La vidéo fait le buzz sur Internet depuis le week-end. On y voit dans un aéroport à (Nairobi) un homme assener un violent coup de pied à une femme qui se tord de douleur. Cet homme n’est autre qu’Antoine Koffi Olomidé, la star de la rumba congolaise, et sa victime, une danseuse. Parti au Kenya pour un méga show qui était attendu, dès l’aéroport le Grand Mopao a donné à ses fans un avant-goût de ce dont il était capable, un avant-goût du spectacle mais radicalement opposé à ce qui était attendu : c’est un Rambo de la musique congolaise qui a fait étalage de ses talents de kick-boxer sur une malheureuse dame présentée comme l’une de ses anciennes danseuses. Mais on ne se lassera pas de se demander quelle mouche a bien pu piquer le maître du Ndombolo au point qu’il s’acharne sur une petite danseuse sans défense.
On en saura davantage à travers les multiples explications contradictoires livrées par le chanteur avant de présenter ses plates excuses : «Je suis un être humain. J’ai beau être, comme on dit, une superstar, je ne suis pas un superman. Ce qui s’est passé, je me le reproche infiniment». L’indélicat a nié les faits avant de plaider la provocation de sa victime, cette ex-danseuse du Grand Mopao ayant cherché à agresser les nouvelles recrues. Mais ce mea culpa, sur fond de palinodies, n’aura prospéré ni au Kenya ni en Zambie où il était attendu pour un autre concert, encore moins à Kin la belle. En effet, dès la diffusion de la vidéo sur les réseaux sociaux, une député kényane a exigé l’arrestation du chef du Quartier latin et la saisie de son passeport avant de renvoyer Koffi la terreur dans son pays d’origine. La vague d’indignations suscitées par l’affaire s’est fait ressentir à Lusaka où le concert qui était programmé a été purement et simplement annulé, au grand bonheur non seulement de la gent féminine, mais aussi de ses fans, médusés, qui n’en reviennent certainement toujours pas. Et ce n’est pas fini, car de retour au bercail, celui qui est habitué à être accueilli par une foule en délire n’a eu droit qu’à des quolibets et autres railleries. Et ce n’était toujours pas fini : hier matin, le Rambo de la musique congolaise a été arrêté puis déféré dans l’après-midi à la prison centrale de Makala près de la capitale congolaise. On apprend que Koffi a été écroué pour coups et blessures volontaires, trouble à l’ordre public, et d’autres infractions. Son arrestation fait suite à une plainte déposée par un député de la majorité. Quelle suite sera réservée à cette affaire ?
On attend de voir, même si on sait que Papa Plus risque six mois de prison ferme. Mais pour sûr, c’est l’image de la superstar qui est, une énième fois, sérieusement entachée. En effet, on se souvient que Koffi Olomidé avait déjà été condamné en août 2012 à Kinshasa à trois mois de prison avec sursis pour «coups et blessures volontaires» contre son producteur. On ne reviendra pas sur toutes les fois où il a été accusé, à tort ou à raison, de violences sexuelles sur ses danseuses. Le Quadra Koraman devra retenir, une bonne fois pour toutes, que lorsqu’on est une icône de son envergure, on doit constituer un exemple pour la jeunesse. Mais malheureusement, aussi bien certains musiciens que de grands sportifs, notamment du football, qui baignent dans des fortunes colossales et jouissent de notoriété planétaire ont fini par ne plus toucher terre et l’ivresse de la gloire finit par les égarer. On espère que cet énième haut fait d’arme aura la vertu d’assagir et de calmer les ardeurs de l’homme aux quatre kora, dont la morgue, l’impertinence et la propension à la violence le disputent à l’immense talent d’artiste.
(1) Dans le jargon des artistes coupé-décalé, le dégammage signifie aussi bien le fait de chanter faux que celui de déconner