Dans le cadre de l’assainissement du fichier des partis et formations politiques légalement reconnus au Burkina Faso et conformément aux délibérations du Conseil des ministres du 08 juillet dernier, le ministère de l’Administration territoriale, dans un communiqué administratif, a invité 42 partis et formations politiques à se conformer aux dispositions de l’article 19 de la loi n°32-2001/AN du 29 novembre 2001 portant charte des partis et formations politiques au pays des Hommes intègres. Il faut rappeler qu’aux termes de ces dispositions, les partis et formations politiques doivent tenir régulièrement leurs instances conformément à leurs statuts et règlement intérieur et disposer d’un siège. S’appuyant donc sur ladite loi, le ministère somme les 42 partis indexés à se conformer aux textes. A cet effet, ils ont jusqu’au mercredi 31 août 2016 pour le faire. Passé ce délai, toute la rigueur de la loi leur sera appliquée. Cette mesure est à saluer. Car, la pagaille a assez duré. La Constitution votée en 1991 par le peuple burkinabè, a consacré la liberté d’association. Ce qui est chose normale en démocratie. De ce fait, l’on a assisté au Burkina, à la création à la pelle de partis et formations politiques. A ce jour, on peut dénombrer environ 200 partis et formations politiques. D’aucuns diront que cela participe de la vitalité de la démocratie. A priori, cette thèse peut être défendue. Mais à l’analyse, on peut se rendre vite compte qu’il n’en est rien. En effet, au Burkina, l’on peut faire le constat que derrière la création de certains partis et formations politiques, se cachent des considérations qui n’ont rien à voir avec l’approfondissement de la démocratie et la conquête du pouvoir d’Etat. Il s’agit plutôt de Groupements d’intérêt économique (GIE). Et à en juger par leur nombre, l’on peut en déduire qu’ils nourrissent leur homme. N’allez surtout pas demander aux responsables de ces partis, l’idéologie autour de laquelle ils ont construit leur programme, si programme il y en a. Car, c’est le cadet de leurs soucis. Ce qui les préoccupe avant tout, c’est ce qu’ils peuvent gagner en termes d’espèces sonnantes et trébuchantes, puisque l’Etat a prévu une cagnotte pour financer les activités des partis politiques. La calculette en main, ils se livrent à des simulations. Et là, ils font preuve de talents insoupçonnés de mathématiciens. Et quand on pense que ce sont les contribuables qui se saignent pour alimenter les caisses de ces prétendus partis, il y a de quoi en être révolté. C’est pourquoi aujourd’hui plus que jamais, il se pose la nécessité, dans l’intérêt de la démocratie, d’assainir le milieu des partis politiques.
L’on peut aller au-delà de la menace de suspension pour envisager la limitation raisonnable des partis politiques
De ce point de vue, la décision du ministère de l’Administration territoriale de sévir contre les partis et formations politiques qui n’observent pas les dispositions de l’article 19 de la loi n°032-2001/AN du 29 novembre 2001, vient à point nommé. Car, le minimum pour un parti politique digne de ce nom, est de tenir régulièrement ses instances et de disposer à tout le moins d’un siège. Or, cela est foulé au pied par, tenez-vous bien, 42 partis politiques. Et ce n’est pas la première fois que certains de ces partis sont rappelés à l’ordre. On se souvient, en effet, que sous Blaise Compaoré, le gouvernement avait tenté de remonter les bretelles à bien des partis jugés défaillants vis-à-vis de la loi. L’on peut se risquer à dire que ceux d’entre eux qui font dans la récidive, ne méritent pas d’exister. Car, ils donnent une image folklorique de notre démocratie. La réalité est que leurs militants peuvent tenir dans une cabine téléphonique. Et très souvent, ces militants sont des frères et sœurs voire des maîtresses du premier responsable. Et dans ces conditions, l’on comprend que ce genre de partis ne soient pas capables d’engranger un seul élu lors des consultations électorales. Pour un assainissement total du milieu des partis politiques, l’on peut même aller au-delà de la menace de suspension préconisée par le ministère contre les partis et formations politiques défaillants, pour envisager la limitation raisonnable des partis politiques. Sous Sangoulé Lamizana, par exemple, une loi avait limité les partis politiques à 3. Et la démocratie n’en a pas souffert pour autant. La preuve, c’est qu’à l’époque, l’Assemblée nationale était très équilibrée. L’on y comptait, si notre mémoire est bonne, 29 députés de la majorité et 28 de l’opposition. Aujourd’hui, avec 200 partis politiques légalement reconnus, seule une dizaine est représentée à l’Assemblée nationale. Comparaison n’est pas raison, mais l’on peut se demander si la diarrhée de partis politiques qui écument le paysage politique burkinabè aujourd’hui, ne nuit pas à la qualité de notre démocratie. Mais que voulez-vous ? Sous nos tropiques, l’on préfère être la tête d’un rat que la queue d’un éléphant.
Sidzabda