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Conflit foncier dans le Poni : une famille d’éleveurs déclarée "persona non grata" à Dountela
Publié le mardi 9 aout 2016  |  Sidwaya
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© aOuaga.com par A.O
Conflit foncier: le chef du village de Zouekounga face à la presse
Mercredi 15 mai 2013. Le chef de Zouekounga s’exprime relativement au conflit qui oppose son village à celui de tanghuin Dassouri




Un groupe d’individus s’est attaqué aux habitations d’un campement d’éleveurs, en décoiffant les toits des cases, le mercredi 27 juillet 2016 à Dountela, dans la province du Poni. L’attaque a obligé 19 ménages à se réfugier dans une localité voisine. Une semaine après, nous sommes allés à Dountela, ce village de la province du Poni situé à environ 56 kilomètres de Gaoua, pour comprendre comment on est arrivé à cette situation.

La question foncière est de plus en plus à l’origine de conflits dans les villes et campagnes du Burkina Faso. C’est le cas à Dountela, un des 71 villages administratifs de la commune rurale de Loropéni, à environ 56 km de Gaoua. C’est un village de cinq quartiers, avec une population de 468 habitants, selon le recensement démographique de 2006. Il est situé sur le tronçon Bouroum-Bouroum-Loropéni, et présente les aspects d’un hameau de culture où la vie semble être rythmée par les travaux champêtres, autour de quelques concessions isolées. En réalité, le village est habité par une population dont l’activité principale est l’élevage. Le premier occupant des lieux, pratiquant principalement l’élevage, s’est installé il y a environ 15, voire 20 ans, selon le maire de Loropéni, Sié Pooda. D’autres arrivants ont été acceptés, bien sûr avec la bénédiction des autochtones. Ainsi, éleveurs et agriculteurs vivaient en harmonie dans la localité. L’éleveur Djiblirou Diallo et sa famille, comme les autres membres du groupe, ont été accueillis dans cet environnement propice à leur activité qui est l’élevage. Les terres dont il dispose avec les autres membres de sa famille, sont celles léguées par leur père. Il nous raconte que son différend est né avec Binoté Momo, quand celui-ci a voulu augmenter son exploitation, en préparant d’autres terres pour les cultures. Pour lui, les actions de Momo réduisaient considérablement la zone de pâturage des animaux. On a donc fait savoir à Momo qu’un champ à proximité de la zone de pâturage et des habitations des éleveurs comportait beaucoup de risques de dévastation par les animaux. Malgré cela, l’agriculteur s’est refusé à accorder une suite favorable aux remarques qui lui ont été faites, estimant qu’il n’a pas d’ordre à recevoir de qui ce soit, dans la mesure où il est sur les terres de ses aïeux. Par conséquent, il entend exploiter ces terres quand et comme il veut. Comme l’agriculteur réclamait la propriété des terres en question, Djiblirou Diallo a laissé entendre que celui qui a donné les terres à son père n’est pas le père de Momo. C’est dans ce climat délétère que l’agriculteur a augmenté son exploitation jusqu’à atteindre les abords de l’enclos de l’éleveur. Depuis lors et comme il fallait s’y attendre en pareilles situations, il y a eu des dévastations successives des cultures de l’agriculteur, ce qui a occasionné des litiges entre les deux parties. Les sources administratives nous informent qu’un des litiges a été porté au niveau du commissariat de police du district de Loropéni, mais sans trouver de consensus. Des voix nous ont signifié que des menaces ont été proférées entre les parties avec à l’appui des armes à feu, ce qui a obligé les forces de sécurité à procéder au retrait de ces armes. Quand nous avons posé la question à Binoté Momo à savoir si cela était vrai, il nous fait savoir que l’éleveur a été le premier à le menacer avec une arme, et que c’est pourquoi, lui aussi, a agi de même.

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase

Pendant que la tension était à son comble, dans la nuit du 24 au 25 juillet 2016, le champ de l’agriculteur a été dévasté par les animaux de l’éleveur. Bineto Momo est donc allé déposer une plainte au commissariat de police de Loropéni, et le constat a été fait le 26 juillet. Face aux dégâts, a-t-il dit, les jeunes du village se sont mobilisés, car pour eux, la dévastation a été orchestrée par les éleveurs. En représailles, ils se sont attaqués à une partie du campement des éleveurs, en décoiffant des toits en chaume des cases. Pris de peur, des membres des familles se sont réfugiés à Tako, un village voisin. L’attaque a obligé 19 ménages de 82 personnes à quitter le campement où nous avons constaté près de 17 cases décoiffées, des ustensiles, des couchettes et des effets d’habillement dispersés. Le jour où l’attaque a eu lieu, Djiblirou Diallo nous a confié qu’il a été agressé physiquement, ligoté et expulsé du village. Il a même montré des traces de l’agression sur son corps. Il a aussi reconnu la dévastation du champ de l’agriculteur, mais a rejeté l’idée que l’acte ait été prémédité. Pour calmer les esprits et rétablir la paix, les autorités administratives de la région, les coutumiers et religieux de la localité se sont investis. Le haut-commissaire de la province du Poni, Ram Joseph Kafando s’est rendu sur les lieux. Il a invité les deux parties à faire preuve de retenue. Il leur a demandé de ne pas exclure de manière systématique, un groupe social, une famille d’où qui que ce soit, et quel que soit le mobile. Après les échanges, les concertations et les appels à la réconciliation, une partie de ceux qui avaient fui les domiciles les y ont réintégrés, nous a soufflé un ressortissant du village. Mais quand nous sommes allés pour constater dans le campement même, personne n’a voulu s’exprimer sur ce qui s’est passé. Et malgré les différentes interventions, les autochtones refusent que Djiblirou Diallo et sa famille regagnent le campement. Il nous a confié dans son refuge, que lui et sa famille craignent pour leurs vies. Le chef de terre du village, Alphonse Sié Momo a regretté ce conflit qui a mis à mal la quiétude sociale dans la localité. « Je n’étais pas au courant d’un différend qui opposait les deux parties », a-t-il déclaré. Et d’ajouter que grâce à l’intervention des autorités et des bonnes volontés, le pire a été évité. Pour terminer, il a souligné que plusieurs voix ont dénoncé le fait que l’éleveur en question a souvent des litiges avec les agriculteurs. De ce fait, il a souhaité que les autorités s’impliquent pour que la localité retrouve son calme et que chaque personne puisse mener ses activités dans la paix et la sérénité.

Evariste YODA
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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