De quatre mousquetaires au départ en 2015, Génération film emploie aujourd’hui trois autres agents permanents et collabore avec de nombreux prestataires temporaires. En un an d’existence, elle a six films à son actif et de nombreux projets dont l’un de ceux en cours est Ouaga Film Lab que son Directeur administratif, Ousmane Boundaoné, nous décortique dans cet entretien.
Fasozine: Présentez-nous Génération Films…
Ousmane Boundaoné: Génération Films est un collectif de professionnels du cinéma et du secteur culturel qui entend développer des initiatives dans le secteur du cinéma en Afrique. La structure a ouvert officiellement ses bureaux en décembre 2015 à Ouagadougou. Nous sommes positionnés sur trois axes du cinéma, à savoir la coproduction, la formation et le consulting. C’est une structure qui vise à donner des appuis aux porteurs de projets en les accompagnant dans la réalisation de leurs projets ou de leurs entreprises.
Pouvez-vous nous citer quelques-unes de vos productions ?
Nous sommes très jeunes en tant qu’entreprise mais nous sommes très vieux en tant qu’individus composant l’entreprise. L’une des réalisations que nous avons faites, c’est celle portant sur les traces des lauréats de la Semaine nationale de la culture (SNC). Nous avons produit cinq courts métrages de 13 mn qui ont été projetés de mars à avril sur la télévision nationale du Burkina Faso. Des films réalisés par « le monsieur cinéma » de notre maison, Salam Zampaligré. A côté de cela, nous avons notre dernière production documentaire de 26 mn qui porte également sur la SNC, côté accès des jeunes à la culture. Nous avons aussi de nombreux projets dont un sur le thème «Fqoot et la jeunesse africaine, entre passion et identité», d’autres intitulés Ouaga Film Lab, Talent Lab et Mon école, mon film d’animation.
Décrivez-nous les trois derniers projets cités…
Nos projets tournent autour de deux axes. Le premier a pour objectif le renforcement de la compétitivité des professionnels du cinéma. Il s’agit de Ouaga Film Lab, qui est le premier laboratoire dédié au cinéma en Afrique de l’Ouest et francophone sur lequel nous sommes en ce moment. Le deuxième axe est l’éducation des jeunes burkinabè aux médias par le truchement du cinéma. Ce projet lui-même a deux volets, à savoir Talent Lab destiné aux jeunes de 12 à 20 ans, et Mon école, mon film d’animation, destiné aux élèves des écoles primaires.
Quels sont les tenants et les aboutissants de Ouaga Film Lab ?
Ouaga Film Lab vise à identifier des projets de films, à sélectionner les meilleurs d’une région donnée, à les faire entrer dans un processus pour pouvoir leur apporter ce qu’on appelle une incubation. C’est-à-dire que des experts, des mentors vont permettre d’analyser ces films, à la fois sur le plan technique, artistique et financier, identifier leurs forces et leurs faiblesses, apporter leur expertise aux porteurs de projets qui pourront ensuite les rencontrer pour tenir compte de leurs suggestions. Ces porteurs de projet participeront ensuite à trois ateliers, respectivement en technique de narration, de production et de présentation de projet devant un jury. A la suite de cela, les porteurs de projets passeront devant un jury pour présenter leurs projets.
Combien de projets attendez-vous?
Nous aurons dix projets portés chacun par un tandem de réalisateur et de producteur issus de la zone Afrique de l’Ouest en ce qui concerne les réalisateurs. Pour les producteurs, nous avons ouvert la compétition à toute l’Afrique pour permettre à un réalisateur ouest-africain de pouvoir collaborer avec un producteur d’autres zones. C’est pour cela que l’on aura la chance de voir un producteur camerounais sur un projet malien. Les 20 personnes vont donc passer devant un jury d’experts pas seulement africains mais de gens qui connaissent le cinéma africain. On aura par exemple un Québécois, des Belges, des Allemands, des Suisses, des Français, en plus de ceux qui viendront du Maroc, de la Tunisie, du Mozambique, du Nigeria, qui sélectionneront les meilleurs projets qui méritent d’être accompagnés financièrement, techniquement et artistiquement vers leur réalisation.
Comment les dix tandems ont été sélectionnés ?
Il y a eu un appel à projet du 1er mars au 1er juillet 2016 qui nous a permis de recevoir 80 projets venant de 14 des 15 pays qui composent l’Afrique de l’Ouest. Ces 80 projets sont passés par une commission qui a identifié les 10 meilleurs que nous connaissons depuis une semaine. Le travail administratif et artistique a commencé pour organiser leur voyage et les mettre à la disposition et en contact avec leurs mentors.
Combien de tandems burkinabè ont été retenus ?
Deux tandems burkinabè ont été sélectionnés, et deux Burkinabè sont sur des projets avec d’autres nationalités. On a un projet ghanéen, un projet nigérien, un projet cap-verdien, un projet sénégalais, trois projets maliens.
Quels genres du cinéma sont concernés par cette compétition ?
Sont concernés les longs métrages de films fiction, documentaires et d’animation. La mise en contact avec les mentors va commencer cette semaine. Du 19 au 24 septembre, nous commencerons la phase résidentielle ici à Ouaga.
Quelques noms parmi les mentors ?
Le Burkinabè Gaston Kaboré, le Nigérian Newton Aduaka, un des Etalons de Yennega du Fespaco, la Marocaine Dora Bouchoucha, Yannick Létourneau, etc.
Combien de projets seront au final retenus ?
Nous souhaitons avoir au moins cinq projets à la fin, mais tous les 10 projets pourront bénéficier d’accompagnement avec l’aide de nos partenaires, allant de l’intégration d’un réseau parmi les meilleurs du monde aux bourses de développement en passant par la participation à de grands festivals comme celui de Cannes.
Propos recueillis par Juste Samba