L’Agence de l’eau du Nakanbé (AEN) a lancé officiellement une campagne d’arrachage de la jacinthe d’eau, le jeudi 25 août 2016, au barrage n°2 de Ouagadougou.
Les barrages, sources d’approvisionnement en eau potable de la ville de Ouagadougou, sont en train d’être envahis par la jacinthe d’eau. Face à ce problème, le ministère en charge de l’eau et de l’assainissement à travers l’Agence de l’eau du Nakanbé (AEN), a lancé officiellement une campagne d’arrachage de cette plante envahissante, ce jeudi 25 août 2016. D’une durée de trois mois, cette opération permettra d’arracher, d’enlever et de valoriser 4500 tonnes de biomasse, repartie sur une superficie de près de 45 ha. Ces tonnes de jacinthe qui seront enlevées, seront progressivement acheminées vers différents bio-digesteurs dans la ville de Ouagadougou, pour produire du gaz de cuisine, des engrais et de l’électricité. Ainsi, ces centres de traitement permettront de transformer le problème de jacinthe d’eau en une opportunité économique. De l’avis du directeur de cabinet du ministère en charge de l’eau, Amadou Zagré, représentant le ministre, « l’approche actuelle de lutte est innovante et durable car elle met en œuvre les populations à la base. En effet, le travail sera réalisé grâce à l’association des pêcheurs de Tanghin Barrage ». Le représentant du ministre a tenu à féliciter et à remercier ce groupe de jeunes qu’il a qualifié de « dynamique » pour avoir décidé de se lever pour lutter contre le chômage. Il a indiqué qu’ils bénéficieront de l’encadrement d’une équipe de chercheurs spécialistes des écosystèmes et des plantes envahissantes. Et ce, sous la supervision des services techniques concernés de l’Etat.
Trois méthodes de lutte contre la jacinthe d’eau
En perspective pour le moyen et le long terme, il est prévu la mise en place d’un système d’alerte et de surveillance des retenues d’eau de Ouagadougou, a-t-il précisé. Le spécialiste et technicien Louis Ouédraogo, chercheur à l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles (INERA), a brièvement exposé les stratégies d’éradication de la jacinthe d’eau encore appelée « péril vert » des retenues d’eau de Ouagadougou et de ses environs. Il a aussi présenté les différentes méthodes de lutte qui sont au nombre de trois. « Pour ce qui est de la lutte chimique, seul le glyphosate s’est révélé moins nocif pour l’environnement et 3l/ha de ce produit permettent d’éliminer la jacinthe tout en conservant le milieu aquatique et la vie des alevins ». La deuxième lutte, a-t-il ajouté, est celle biologique, qui consiste à élever des insectes qui sont des ennemis naturels de la jacinthe et à les libérer dans les eaux envahis par la plante pour que ceux-ci s’attaquent à elle. La dernière méthode, la lutte physique, est l’option du Burkina Faso et consiste simplement à l’arrachage de la plante. La présentation a concerné également les effets de la plante et le chercheur a expliqué que la jacinthe fait obstacle au transport fluvial, aux apports pour l’irrigation, l’hydroélectricité et les systèmes d’approvisionnement en eau. De même, elle bloque les canaux et cours d’eau causant des inondations. Elle augmente aussi l’évapotranspiration et réduit la biodiversité. « Pendant et après la lutte contre les espèces envahissantes, il faut assurer une surveillance continue du milieu pendant trois à cinq ans pour éviter toute surprise et afin d’établir un rapport concluant à une éradication totale de l’espèce », a-t-il martelé. Le directeur général de l’Agence de l’eau du Nakanbé, Ghislain Anselme Kaboré, a, quant à lui, situé l’importance des barrages n°2 et 3 qui sont concernés par la présente activité pour la population de la ville de Ouagadougou. « Ces retenues réalisées dans les années 1960 sont destinées à l’approvisionnement en eau potable. Elles sont utilisées pendant les périodes d’appoint en complémentarité du barrage de Loumbila et produisent environ 42 000m3 d’eau/jour soit 39% de la desserte journalière en eau de Ouagadougou ». Du reste, il a soutenu que ces barrages favorisent la recharge de la nappe locale, ils permettent d’entretenir la forêt Bangré-wéogo, d’où la nécessité de les préserver des multiples menaces.
Théodore Z. DAKUYO
(Stagiaire)