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Côte d’Ivoire/Burkina : De nouveaux accords pour raviver la coopération
Publié le lundi 1 aout 2016  |  Sidwaya
Ouverture
© Autre presse par DR/Ministère CI
Ouverture de la Conférence au Sommet de la cinquième édition du Traité de d`Amitié et de Coopération (TAC) Ivoiro-Burkinabé
Les présidents Alassane Ouattara et Roch Marc Christian Kaboré ont présidé l`ouverture de la Conférence au Sommet de la cinquième édition du Traité de d`Amitié et de Coopération (TAC) Ivoiro-Burkinabé




La 5e conférence au sommet du Traité d’amitié et de coopération (TAC) entre la Côte d’Ivoire et le Burkina s’est tenue, le vendredi 29 juillet 2016 à Yamoussoukro. Les chefs d’Etat, Alassane Ouattara et Roch Marc Christian Kaboré, ont conclu de nouveaux accords bilatéraux dans divers domaines, en vue de raviver les liens séculaires entre les deux pays.

La Côte d’Ivoire et le Burkina, par la tenue de la 5e conférence au sommet du Traité d’amitié et de coopération (TAC), le vendredi 29 juillet 2016, à Yamoussoukro, viennent de montrer, que leurs liens de fraternité et de coopération résistent aux épreuves. Au terme de deux heures d’échanges, sur les terres natales du père de la nation ivoirienne, Félix Houphouët -Boigny, les présidents ivoirien, Alassane Ouattara et burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré ont pris des engagements pour l’avenir.
En effet, ils ont donné leur caution à 13 nouveaux accords, qui touchent à divers domaines, dont l’aviation civile, le tourisme et l’enseignement supérieur (Ndlr : voir la liste des accords en encadré). Ces accords, s’ajoutant à la trentaine établis depuis l’avènement du TAC en 2008, ont été signés à la clôture des travaux, par les ministres concernés des deux pays.
Au-delà des perspectives, à en croire les termes du communiqué final des travaux, livré par le ministre des Affaires étrangères de Côte d’Ivoire, Dr Albert Mabri Toikeuse, les deux chefs d’Etat ont évalué la mise en œuvre des projets communs prioritaires. Au sujet du projet de construction de l’autoroute Yamoussoukro-Ouagadougou, la conférence au sommet s’est félicitée de l’achèvement des études de faisabilité et des financements obtenus, notamment auprès de l’UEMOA.
Les présidents Ouattara et Kaboré ont exhorté les deux gouvernements à « poursuivre » la recherche des financements complémentaires, en vue de la réalisation de ce « projet vital» pour le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. Les deux chefs d’Etat ont également discuté du projet de réhabilitation du chemin de fer Abidjan-Ouagadougou-Kaya et son prolongement jusqu’à Tambao, et de la construction du terminal minéralier au Port d’Abidjan.
Ils ont encouragé les deux parties à continuer les négociations déjà entamées avec les groupes Bolloré et Pan Africain Minerals, en vue de procéder à la signature du projet de convention de concession révisée. Les dirigeants ivoirien et burkinabè ont par ailleurs noté avec satisfaction « le respect des engagements de la SITARAIL, au titre du traitement de la dette due aux Etats et aux sociétés de patrimoine ferroviaire ».
Concernant l’approvisionnement régulier du Burkina Faso en énergie électrique et en hydrocarbures par la Côte d’Ivoire, précise le communiqué, la partie bénéficiaire a renouvelé ses remerciements au voisin ivoirien pour sa décision d’augmenter la fourniture d’électricité de 70 à 80 mégawatts. Dans ce domaine, la conférence au sommet s’est réjouie de « l’adoption des termes de référence relatifs à l’élaboration du plan directeur commun de développement des capacités de production et de transport de l’électricité entre les deux Etats ».

