Sous l’égide de l’Organisation de la jeunesse musulmane en Afrique de l’Ouest (OJEMAO) et en partenariat avec des associations islamiques du Burkina, se tient du 16 au 18 aout 2016 à Ouagadougou le colloque international sur la prévention de l’extrémisme violent. Ces 3 jours de réflexion vont permettre de dégager des stratégies pour lever l’amalgame entre terrorisme et islam, et trouver les moyens de faire face à la violence.
Passé les salamalecs qui conviennent en pareille circonstance quand des frères et sœurs en islam se rencontrent, une lecture coranique par Mor Alim Harouna Tiendrebéogo pour demander à Allah d’assister les uns et les autres et un doua de l’imam Yiougo pour que les conclusions du colloque soient bénies et agréées ont permis de planter le décor. Premier à s’adresser à l’assistance, le président du Cercle d’études, de recherche et de formation islamique (CERFI), El hadj Souleymane Koné, au nom de sa structure et de celui de l’Association des élèves et étudiants musulmans du Burkina (AEEMB). Il a souhaité la bienvenue aux congressistes, venus du Mali, du Niger, de la Côte d’Ivoire, du Togo, de la Guinée et du Burkina. Il s’agira pour eux, a-t-il indiqué, de réfléchir sur les préoccupations liées à l’extrémisme violent et sur la contribution de la jeunesse musulmane ouest-africaine à la prévention de cette violence. En effet, ces dernières années, les pays de la sous-région sont en proie à différentes attaques terroristes qui menacent sérieusement la quiétude sociale. Pourtant, selon le Secrétaire exécutif de l’Organisation de la jeunesse musulmane de l’Afrique de l’Ouest (OJEAO), Baba Sidikou, en 1995, quand son organisation voyait le jour au Burkina, à Orodara, on était loin d’imaginer une telle situation d’extrême violence. Mais la réalité est là et interpelle, plus que quiconque, la jeunesse musulmane. En effet, a relevé le responsable de l’OJEAO, ces actes ignobles sont à tort assimilés à l’islam ; d’où cette mise au point : «Bien que l’extrémisme violent ne soit pas l’apanage d’une race, d’une ethnie, d’une religion ou d’une culture, notre organisation ne peut rester indifférente à ces actes. Elle ne peut rester indifférente à ce qui s’écrit et se dit souvent dans les médias dont une lecture sommaire laisse transparaitre un amalgame de fait entre l’islam et le terrorisme. L’islam ne saurait se confondre avec le terrorisme ». Comment laver un tel affront ?
Dans son message, intégralement livré en arabe et traduit par Ahmad Soro, le secrétaire général de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) a aussi invité les jeunes musulmans à rejeter toute tentative visant à coller à l’islam l’étiquette de violence. Pour ce faire, il a préconisé la mise en place d’initiatives en faveur des jeunes dans tous les secteurs du développement afin que ceux-ci aient beaucoup d’alternative contre le terrorisme. En plus, ajoutera le parrain, qui n’était autre que le ministre de l’Administration territoriale, Simon Compaoré, les structures de la jeunesse nationale et sous-régionale doivent faire front commun avec les autorités publiques dans la lutte contre le phénomène de l’extrémisme violent. A cet effet, il n’a pas manqué d’inviter les uns et les autres à avoir le réflexe d’aviser les services compétents de tout comportement, ou fait qui mettrait à mal le vivre-ensemble et la sécurité des citoyens.
Se référant aisément à des passages du Saint-Coran pour illustrer ses propos, le patron de la cérémonie, Salifou Diallo, s’est dit convaincu que l’islam est une religion de paix. Tout en saluant la tenue du colloque et le choix judicieux du thème de la réflexion, plus que d’actualité, il a invité la jeunesse musulmane à se démarquer, à tout prix, des vendeurs d’illusions que sont les terroristes. « Il est vrai que, dans un contexte de crise économique, notre jeunesse est constamment tentée par l’aventure. Car, j’ai la claire conscience que l’extrême pauvreté et le chômage ambiant poussent des jeunes à accorder du crédit à ces terroristes. Mais il faut, à tout prix, vous prémunir contre cette tentation de rejoindre tout groupe de malfaiteurs… La voie sûre est celle qui consiste à vous instruire, à vous organiser, à renforcer vos capacités pour le vrai changement », a-t-il conseillé, promettant de plaider auprès des gouvernements de la sous-région pour qu’ils fassent de la question de l’emploi des jeunes la priorité des priorités.
Alima Séogo/Koanda
(1) Guerre sainte en islam