Demain s’ouvre dans la capitale burkinabè, le 6e congrès ordinaire de l’Association des municipalités du Burkina Faso (AMBF). Cette instance statutaire intervient plus de trois ans après le 5e congrès tenu le 28 mars 2013, ayant porté à la tête de l’association, le maire de Ouagadougou, Marin Casimir Ilboudo. Ce dernier qui venait d’être élu après les élections municipales de décembre 2012 n’aura pas le temps d’imprimer sa marque à l’institution car les mairies seront placées sous délégations spéciales à la suite de l’insurrection populaire d’octobre 2014. A la faveur des élections municipales du 22 mai 2016, plusieurs communes sont de nouveau dirigées par des représentants élus et le processus de décentralisation se met progressivement en place. Le fait marquant est que ce 6e congrès se tient également au moment où certaines collectivités territoriales éprouvent encore des difficultés à désigner leurs représentants. Il est vrai que le congrès passé s’est tenu en l’absence de certaines collectivités territoriales, mais cette fois-ci, la situation est encore plus critique. Tout porte à croire que l’objectif recherché, c’est-à-dire recadrer les choses à travers la suspension des conseils municipaux, est encore loin d’être atteint. En effet, certaines localités comme Béguédo, Zogoré et Bouroum-Bouroum ne sont parvenues à élire leurs conseillers municipaux. Dans bon nombre de communes, ce sont les élus locaux eux-mêmes qui n’arrivent toujours pas à s’accorder sur le choix de leurs dirigeants au point qu’ils risquent de soumettre leurs localités à une deuxième gestion déléguée. Sans oublier les conflits internes au sein des partis comme celui du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) sorti vainqueur dans plusieurs communes. Ces querelles montrent à souhait que malgré plus de deux décennies de décentralisation, les dirigeants municipaux peinent à comprendre que l’intérêt de leur collectivité prime sur celui individuel. La bataille de chiffonniers à laquelle se livrent aujourd’hui certains élus locaux n’est ni plus, ni moins qu’une lutte de positionnement pour mieux défendre sa chapelle. C’est donc dire que le futur président qui sortira de cette retrouvaille de dirigeants locaux aura du pain sur la planche. Parviendra-t-il à faire une union sacrée des maires du Burkina en vue d’impulser une nouvelle dynamique au processus de décentralisation ? Une chose est sûre, la tâche s’annonce difficile pour la nouvelle équipe car à côté de ces difficultés, il y a aussi les anciens dossiers, surtout sur le foncier qui dorment encore dans les tiroirs. Les populations qui nourrissent l’espoir de connaître un dénouement heureux des questions de parcelles au cours de cette nouvelle phase de la communalisation ont le regard tourné vers les nouveaux maires. Ces derniers attendent certainement les conclusions de la commission d’enquête parlementaire sur le foncier pour une orientation dans la gestion des dossiers mais savent aussi que la moindre erreur de leur part pourrait être fatale pour leur poste. La contribution de l’AMBF qui existe depuis 1995, serait donc d’un apport significatif quand on sait que les exécutifs municipaux nouvellement installés n’ont pas assez d’expérience. L’autre défi de l’association des maires, est d’arriver à concilier les politiques de développement local et celles nationales à travers le Plan national de développement économique et social (PNDES). Pour cela, certaines réformes s’avèrent nécessaires au sein des collectivités territoriales et au niveau central pour faciliter l’harmonisation des différentes politiques. Aussi, des rencontres permanentes entre les deux exécutifs et un mécanisme de contrôle efficace pour éviter les dérapages constatés dans le passé sont nécessaires pour impulser cette nouvelle dynamique. La future équipe de l’AMBF qui sortira au soir du 6e congrès le 20 août 2016 sera-t-elle à la hauteur de la tâche ? L’avenir nous en dira plus.
Abdoulaye BALBONE