L’affaire du mont Péko : Le même satisfecit a été exprimé par rapport aux

« progrès » réalisés dans le cadre de la création de la société de pipeline sur le tronçon Bouaké-Ferkéssédougou et Ferkéssédougou-Ouagadougou avec la participation de la Société nationale burkinabè d’hydrocarbures (SONABHY) au capital de ladite entité. La lutte contre le terrorisme a aussi meublé les échanges entre les deux présidents, qui ont loué la qualité de la coopération entretenue par les services de sécurité de leurs pays. Aussi ont-ils décidé de « mutualiser davantage » leurs efforts pour lutter « efficacement » contre les groupes terroristes.
Des questions d’actualité étaient également à l’ordre du jour du sommet, renseigne le communiqué final, notamment le déguerpissement des Burkinabè installés illégalement au mont Péko. Sur ce point, les présidents Ouattara et Kaboré ont instruit leurs ministres en charge de la question de procéder à la mise en place effective du comité mixte de coordination et de suivi post-évacuation.
Cette structure aura pour mission d’évaluer les besoins des personnes concernées (Ndlr : elles sont estimées à 30 000, dont 27 000 Burkinabè), de renforcer les services sociaux de base et de proposer toutes les mesures idoines pour favoriser le retour des compatriotes, qui le désirent. « Il s’agit de prendre en compte les questions humanitaires et autres, qui entourent cette affaire, sinon l’opération d’évacuation est déjà achevée », a confié le ministre des Affaires étrangères et des Burkinabè de l’extérieur, Alpha Barry.
Ce sont autant de centres d’intérêt qui ont retenu l’attention des deux chefs d’Etat. Tous ont d’ailleurs marqué leur satisfaction au regard des conclusions du sommet. « Le pari d’un sommet réussi a été tenu. Je salue l’ambiance fraternelle et le climat convivial qui ont prévalu tout au long des travaux. Je suis convaincu que notre partenariat sera maintenu et se renforcera », a dit le président Kaboré.
« A l’heure du bilan, nous pouvons affirmer que notre coopération se porte bien, et que les relations entre les deux pays sont remarquables », a, pour sa part, déclaré Alassane Ouattara. Tout en affichant leur « ferme » volonté de mettre en œuvre les accords, les présidents ivoirien et burkinabè ont invité les gouvernements à poursuivre les concertations, pour conduire les projets vers des résultats à même d’impacter positivement la vie des deux peuples.
Avant tout, ils ont magnifié, de part et d’autre, la coopération ivoiro-burkinabè, fondée sur la fraternité, l’histoire et la géographie. « Les liens multiples, qui existent entre la Côte d’Ivoire et le Burkina, sont solidement ancrés dans un patrimoine culturel et historique commun », a laissé entendre le président Kaboré.
Son pair de Côte d’Ivoire n’en pense pas moins, lui qui a vanté la qualité « exceptionnelle » des liens avec le Burkina Faso. La conviction des deux chefs d’Etat, à les entendre, est que le traité d’amitié a permis à la coopération ivoiro-burkinabè de s’ « intensifier », au fil des années, avec à la clé des « avancées remarquables ». Le 6e sommet du TAC se tiendra en juillet 2017 à Ouagadougou.

Kader Patrick KARANTAO
Envoyé spécial à Yamoussoukro

Liste des 13 accords signés


1. Accord de services aériens entre le Gouvernement du Burkina Faso et le Gouvernement de la République de Côte d’Ivoire

2. Accord de coopération entre la République de Côte d’Ivoire et le Burkina Faso relatif aux opérations de recherches et de sauvetage d’aéronefs

3. Accord de facilitation des activités de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Burkina Faso en République de Côte d’Ivoire ;

4. Mémorandum d’entente en matière d’enseignement technique et professionnel entre le Gouvernement du Burkina Faso et le Gouvernement de la République de Côte d’Ivoire

5. Accord de coopération entre l’Université Alassane OUATTARA (UAO) de la République de Côte d’Ivoire et le Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique (CNRST) du Burkina Faso

