Dis donc ! C’est à croire qu’entre les hommes de média et le fondateur du PAREN il existe une sorte de rakiiré, ou d’amour vache.
Oui, on le croirait, car depuis que le professeur Bado a quitté les amphis de Zogona pour le microcosme politique, il n’a cessé de traiter les journalistes avec mépris.
Et Dieu seul sait combien de fois, au cours d’une conférence de presse, d’une interview, d’un meeting, la presse a été humiliée, brocardée, moquée et malmenée par le chantre burkinabè du tercérisme.
Toute « question idiote », « toute question sans grande moralité » ou toute objection qui n’a pas l’heur de plaire à l’inénarrable professeur vaut à son auteur toute sorte d’insanités.
« Je hais les journalistes.» De qui est cette déclaration ? De Bado, rappelez-vous.
« Tu es bête ? » Qui a osé ce propos à l’encontre d’un journaliste qui l’interviewait ? Encore Bado.
« Les Burkinabè sont un peuple de caprins.» Qui s’est permis une telle comparaison ? Encore et toujours Bado.
Et nous en passons.
Alors que l’on croyait que sa traversée du désert politique avait produit chez le « meilleur d’entre nous » les effets vertueux d’une cure de modestie, c’est, hélas, fidèle à sa réputation de mal-causeur que le « génie de Zoula » est de retour sur la scène politique. Toujours égal à lui-même : provocateur, bagarreur, railleur et irascible.
La preuve : cette conférence de presse qu’il a lui-même convoquée et animée samedi 20 août dernier sur la crise qui secoue le PAREN.
En effet, à la suite de la question posée par un journaliste, c’est toute la corporation qui en a pris pour son grade : « Je m’en fous des journalistes. Si demain j’organise une conférence de presse, ne venez pas. Je parlerai à des lézards qui iront écrire », a-t-il lancé, avant d’exiger « des questions de très grande moralité ».
Venant de la part de celui qui déclarait que « s’il y avait un concours pour être président, je serais le correcteur », cet énième coup de sang de frère Laurent est tout simplement d’une impertinence affligeante.
Mais en attendant donc que Bado « parle aux lézards », les pauvres, qu’il sache qu’une conférence de presse est avant tout un événement médiatique au cours duquel des personnalités qui font l’actualité convient des journalistes à les écouter puis à poser des questions. Et ces questions, surtout celles qui fâchent, visent à fournir aux lecteurs, auditeurs et téléspectateurs l’information dont ils ont besoin pour comprendre un fait d’actualité.
Ce n’est pas en se conduisant en sergent-chef de l’opinion que l’on convaincra les hommes de média du bien-fondé de sa position face à une situation ou de la justesse de sa version d’un fait.
Professeur émérite de droit, l’actuel président d’honneur du PAREN devrait savoir mieux que quiconque que la force de l’argumentaire s’accommode mal du dogmatisme et du terrorisme intellectuel dont il a fait preuve lors de cette conférence de presse.
Sans nous immiscer dans la crise interne au parti dont l’écho nous est parvenu par le fameux et fumeux « mémorandum sur la gestion du PAREN par Tahirou Barry », ce mépris des hommes de média ne serait-il pas symptomatique de l’oppressante ombre tutélaire du père fondateur sur le parti, du dirigisme qu’il a érigé en règle de fonctionnement ?
Celui dont le rang, l’âge et l’expérience politique auraient dû incarner la sagesse et la tempérance parviendra-t-il à ramener paix et sérénité dans la demeure comme il l’a promis ? Les « lézards » nous le diront.
Alain Saint Robespierre