Ils seront officiellement ouverts ce vendredi, mais les athlètes sont déjà lâchés depuis hier. Avec notamment les footballeuses. On ne sait pas ce que nous réservent ces dieux des stades, qui veulent toujours aller plus vite, plus fort et plus haut, mais le moins que l’on puisse dire est que cette XXXIe olympiade de l'ère moderne s’ouvre dans des conditions de polémiques défavorables à l’expression sportive :
polémique d’abord sur le dopage généralisé, qui serait le sport favori de cette nation hier de l’Union soviétique, aujourd’hui de la Russie, et dont les athlètes ont finalement été autorisés à concourir, du moins en partie ;
polémique ensuite sur l’impréparation manifeste du Brésil, pour ce qui est du village olympique, qui en l’espace de deux ans accueille les plus grands événements sportifs de la planète, dans une situation de difficultés socioéconomiques, qui ont parfois relégué au second plan les manifestations sportives :
Et que dire du contexte politique même, marqué par l’éviction de la présidente Dilma Rousseff et son remplacement par Michel Temer, ce qui a plongé le pays dans une crise sans précédent ?
Pour autant, ce contexte plutôt délétère ne devrait pas déteindre sur la fête au pays de la samba et du carnaval de Rio. Pendant trois semaines, on devrait donc assister à des moments de pur bonheur sportif. En vérité, les jeux Olympiques se suivent et se ressemblent, du point de vue des performances.
En effet, il y a les pays ou les athlètes que l’on attend toujours, comme la Team USA, la Russie, la Chine et quelques pays européens qui vont, de nouveau, se disputer l’essentiel des médailles mises en jeu. A titre individuel, on piaffe aussi d’impatience de voir la fusée jamaïcaine, Usain Bolt, le retour de la torpille américaine Michael Phelps, sportif le plus titré de l’histoire des JO, le mastodonte français Teddy Riner, son voltigeur de compatriote Renault Lavillenie ou encore Neymar, l’artiste d’une Seleção en pleine reconstruction après deux débâcles consécutives en Coupe du monde et à la Copa America. Pour le reste, autant dire le gros de la troupe, l’essentiel, comme d’habitude, sera de participer, pour reprendre l’expression du Baron Pierre de Coubertin. C’est le cas notamment de l’Afrique. Si on excepte les phénomènes kényans et éthiopiens du fond et des semi-fonds ainsi que quelques perles maghrébines, la moisson africaine sera à l’image des précédentes : famélique. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si dans les statistiques l’Afrique représente un pays, quand les autres médaillés sont comptabilisés pays par pays.
Moins que de la participation, c’est de la figuration que ce continent fait dans beaucoup de cas. Quels lauriers, par exemple, peuvent bien nous valoir, sauf divine surprise, les cinq compétiteurs burkinabè en lice ? Qu’à cela ne tienne, pour ceux qui ont l’occasion de vivre cette expérience rêvée pour tout athlète, le plaisir est intense, et les valeurs de solidarité ainsi que de fraternité sont également partagées, que l’on en revienne avec une breloque suspendue au cou ou pas.
De ce point de vue, comment ne pas s’émouvoir de la participation de cette équipe de refugiés, invitée par le Comité international olympique, à la fête ? Il faudra sans doute un miracle venu tout droit de la gigantesque statue du Christ-Rédempteur, qui surplombe la baie de Rio, pour voir l’un d’eux monter sur le podium. Mais pour eux, cette expérience inoubliable est aussi la preuve que, malgré l’adversité qu’ils traversent, ils font encore partie de cette formidable équipe humaine de sept milliards de coéquipiers. Et cette participation est sans doute une lueur d’espoir pour un avenir qu’ils espèrent plus radieux.
Mohamed Arnaud Ouédraogo