Suite au récent cas d’excision survenu au secteur n°21 de Ouagadougou, la première Dame, Sika Kaboré, a animé un point de presse, le samedi 13 août 2016, pour condamner cette pratique.
«L’excision est une pratique néfaste à bannir définitivement de notre société ». Ces propos ont été tenus par la première Dame du Burkina Faso, Sika Kaboré, lors d’une rencontre avec la presse, le samedi 13 août 2016 à Ouagadougou. A l’en croire, le récent cas survenu au secteur n°21 de la capitale burkinabè vient remettre au-devant de la scène, la question de l’abandon totale des Mutilations génitales féminies(MGF) qui semblait être une réalité au «pays des Hommes intègres». En effet, a-t-elle expliqué, les résultats de l’Enquête multisectorielle continue (EMC) de 2015 a révélé des progrès certains dans la lutte contre la pratique. Mais, a-t-elle regretté, les évènements récents montre qu’il y a lieu d’accentuer la lutte. Pour ce faire, la première Dame a réaffirmé son soutien total aux actions de promotion de l’élimination définitive des MGF au Burkina Faso. «Je vous assure de mon engagement constant et de mon entière disponibilité à accompagner le Conseil national de lutte contre la pratique de l’excision (CNLPE)», a-t-elle déclaré. Et d’ajouter : «Je ne ménagerai aucun effort pour faire de l’élimination de la pratique de l’excision, une réalité». Par ailleurs, Sika Kaboré a invité tous les secteurs ministériels, les partenaires techniques et financiers, les ONG et associations, à persévérer dans leurs efforts. Elle a reconnu que les leaders coutumiers et religieux ont un rôle déterminant à jouer pour le changement de comportement souhaité. «Nous sommes dans une phase de basculement où la tolérance zéro contre l’excision sera la norme. Pour l’accélération de ce changement, aucun apport ne doit être sous-estimé ou, encore moins, négligé», a-t-elle soutenu. Malgré la «fausse» note du secteur n°21, la présidente d’honneur du CNLPE s’est dite confiante quant à l’élimination certaine des MGF au Burkina Faso. Elle a d’ailleurs confié que le leadership et la bonne gouvernance dont jouit le Burkina Faso en matière de protection des femmes et des filles contre l’excision est bien réelle. Toutefois, elle a exhorté la population à dénoncer tout cas d’excision et à rester vigilants en ces temps de vacances, moment propice selon les acteurs. Qu’est ce qui explique la recrudescence de la pratique de l’excision en dépit des nombreuses actions de sensibilisation menées ? La première Dame a indiqué que plusieurs facteurs justifient cette situation. Tout d’abord, elle a fait savoir que la tradition constitue un handicap majeur à l’éradication du phénomène. «Ceux qui excisent leurs enfants sont convaincus que c’est une valeur coutumière à préserver absolument», a-t-elle déploré. Pourtant, a-t-elle renchéri, tout dans notre tradition n’est bon à garder. Sika Kaboré a signifié que la loi votée par l’Assemblée nationale en 1996 pour l’élimination de la pratique de l’excision n’est pas suffisamment dissuasive. En effet, a-t-elle expliqué, cette loi prévoit une peine d’emprisonnement de 6 mois à 3 ans et lorsqu’un décès survient, la peine va de 5 à 6 ans. Quant aux amendes, a-t-elle poursuivi, elles vont de 150 000 à 900 000 F CFA et de 50 000 à 10 000 F CFA pour les complices. De son avis, il y a nécessité de revoir cette norme afin d’y ajouter une dose de sévérité. Elle a d’ailleurs informé qu’un courrier a été adressé au ministère en charge de la justice à cet effet.
Nadège YAMEOGO