Le Président du Faso S.E.M. Roch Marc Christian KABORE a regagné Ouagadougou le 19 juillet 2016 après avoir participé au 27e sommet des chefs d’Etat et de gouvernement tenue à Kigali au Rwanda du 17 au 18 juillet 2016. A son retour de Kigali, il a dressé le bilan de son séjour dans la capitale rwandaise.
Selon le chef de l’Etat, cette 27e conférence des chefs d’Etat de l’Union africaine a pris un certain nombre de décisions. « Comme vous le savez le thème de cette conférence était placé sous le signe que 2016 était considérée comme l’année des droits de l’homme avec un accent particulier sur les droits des femmes. Ce thème qui a été discuté a permis de reprendre des engagements au niveau de tous les pays, en sorte de faire progresser les droits de l’homme, en particulier le droit de la femme dans les différents pays africains. Evidemment des insuffisances subsistent encore et des efforts restent à faire dans ce domaine. Deuxièmement, le budget de l’Union africaine était financé à 25% par les Etats et à 75% par les partenaires au développement. La décision a été prise que désormais 0,2% des importations des pays seront mises à la disposition de l’Union africaine, nous permettant ainsi de couvrir les frais de fonctionnement, le budget programme et de toutes les actions de maintien de la paix que nous devons entreprendre. Cela veut dire que nous allons progressivement acquérir notre indépendance en matière de financement. Ce qui était préoccupant de toujours compter sur les autres pour faire fonctionner l’Union africaine composée d’Etats indépendants », a déclaré le Président du Faso.
Les chefs d’Etat et de gouvernement présents à Kigali ont pour la première fois officialisé le passeport africain. « Nous avons également pour la première fois présenté le passeport africain qui doit être opérationnel d’ici 2018. De ce point de vue, le Président de la conférence et le Président KAGAME ont reçu des mains de la présidente de la Commission, les premiers passeports qui seront délivrés dans un premier temps aux chefs d’Etat, aux ministres des Affaires étrangères et aux Premiers ministres des différents pays. Il reste à faire un travail pour que ce passeport soit reconnu à travers le monde », a indiqué le Président du Faso.
Le sommet de Kigali a aussi décidé de mettre en place une zone de libre-échange continental. « Nous avons également décidé qu’il était important de mettre en place une zone de libre-échange continental, parce que cela devient nécessaire d’autant plus que le constat général, c’est que le commerce entre les pays africains n’est pas développé. Il faut travailler à développer le commerce intra africain. Et deuxièmement, il faut se présenter au plan international dans les négociations avec une voix unique de l’Afrique », a expliqué le Président du Faso.
« Nous avons aussi décidé de créer un fonds de lutte contre le terrorisme et contre l’extrémisme religieux. Ce fonds sera alimenté de façon volontaire par les Etats. Une autre question qui a été une question importante, c’est celle relative à la CPI. Parce qu’à la 26e conférence, les Etats avaient pris une décision qui était de définir une procédure de retrait collectif de l’Union africaine de la CPI. Evidemment le Burkina Faso, avec un certain nombre de pays, au nombre de six, avons émis une réserve qui était qu’on tienne compte de la procédure et de la législation de chaque pays pour permettre d’entreprendre des discussions qui permettent d’entériner ou pas cette décision de l’Union africaine. Mais en tout état de cause, il a été demandé à chaque pays d’y réfléchir et nous allons nous pencher sur cette question qui est importante parce que l’Union africaine considère que la Cour africaine de justice, à travers le procès de Hissène HABRE, a montré ses capacités à juger des anciens chefs d’Etat dans une certaine transparence », a déclaré le Président KABORE.
Les questions de sécurité et de paix ont été également abordées. « Sur la question de la sécurité et de la paix en Afrique, nous avons eu à discuter de quatre points essentiels : la situation au Burundi, en Libye, la lutte contre le terrorisme et la situation au sud Soudan. Sur l’ensemble de ces questions, nous avons réaffirmé la nécessité qu’il y ait un dialogue inclusif au niveau de ces pays pour permettre de ramener la paix et la cohésion, réengager l’Union africaine à participer au côté du peuple libyen à trouver des solutions, réengager également l’Union africaine à demander aux deux parties au Soudan du Sud à respecter le cesser le feu et à engager des discussions visant à un retour à la paix dans cette zone. Au niveau du Burundi, on a insisté sur le dialogue inclusif et sur l’engagement qui a été pris par le gouvernement du Burundi d’accepter les deux cent observateurs qui devaient venir de l’Union africaine sur les questions des droits de l’homme. Malheureusement ni sur les visas, ni sur l’engagement de recevoir ces personnes, rien n’a été fait. Et nous avons condamné tous les attentats ciblés qui se déroulent dans ce pays. C’est pour dire que les discussions ont été assez intéressantes », a fait savoir le chef de l’Etat.
Pour le Président du Faso, « ce genre de réunions, c’est toujours l’occasion de rencontrer un certain nombre de chefs d’Etat pour discuter de coopération et de consolidation des relations entre les pays. Je dois dire que le Burkina Faso a participé et a donné sa contribution à l’ensemble de ces discussions qui se sont menées au cours de cette session ».
« C’était le moment également de procéder au renouvellement de la Commission de l’Union africaine. Il y avait trois candidats pour la présidence de la Commission. Après de multiples tours aucun des candidats n’a réussi à obtenir les deux tiers. Ce qui a amené la conférence à suspendre l’élection, à renouveler le mandat actuel jusqu’au mois de janvier, à rouvrir les candidatures à d’autres candidats y compris les anciens et l’élection se fera au mois de janvier prochain à la prochaine session qui aura lieu en Ethiopie. Au sujet de ce report, nous avons estimé qu’il était important d’élargir le champ des candidatures afin de faire des choix qui permettent d’entreprendre des réformes au niveau de l’Union africaine. Nous avons également eu une audience avec le Président KAGAME. Il s’est agi de discuter de la nécessité de renforcer la coopération entre les deux pays. Nous avons instruit nos ministres des Affaires étrangères pour travailler dans ce sens. Il s’est agi aussi pour nous d’avoir plus d’informations au niveau du Burundi et voir dans quelle mesure, contribuer à la recherche de la paix dans ce pays. Nous avons aussi confié au niveau de l’Union africaine, la mission au Président du Rwanda de proposer des réformes nécessaires à une redynamisation de l’UA. Il nous soumettra les propositions d’ici janvier », a conclu le chef de l’Etat.