Placé cette année sous la thématique de l’industrialisation de l’Afrique, le Rebranding Africa Forum mobilisera à nouveau personnalités, experts, consultants et divers spécialistes du 13 au 15 octobre prochain à Bruxelles. Invité d’honneur de ce troisième rendez-vous, le Burkina Faso saisira la plateforme du RAF’2016 pour présenter le potentiel économique, social et culturel du pays à travers la vitalité de ses institutions.
Institutionnalisé depuis 2014 pour « poser plus concrètement les vrais problèmes de l’Afrique, dans une posture à la fois pédagogique et prospective », selon le mot de son initiateur, Thierry Hot, le Rebranding Africa Forum (RAF) tiendra son troisième rendez-vous annuel en octobre prochain dans la capitale européenne. Un rendez-vous majeur, qui ambitionne de mener des réflexions pertinentes et d’esquisser des solutions susceptibles de conduire à « relever le défi de l’industrialisation de l’Afrique ». A travers ce thème, le RAF s’inscrit résolument dans une réflexion globale qui appelle à « mobiliser l’engagement de la communauté internationale » en faveur de l’industrialisation du continent.
En effet, est-il besoin de le rappeler, le Programme de développement durable à l’horizon 2030, adopté le 25 septembre 2015 par les Etats membres de l’Organisation des Nations unies, indique expressément qu’« une industrialisation inclusive et durable contribuerait pour beaucoup à aider l’Afrique à surmonter ses graves problèmes de développement ». Et c’est pourquoi l’objectif 9 de l’agenda élaboré à cet effet — « Les 17 objectifs de développement » — appelle à « bâtir une infrastructure résiliente, promouvoir une industrialisation durable qui profite à tous et encourager l’innovation ». Ainsi, en tant que cadre par excellence où se pensent désormais les transformations majeures dont l’Afrique a besoin pour son développement véritable, le RAF s’approprie par là même une importante préoccupation continentale pour la disséquer à l’aune d’un questionnement universel.
CONCERTATION
De fait, en appelant, un mois avant la célébration de la Journée pour l’industrialisation de l’Afrique, le 20 novembre prochain, à une large concertation sur le défi de l’industrialisation de notre continent, le Rebranding Africa Forum invite aussi à une réflexion plus profonde sur les faiblesses de cet important socle de son développement. Soulignant ainsi avec force la belle exhortation du Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, qui a affirmé l’année dernière que « l’Afrique doit investir dans la formation et l’éducation des femmes et des jeunes pour s’industrialiser, développer son secteur privé et parvenir au développement durable ».
Cette année, la plateforme du RAF permettra donc aux experts, consultants et autres personnes ressources de dresser, sans complaisance aucune, l’état des lieux de l’industrialisation de l’Afrique, de poser le diagnostic des maux qui la minent et d’indiquer une thérapie pertinente, susceptible de redonner du tonus à cet important volet de son développement. On pourrait donc dire qu’en se plaçant aussi généreusement au cœur de cette problématique, le Rebranding Africa Forum, dont la vocation est également de soigner l’image du continent, tient à projeter les consciences et l’intelligentsia africaines sur le miroir de ses réalités.
Il y a lieu de rappeler en effet, à la suite des Nations unies, que « si les économies africaines figurent parmi celles dont la croissance est la plus rapide au monde, alors que le commerce entre régions ne représente que 10% du commerce africain, bon nombre de contraintes freinent l’expansion commerciale en Afrique, dont une infrastructure vieillissante, de faibles capacités de production, un financement limité en matière d’investissements, ainsi que des coûts de transaction élevés ». Aussi, est-il indispensable de construire, ici et maintenant, une synergie d’actions pour sortir de la fatalité. C’est du reste ce que réaffirme l’initiateur du forum, lorsqu’il indique que le RAF voudrait s’appuyer à chaque fois sur « une pluralité de regards pertinents pour dégager, dans l’enrichissement des expériences de tous, des stratégies efficaces pour changer l’image du continent et faire de petits pas dans la bonne direction ».
Les participants au troisième du RAF auront donc à cœur de prendre à leur compte le constat plein de bon sens de l’institution onusienne : « L’industrie crée des emplois, accroît les revenus, augmente la valeur des produits agricoles, favorise le progrès technologique, ouvre des perspectives économiques aux femmes et produit des recettes qui permettent aux gouvernements de réduire et d’éliminer la pauvreté. » Ce faisant, ils sauront magnifier l’élégance des propositions afin que ce rendez-vous annuel de Bruxelles balise davantage les sillons de la renaissance et du développement du continent.
NOUVELLE ETAPE
Après avoir esquissé les bases d’une véritable émergence en Afrique au cours de sa première édition tenue en octobre 2014, et abordé avec pertinence les forces et les faiblesses des investissements sur le continent en 2015, la troisième édition du Rebranding Africa Forum se veut être une nouvelle étape dans le renforcement de la maturité économique et stratégique de l’Afrique. Un développement qui passe aussi par la reconnaissance du génie africain à travers des innovations technologiques et que récompense, depuis 2015, le prix de l’innovation du Rebranding Africa Forum.
Pour la Sénégalaise Awa Caba, lauréate de l’Innovation Award, cette troisième édition du RAF devrait amener les investisseurs, entrepreneurs, experts du secteur à « faire ressortir des idées concrètes sur les possibilités de mettre en place des industries africaines pour les Africains et par les Africains afin d’absorber cette masse de la population jeune à la recherche d’emplois, et de pouvoir exploiter nos ressources naturelles ».
Le moins que l’on puisse dire en tout cas, c’est que ce forum a démontré, en seulement deux éditions, sa grande capacité à favoriser des rencontres de haut niveau et des débats pertinents entre décideurs politiques et économiques, experts et consultants chevronnés sur les problématiques de développement du continent. Le RAF a également su s’ériger en véritable creuset d’échanges entre patrons d’institutions du Sud et du Nord, confortant ainsi son label de cadre de référence où se pensent les transformations dont a besoin l’Afrique pour relever le défi d’une croissance inclusive.
Par Serge Mathias Tomondji