Issus de plusieurs organes de presse, ils étaient une vingtaine de journalistes à avoir pris part à la visite d’immersion dans le Sahel, du 20 au 22 juillet 2016. Objectif : constater de visu les actions soutenues ou initiées par « Initiative de la grande muraille verte pour le Sahara et le Sahel » (IGMVSS). Un programme panafricain de développement intégré dont le but est de lutter, entre autres, contre la désertification et la dégradation des terres dans la zone sahélo-saharienne. Ainsi, de Pobé-Mengao à Dori, en passant par Cissé, Niamanga et Djibo, les Hommes de médias ont pu s’apercevoir que la régénération des terres et de la végétation, dans cette zone, est possible.
Un tapis herbacé homogène, parsemé de petits buissons et des buissons arbustives rivalisant souvent avec des arbustes qui, eux, talonnent la hauteur de quelques jeunes arbres. A cela il faut ajouter le chant des oiseaux, le bourdonnement des abeilles et le cri strident de certains insectes qui ne manquent pas de se poser sur vous. Ici, difficile de marcher suivant une ligne droite ou sans s’abaisser ; bref, sans se faufiler entre arbres, buissons, ou pour éviter d’être sur la trajectoire d’un insecte. Avec une telle ambiance, certains croiront qu’on est dans une biocénose propre aux zones soudaniennes ou même tropicales humides. Détrompez-vous, nous sommes bel et bien dans le Sahel, précisément dans le village de Cissé, localité à cheval entre la commune de Pobé-Mengao et celle de Djibo. Là-bas, sur une superficie de 3,06 hectares « Mise en défens », Abdoulaye Dicko, un éleveur, a, grâce à l’appui technique de l’association « Tipaalga », su faire la différence. Cet appui technique a consisté d’abord à mettre à sa disposition une clôture pour protéger sa parcelle préalablement dénudée et encroûtée comme la plupart des sols que l’on rencontre dans cette zone du Burkina, du fait des changements climatiques et de la pression démographique avec pour corolaire la coupe abusive du bois et l’exploitation abusive des terres. Après la clôture, « Tipaalga » a assisté Abdoulaye Dicko, sur sa portion de terre, en l’accompagnant à faire des scarifications et à réaliser des cordons pierreux, des demi-lunes et le zaï. Des techniques qui lui ont permis notamment de mieux gérer le ruissellement des eaux sur la parcelle et de les utiliser à bon escient. Une fois que l’écoulement de l’eau a été bien maîtrisé, Abdoulaye Dicko a mis dans les poquets de zaï et les creux laissés par les demi-lunes, du compost. Ce sont l’eau canalisée par ces techniques et la fumure organique apportée sur la parcelle protégée d’une grille et de haies vives qui ont été à la base de la régénérescence du couvert végétal. Les plantes mises en terre par la suite, comme l’Adansonia digitata et l’Acacia albida, ont contribué à parfaire la diversité des espèces dans cette « micro-végétation ».
« La terre n’est pas un don de nos parents, ce sont nos enfants qui nous la prêtent »
9 ans après, le processus de récupération de la parcelle ayant débuté en 2007, c’est une flore et une faune riches que nous avons trouvée le 21 juin dernier, lors de notre visite dans cette zone. Tout comme Abdoulaye Dicko, ils sont 176 autres ménages qui, depuis 2003, ont pu réaliser cette prouesse. En somme, ce sont 494 ha de terres dégradées qui ont été récupérées par les « Mises en défens », et environ 353 000 arbres protégés durablement, selon Serge Zoubga, chargé de programme de l’Association « Tipaalga ». Au-delà des « Mises en défens », travailler à reverdir le Sahel, c’est aussi, pour « Tipaalga », œuvrer à valoriser les produits forestiers non-ligneux et à diffuser les foyers améliorés. C’est aussi ce à quoi œuvre « Initiative de la grande muraille verte pour le Sahara et le Sahel » (IGMVSS) qui a entrepris de soutenir les associations et ONG comme « Tipaalga », afin de créer un « front vert » et à faire barrière à l’avancée du désert. Ce sont, entre autres, le Programme du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest en appui à l’initiative de la grande muraille verte (SAWAP), le projet « Action contre la désertification » (ACD) et le projet « Front local environnemental pour une union verte » (FLEUVE). Déjà, FLEUVE, sous l’impulsion de la commune de Dori, a réussi à sécuriser 400 ha. Un espace de récupération des terres et de reboisement appelé : « La forêt communale de Dori ». Là également, une gestion intégrée des ressources est prévue afin de faire profiter aux populations les bienfaits engendrés par les plantes. « La Grande Muraille verte, ce n’est donc pas une plantation systématique d’arbres mais un programme de développement intégré qui touche tous les secteurs afin d’améliorer les conditions de vie des populations », a soutenu Adama Doulkom, le coordinateur de la Grande muraille verte au Burkina. A l’entendre, c’est à travers l’appui des organisations qui œuvrent dans le domaine et la gestion transversale des questions environnementales que l’on pourra former ce « front vert » à l’épreuve des péripéties d’ordre climatique et démographique. Pour cela, a-t-il ajouté, l’IGMVSS, en plus d’appuyer les partenaires, veut aussi impulser une dynamique de synergie d’actions pour des interventions homogènes et à grandes échelles, afin de sauvegarder la nature car, comme le dit l’adage : « La terre n’est pas un don de nos parents, ce sont nos enfants qui nous la prêtent ».
Adama SIGUE