La coordination nationale Initiative de la grande muraille verte pour le Sahara et le Sahel (IGMVSS) a organisé, du 20 au 23 juillet 2016, une caravane de presse dans le Sahel. Cette tournée qui a concerné les provinces du Soum et du Seno, a permis aux hommes de médias, de visiter des réalisations de pratiques durables d’utilisation des terres, pour renforcer la résilience locale à la dégradation des sols et au changement climatique.
Dans les provinces du Soum (Djibo) et du Seno (Dori), les actions visant à réduire les risques climatiques et les désastres, afin d’augmenter la production alimentaire sont une réalité. Le constat a été fait par une vingtaine de journalistes dans ces localités, au cours d’une tournée initiée par la coordination nationale de l’Initiative de la grande muraille verte pour le Sahara et le Sahel (IGMVSS), du 20 au 23 juillet 2016. C’est sous une pluie diluvienne que les caravaniers ont quitté Ouagadougou le 20 juillet, aux environs de 11h pour Djibo, en passant par Ouahigouya, la région du Nord. Le lendemain 21 juillet, ils ont eu droit à une brève présentation du coordonnateur national de l’IGMVSS, Adama Doulkoum et du chargé de programme à Djibo, Serge Zoubga, sur les objectifs de ‘’Tiipaalga’’ et de l’IGMVSS, avant de se rendre dans les villages de Cissé et de Ouré, communes de Pobé Mengao. En ces lieux, les hommes de medias ont visité des sites, où plusieurs centaines d’hectares de terres dégradées ont été récupérés au profit des agriculteurs et des éleveurs. ‘’Tiipaalga’’, ce nouvel arbre en français et New Tree en anglais, a contribué à la mise en œuvre de la grande muraille verte à Djibo. A Cissé, Micaïlou Dicko possède une parcelle de Mise en défens (MED) de 3,1 ha, protégée à l’aide de grillage, empêchant son accès aux animaux. Il l’a soustraite de toute forme d’exploitation pendant un temps donné, pour permettre aux ressources perdues de se régénérer. Ce n’est qu’en 2012 que M. Dicko a commencé à l’exploiter. Depuis quatre ans, il est en train de restaurer la terre en plantant des pieds de baobab, de jujubier, de manguiers et d’autres espèces adaptées au sol et au climat.
‘’Tiipaalga’’, une expérience réussie
Avec ‘’Tiipaalga’’, rien ne se perd. En effet, le fourrage du site de M. Dicko est vendu et consommé par les animaux. Leur bouse est par la suite récupérée pour fertiliser les champs. Les alentours de la parcelle sont exploités par les femmes, qui sèment entre autres, du gombo, du maïs, et du niébé. A côté, il y a la technique de la demi-lune, ayant la forme d’une cuvette et qui est utilisée pour capter l’eau, afin de l’obliger à s’infiltrer et à alimenter la nappe phréatique. « Il y a la désertification au Sahel non pas parce qu’il ne pleut pas, mais tout simplement parce que l’eau n’arrive pas à pénétrer suffisamment dans nos sols.
Il faut casser la croûte pour qu’elle puisse s’infiltrer et c’est cette technologie que nous développons dans les MED», a clarifié le chargé de programme, Serge Zoubga. Le producteur Micaïlou Dicko, d’un air gai, a exprimé toute sa satisfaction à travers l’expérience de « Tiipaalga » : « Dans les années antérieures, nos femmes allaient dans la brousse pour couper du bois. Nous les hommes, parcourions la même distance à la recherche d’herbes pour nos animaux. Mais de nos jours, avec la MED, nous vivons mieux », s’est-il réjoui. A quelques kilomètres du site de M. Micaïlou, se situe celui de Abdoulaye Dicko, plus verdoyant et luxuriant. Une Mise en défens mûre qu’il exploite depuis 2007. En plus des mêmes espèces plantées chez son voisin Micaïlou, Abdoulaye Dicko fait de l’apiculture dans sa forêt régénérée. Il a dit tirer beaucoup de bénéfices de cette clôture et a affirmé collecter par an, plus de 300 bottes d’herbes. Cap a été mis ensuite sur le village de Ouré, où un site de récupération des terres de 100 ha avec la charrue Delphino, réalisée par le projet Action contre la désertification (ACD), a été inspecté par les caravaniers. Par ailleurs, Les techniques d’économie d’eau pour restaurer les parties dégradées et encroûtées à travers les demi-lunes, les MED et la charrue Delphino ne sont pas les seules utilisées à Djibo. A celles-ci s’ajoutent des pratiques, tels le zaï, les cordons pierreux, la Régénération naturelle assistée (RNA) et les Foyers trois pierres améliorés (F3PA) qui permettent la restauration du couvert végétal. L’IGMVSS a, en effet, pour objectifs entre autres, la promotion des techniques de récupération, de gestion et d’exploitation durables des ressources naturelles, la valorisation des arbres à travers la cueillette, la transformation et la commercialisation des produits forestiers. Elle s’attelle à montrer qu’au Burkina Faso, le Sahel n’est pas forcément un désert car, il peut être reverdi, si toutefois les populations sub-sahariennes, qui dépendent de la terre pour leur survie, osent croire que le changement est possible.
Afsétou SAWADOGO