La VIe Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) s’est ouverte, le samedi 27 août 2016, au Kenyatta international convention center de Naïrobi, au Kenya. En présence d’une trentaine de chefs d’Etat, dont le président du Faso Roch Marc Christian Kaboré, le Premier ministre japonais, Shinso Abe, a annoncé un investissement d’environ 30 milliards de dollars sur trois ans en Afrique.
Qualité, résilience et stabilité. C’est à ces valeurs, que le Japon souhaite aider l’Afrique à accéder. Ces trois mots ont, en effet, été les plus usités à l’ouverture des travaux de la VIe Conférence international de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), le 27 août 2016 à Naïrobi, au Kenya. L’hôte de la conférence, le président du Kenya, Uhuru Kenyatta, s’est naturellement réjoui du choix de son pays pour accueillir la première TICAD sur le continent. Il a soutenu que cette rencontre est une opportunité pour s’inspirer du Japon, une nation ayant réussi une transformation économique importante «en un temps record». Selon lui, pour que l’Afrique y arrive, il faut qu’elle puisse établir «un commerce libre et équitable» avec le reste du monde et disposer aussi de «citoyens libres et de gouvernants responsables». La présidente de la Commission de l’Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, quant à elle, s’est félicitée des progrès réalisés par l’Afrique, depuis le lancement de la TICAD en 1993. «Le Japon demeure un partenaire fiable de l’Afrique », a-t-elle lancé, invitant le gouvernement nippon à assister cette partie du monde dans sa quête de «cohésion sociale», «de respect de l’égalité sociale» et d’une «prospérité partagée». En ce qui concerne l’égalité sociale, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, à travers une vidéo, a plaidé «pour qu’aucun africain ne soit laissé à la traîne» dans les années à venir.
Le président en exercice de l’UA, Idriss Déby Itno, a, pour sa part, déclaré que l’UA jouera sa partition pour faire de la TICAD «un espace dynamique, d’interactions économiques axées sur l’efficacité et les résultats en rapport avec les priorités de l’Afrique». Il a rappelé au partenaire nippon que les Etats africains traversent une période difficile, voire critique, à cause des chocs multiples auxquels font face leur économie marquée par la baisse des cours des matières premières, les crises sécuritaires, etc. Idriss Déby Itno a alors appelé à des investissements massifs japonais dans les secteurs stratégiques comme l’énergie, l’eau, la santé, l’environnement, l’agriculture, les infrastructures, l’industrialisation… «Seuls les investissement conséquents, à la hauteur du pouvoir économique du Japon, pourront donner une consistance à notre action commune, pour le développement et la prospérité de l’Afrique», a-t-il expliqué, tout en sollicitant une présence massive du secteur privé japonais en Afrique, en raison de son dynamisme et de son savoir-faire.
Ces sollicitations du président en exercice de l’UA ont semblé trouver une oreille attentive, lorsqu’à la tribune du Kenyatta international convention center, le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a annoncé un investissement nippon de 30 milliards de dollars en Afrique, entre 2016 et 2018.
Une Afrique forte et résiliente
«Le Japon, désireux de résoudre avec vous les problèmes de l’Afrique, ne relâchera pas ses efforts», a promis le chef du gouvernement japonais. Ainsi, dans les trois années à venir, a-t-il indiqué, son pays contribuera à bâtir une Afrique de qualité, résiliente et stable. En vue d’une Afrique de qualité, «l’empire du Soleil levant» prévoit un soutien d’environ 10 milliards de dollars pour le développement de ses infrastructures. Dans le secteur de l’énergie, Shinzo Abe et son gouvernement envisagent augmenter la production énergétique du continent avec 2.000 mégawatts par géothermie, afin de combler les besoins de 3 millions de foyers d’ici à 2022.
Quid de l’Afrique résiliente espérée par le Japon ? Il s’agit, selon Shinzo Abe, d’un continent qui saura réagir promptement face à la maladie. «Le Japon va former en trois ans, 20.000 spécialistes et experts en politique de santé pour faire face aux maladies infectieuses», a-t-il déclaré. Il a ajouté qu’un fonds de 500 millions de dollars sera mis en place pour lutter contre ces maladies, ce qui devrait aider à sauver 300.000 vies. La couverture de santé universelle dont le Japon entend soutenir la diffusion en Afrique (des pays-pilotes seront sélectionnés à cet effet) permettra, à 2 millions de personnes, d’avoir accès aux services de santé de base. Enfin, pour une Afrique stable, le japon, aux dires de son Premier ministre, va renforcer le potentiel des opérations de maintien de la paix des Nations unies. In fine, Shinzo Abe a annoncé la création prochaine d’une institution permanente, le «Forum économique public-privé nippo-africain».
A l’issue de l’ouverture officielle des travaux, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, qui participe à la TICAD VI avec une forte délégation, a émis le vœu que les résultats de la conférence soient «orientés vers des actions concrètes et porteuses de progrès». En attendant, il a salué les bonnes relations de coopération qui existent entre son pays et le Japon. Il a d’ailleurs invité ce partenaire «stratégique», les 7 et 8 décembre à Paris, à la conférence des partenaires au développement du Burkina Faso pour le financement du Plan national de développement économique et social (PNDES) 2016-2020.
Sié Simplice HIEN
Envoyé spécial à Naïrobi