6. Accord de coopération entre l’Université Felix HOUPHOUET-BOIGNY de la République de Côte d’Ivoire et le Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique du Burkina Faso

7. Accord de Coopération entre le Centre National de la Recherche Agronomique de la République de Côte d’Ivoire et le Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique du Burkina Faso

8. Accord de Coopération entre la Société Ivoirienne de Technologie Tropicale et le Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique du Burkina Faso

9. Accord portant création, organisation et fonctionnement du Comité paritaire spécialisé de suivi du Protocole d’Accord de coopération dans le domaine du Tourisme

10. Accord portant création, organisation et fonctionnement du comité paritaire chargé du suivi de l’accord culturel et de l’évaluation des relations culturelles

11. Accord de programmes d’échanges culturels pour les années 2017, 2018 et 2019

12. Accord portant création, organisation et fonctionnement de la Commission Permanente de Suivi de l’Accord de Coopération en matière de lutte contre la traite transfrontalière des enfants.

13. Convention de concession révisée de l’exploitation des Transports ferroviaires

Source : documents 5e TAC

Réaction de quelques ministres burkinabè

Filiga Michel Sawadogo (Enseignement supérieur) : Les travaux ont été denses. Concernant mon département, il s’agit de permettre au CNRST de travailler avec les universités et centres de recherche ivoiriens sur des projets communs. Il s’agit surtout des projets financés par des partenaires extérieurs, qui nécessitent une mise en commun de moyens pour parvenir aux résultats attendus. De manière générale, les relations ivoiro-burkinabè, qui s’étaient un peu dégradées au cours des deux dernières années, viennent de reprendre leur cours normal, et les perspectives sont bonnes dans les différents domaines de coopération. Une relation d’amitié et de fraternité s’instaure aussi entre les deux chefs d’Etat.

Tahirou Barry (Culture, arts et tourisme) : Il y a eu deux accords culturels et un sur le tourisme. Tous ces accords visent à développer les échanges et la coopération culturelle et touristique entre les deux pays. Nous nous en réjouissons.

Alpha Omar Dissa (Energie et mines) : Au TAC 2014, il avait été prévu d’approvisionner le Burkina à hauteur de 70 à 80 mégawatts, ce qui est effectif depuis début 2016. Mais l’application de cet accord a créé d’autres problèmes, à savoir que nos infrastructures de transport ne sont pas adaptées à des puissances élevées. Ce qui fait, qu’on assiste fréquemment à des ruptures de la ligne d’interconnexion du côté du Burkina ou de la Côte d’Ivoire. Le TAC 5 a donc recommandé la mise en place d’une équipe mixte de surveillance, d’intervention et d’entretien du réseau d’interconnexion. De sorte à ce que la Côte d’Ivoire, qui dispose de matériels de haute technologie pouvant permettre de travailler sous tension, puisse aider le Burkina en cas de rupture. En cas de rupture en Côte d’Ivoire, les troupes burkinabè, généralement très réactives, pourront également se redéployer pour aider le voisin ivoirien. Ce qu’il faut noter, c’est la recherche des pannes. Quand il y a une panne, il faut la retrouver, sur une plusieurs centaines de kilomètres. Si nous mutualisons nos forces humaines et matérielles, en attendant de renforcer le réseau, nous pouvons parer les difficultés liées au transport de l’énergie.

Alpha Barry (Affaires étrangères): Nous n’avons pas abordé la question des mandats d’arrêt contre le président Compaoré et le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro. Nous observons une nette séparation des pouvoirs dans les deux pays. C’est une affaire de justice. Nous avons noté des problèmes entre les deux pays, et nous avons décidé de régler diplomatiquement les conséquences de cette affaire. Ce qui a conduit à la tenue du 5e TAC. Nous n’avons pas décidé de régler l’affaire elle-même diplomatiquement et la précision est importante.

Propos recueillis par K.P.K.
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