Les conseillers municipaux de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) et du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) de la commune rurale de Saponé ont décidé de ne plus siéger au Conseil municipal jusqu’à nouvel ordre. Par cet acte de boycott les 39 conseillers (33 de l’UPC et 6 du CDP) veulent dénoncer le « Tuk Gilli » des conseillers du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) qui ont raflé la totalité des neuf postes du bureau dudit conseil. Face à la presse ce lundi 25 juillet 2016 à Ouagadougou, les représentants des frondeurs ont expliqué les raisons d’un tel choix.
A l’issue des élections municipales du 22 mai dernier, le MPP est sorti victorieux en obtenant 41 conseillers contre 33 pour l’UPC et 6 pour le CDP. Selon les explications de Kouliga Nikièma, secrétaire général de la sous-section UPC de Saponé, en faveur de l’élection de l’exécutif communal, des personnes ressources de la commune après concertation ont approché les partis politiques afin de leur demander de s’organiser pour une gestion consensuelle de la commune.
« Etant donné qu’aucun parti ne jouit d’une majorité écrasante sur les autres, l’idée acceptée par l’UPC et le CDP d’une part et le MPP de l’autre, a été de dire que chaque camp allait briguer le poste de maire, mais une fois le maire élu, une suspension de séance serait demandée pour que les deux camps se concertent pour former le bureau de la mairie proportionnellement aux forces en présence. Le candidat du MPP s’est rendu chez celui de l’UPC-CDP pour sceller cette entente. A Saponé, on était alors soulagé, convaincu que cette fois-ci la commune serait gérée dans la paix », a relaté Kouliga Nikiéma.
Le 19 juin 2016, jour des votes, trois tours de scrutin ont été nécessaires pour élire le maire. A égalité parfaite 39 contre 39, c’est le candidat du MPP qui a été lu car selon les dispositions du code électoral, en cas d’égalité parfaite c’est le candidat le plus âgé qui doit être élu. En effet, celui du MPP étant de trois mois l’ainé de celui de l’UPC-CDP a donc été élu.
Pour M. Nikièma, conformément à l’accord verbal, la séance devrait être suspendue afin que les parties en lice se concertent pour la formation consensuelle des autres membres du bureau du conseil municipal. Ce qui ne fut pas le cas à l’en croire : « Au lieu de mettre en œuvre le consensus voulu par les populations à la base et accepté par les partis, les conseillers du MPP ont rapidement relancé l’élection du 1er adjoint au maire qu’ils ont remporté à 41 voix contre 39. (…) Des discussions interminables se sont engagées mais en définitive, les conseillers de l’opposition n’ont pas eu d’autre choix que de quitter la salle et de laisser les conseillers MPP terminer leur forfaiture ».
Se sentant trahis, les conseillers de l’opposition en quittant la salle ont de ce fait permis au MPP de ravir les neuf postes en jeu. Selon M. Nikiéma, A la suite de « cette forfaiture », les femmes de la commune ont écrit à la Haut commissaire de la province du Bazèga pour souligner le fait qu’aucun des trois individus dirigeant la mairie ne réside dans la commune. Aussi, elles ont regretté que le consensus qui avait été trouvé ait été « bafoué » par le MPP. Notons qu’une partie de la population était sortie pour empêcher l’installation du maire.
Face à tous cela, les conseillers UPC-CDP ont donc décidé de ne plus siéger au conseil municipal car pour eux, il n’est pas judicieux de siéger avec des personnes qui n’ont pas respecté leur parole et qui sont contestées par les populations.Mais malgré tout, M. Nikièma indiquera que « la porte reste ouverte à toute recherche de solution pour éviter à la commune de continuer de végéter comme elle le fait depuis le début de la décentralisation intégrale».
La solution préconisée par Kouliga Nikièma et ses camarades est que les élus locaux du MPP puissent les approcher afin qu’ensemble, ils puissent procéder à une recomposition du bureau. Et cette recomposition, condition sine qua non de leur retour dans le conseil municipal, passe par une démission des conseillers MPP de certains postes au profit des conseillers de l’opposition.« La loi permet de le faire aujourd’hui et nous voulons donc qu’ils le fassent. Tant que cela n’est pas fait, nous n’allons pas siéger » dixit Kouliga Nikièma.
Dimitri Kaboré