministre de l’Environnement, de l’Economie verte et du Changement climatique, Nestor Bassière, sur les ruines de Kalsaka mining, le vendredi 26 août 2016. Des carrières de Tiba III, de Touni et de Bakou dans la commune de Séguénéga en passant par celles de East Pit dans la municipalité de Kalsaka, le constat est le même, des trous béants de 80 à 120 mètres de profondeur. Mais, la société minière a son plan de réhabilitation environnemental, et s’est engagée à rétablir le couvert végétal, conformément au code minier et à celui de l’environnement. Selon les dires du directeur régional Afrique de l’Ouest chargé de l’environnement de Perseus mining, Michel Yao, l’entreprise compte installer des cordons de sécurité de plus de 2m de hauteur autour des carrières, avec des pancartes estampillées «danger de mort». «Après cette étape, à l’intérieur des cordons, il y aura un tassement de façon naturelle avec l’érosion», a précisé M. Yao. Au niveau des tas de lixiviation, Perseus mining a prévu le reprofilage des résidus et le débranchement des arrosoirs. «Les tas de stériles seront aussi décontaminés du cyanure», a-t-il ajouté. Des bosquets de compensation seront créés, où la société mettra en terre plus de 10 000 plants sur 50 hectares. En plus des arbres, des herbacées (andropognon gayanus et vetiveria zizanoïdes) sont en expérimentation sur le site. Ce plan de restauration environnemental doit être financé par le fonds de réhabilitation auquel la mine a souscrit dès le démarrage de l’exploitation aurifère, et ce, à hauteur de plus de 1 650 000 000 F CFA. Malgré ces mesures, une chose fait l’unanimité. «On ne peut pas boucher totalement les trous. Réhabiliter ne veut pas dire forcément une fermeture définitive des carrières», a reconnu le ministre en charge de l’environnement, Nestro Bassière.
Kalsaka mining, un cas d’école
Perseus mining a fermé boutique depuis 2013. Elle a également déposé son plan de réhabilitation auprès de l’exécutif burkinabè, à cette même date. Selon les prévisions de la société, le processus de rétablissement du couvert végétal à Séguénéga et à Kalsaka devrait se dérouler d’août 2015 à novembre 2016. Jusqu’à ce jour (vendredi 26 août), rien. A qui la faute? «Ce sont les textes qui bloquent le démarrage des travaux. Il manque les décrets d’application du code minier. Si ces textes sont adoptés, on pourra commencer la réhabilitation», a soutenu la directrice générale adjointe de Kalsaka mining, Djénéba Nana, par ailleurs directrice-pays de Perseus mining. Aux dires de Mme Nana, cette étape est très importante pour les sociétés minières, car, celles-ci sont cotées en bourse et soucieuses de leur image. Selon les explications du ministre Bassière, lorsqu’une société dépose son plan de réhabilitation, un comité se réunit pour le valider.
Le hic, est que la législation burkinabè ne prévoit pas ce type de commission. Il s’est alors engagé à accélérer le processus d’adoption des textes devant permettre à Perseus mining de débuter les travaux de réhabilitation du couvert végétal à Séguénéga et à Kalsaka. «Si Kalsaka mining échoue, les autres mines risquent de connaître le même sort», a indiqué Nestor Bassière. Il a promis de faire un rapport au Conseil des ministres, afin que des mesures idoines soient prises pour qu’après les mines, ce ne soit pas le désastre. Déjà, le département en charge de l’économie verte s’attèllera à revisiter la réglementation en vue l’adapter à l’évolution de l’exploitation minière, pour ne plus jouer aux «médecins après la mort». Le ministre de l’Environnement a loué la volonté affichée de la société à réhabiliter la végétation de la localité. Pour lui, il y a nécessité d’allier développement minier et préservation de l’environnement.
Djakaridia SIRIBIE