Le Premier ministre du Burkina Faso, M. Paul K. Thiéba, a lancé officiellement hier 4 août 2016, à Ouagadougou, les activités nationales entrant dans le cadre de l’« Agenda pour la sécurité sanitaire mondiale» (en anglais, Global Health Security Agenda). Pour l’occasion, M. Thiéba avait, à ses côtés, d’autres membres du Gouvernement dont le Ministre de la Santé, Dr Smaïla Ouédraogo, des diplomates dont l’Ambassadeur des Etats-Unis au Burkina Faso, Son Excellence, Dr. Tulinabo S. Mushingi, des Chefs d’agences du Système des Nations-Unies au rang desquels il y avait Mme le Représentant résident de l’OMS au Burkina Faso, Dr Alimata J. Diarra-Nama.
« L’Agenda pour la sécurité sanitaire mondiale », lancé le 13 février 2014, à la suite de l’émergence de la Maladie à virus Ebola en Afrique de l’Ouest, est une initiative américaine. Elle est mise en œuvre avec le soutien de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’Organisation mondiale de la Santé animale (OIE), l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Une cinquantaine de nations, plusieurs autres organisations internationales et non gouvernementales y sont parties prenantes. Le GHSA qui privilégie une approche multilatérale et multisectorielle est bâti autour de trois axes majeurs : la prévention des épidémies ; la détection précoce des menaces de nature biologique et, enfin, la réaction rapide face à la survenue de maladies, qu’elles soient d’origine naturelle, intentionnelle ou accidentelle.
Dans son discours de lancement lu par le ministre de la Santé, le premier Ministre burkinabé a indiqué que « le Burkina Faso fait partie des 17 pays sélectionnés pour bénéficier d’un financement dans le cadre de la mise en œuvre de l’agenda de sécurité sanitaire mondiale » ; M. Paul K. Thiéba a précisé que « pour cette première phase, le Burkina Faso fait partie des sept (7) pays devant bénéficier du financement par le Gouvernement américain ».
Pour l’Ambassadeur des Etats-Unis, c’est, en effet, un investissement de plus de 15 milliards de F CFA sur cinq ans que les USA mettent à la disposition du Burkina Faso. Cet appui financier, a relevé M. Mushingi « sera axé sur le renforcement des systèmes de santé publique du Burkina Faso afin de profiter pleinement des progrès technologiques d’aujourd’hui pour faire face aux menaces infectieuses du 21ème siècle ». Il a ajouté que pour les Américains, « sécurité sanitaire égale sécurité nationale ».
Pour sa part, Madame le Représentant de l’OMS au Burkina Faso, Dr Alimata J. Diarra-Nama, a rappelé que «la santé des populations au niveau mondial et régional a rudement été éprouvée ces dernières années par l’émergence et la propagation rapide de nouveaux agents pathogènes».
Entre 2014 et 2015, Dr Diarra-Nama a indiqué que plus de 28.616 personnes ont été affectées par la Maladie à virus Ebola dont plus de 11.316 décès enregistrés en Guinée, Sierra-Leone et Libéria ; en outre, en 2009, la pandémie du virus Influenzae H1N1 a occasionné, 285.000 décès dans le monde en sa première année seulement tandis que l’épidémie à virus Zika a provoqué près de 7.000 cas, rien qu’au Cap-Vert, entre octobre 2015 et janvier 2016. En fait, pour l’année 2015, la Région africaine de l’OMS qui compte 47 pays a enregistré 105 évènements de santé publique dont 82 liés à des maladies infectieuses avec une forte proportion de maladies transmises par les animaux. « L’interconnexion et l’interdépendance des pays (développement des réseaux routiers, maritimes et aériens) rendent potentiellement mondiale toute menace sanitaire advenant à un niveau local», résume Dr Diarra-Nama. Enfin, elle a renouvelé le soutien technique des experts de l’OMS pour la mise en œuvre des actions du Plan d’action du GHSA du Burkina Faso et pour l’application des obligations contenues dans le Règlement sanitaire international (RSI, 2005).
En rappel, le RSI est un instrument contraignant de droit international, signé par 194 pays et placé sous l’autorité de l’OMS. Son objet et sa portée consistent à «prévenir la propagation internationale des maladies, à s’en protéger, à la maîtriser et à y réagir par une action de santé publique proportionnée et limitée aux risques qu’elle présente pour la santé publique, en évitant de créer des entraves inutiles au trafic et au commerce internationaux».
Le plan de la sécurité sanitaire mondiale du Burkina Faso s’étend de 2016 à 2020. Il contient cinq objectifs spécifiques qui visent, d’une part, à renforcer l’organisation et le fonctionnement du système de surveillance épidémiologique, à mettre en place la surveillance électronique sur toute l’étendue du territoire ; d’autre part, les autorités sanitaires nationales souhaitent renforcer les capacités de diagnostic biologique des maladies prioritaires, renforcer la coordination de la gestion des épidémies à tous les niveaux de la pyramide sanitaire. Enfin, le but est de créer un centre d’opération d’urgence fonctionnel.