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Dakiri Sawadogo, leader de jeunesse:" L’incivisme grandissant est notre responsabilité à tous"
Publié le samedi 16 juillet 2016  |  Sidwaya




L’employabilité des jeunes, l’incivisme grandissant au Burkina Faso, l’affaire des Kogl-wéogo. Ce sont autant de questions qu’a abordées Dakiri Sawadogo, leader de jeunesse et secrétaire exécutif du Réseau des organisations de jeunes leaders africains des Nations unies pour l'atteinte des objectifs du développement durable. Il est aussi revenu sur ses participations à différentes rencontres internationales.

Sidwaya (S) : Au Burkina Faso, l’employabilité des jeunes est une épine au pied de l’Etat. En tant leader de jeunesse, que préconisez-vous comme solution ?

Dakiri Sawadogo (DS) : Pour moi, le problème se situe à deux niveaux. Il faut d’abord considérer la responsabilité des jeunes eux-mêmes. Il faut que le jeune lui-même veuille faire quelque chose. Il faut qu’il ait en lui l’esprit d’entreprenariat et d’innovation. Ensuite, viendraient l’appui et l’accompagnement nécessaires. Aujourd’hui, la plupart des jeunes ne pensent qu’à la fonction publique. Quand vous prenez l’histoire des grandes nations, ce sont les initiatives privées et la créativité qui ont construit ces pays. Prenons l’exemple des Etats-Unis d’Amérique. Leur histoire tourne autour des personnages comme Vanderbilt, Rockefeller. Ce sont autant de personnages qui étaient dans des classes sociales peu enviables, mais qui ont réussi à porter leurs visions. Je pense que de nos jours, l’Etat burkinabè fait beaucoup d’efforts. Toutefois, le secteur de l’entrepreneuriat social est un peu négligé. Vous n’ignorez pas que c’est un secteur qui rassemble beaucoup de jeunes. Même s’il ne présente pas tous les aspects structurels de création d’emplois ou d’initiatives certes, il prépare les jeunes à s’autonomiser. Je crois que si l’Etat porte un regard assez constructif à ce secteur, il n’y aura pas de raison qu’on ne puisse pas résoudre le problème de l’emploi. Il y a des initiatives louables. C’est le cas du Programme spécial de création d’emploi qui est une bonne initiative. Ce programme auquel des jeunes peuvent s’inscrire pour des actions durables et pérennes.

S : Que faut-il, selon vous, pour résorber l’incivisme grandissant qui prend de l’ampleur au Burkina Faso ?

D.S : L’incivisme grandissant est notre responsabilité à tous. Lorsque, je prends le secteur scolaire, nous avons eu la chance dans notre promotion d’avoir plusieurs activités ; que ce soit sur le plan culturel, sportif, social. Au-delà de tous ces aspects, nous avons eu ce qu’on appelle l’éducation civique qui nous a amené à un attachement patriotique. Aujourd’hui dans les écoles, je ne vois pas trop ce genre d’initiatives. Il y a aussi le fait que beaucoup de programmes des médias, la télévision notamment, ne sont pas convenables. Cela n’explique pas tout, dans la mesure où je me rappelle que lorsque nous étions petits, les mêmes télénovelas passaient. On ne les manquait pas, mais cela ne nous a pas enlevé cet esprit d’appartenance à une famille, à une patrie. Ce qui manque le plus aujourd’hui aux gens, c’est le temps. Il faut donc travailler à avoir le temps pour que l’activité sociale puisse prendre le relais de l’activité scolaire et formelle. Je crois qu’il faut donner le cadre et l’espace nécessaires à ces jeunes pour qu’ils puissent maîtriser toutes ces questions. Un jeune qui passe dans un secteur associatif est beaucoup plus préparé à la vie active qu’un jeune qui a uniquement un cursus scolaire, qui ne s’est pas frotté à la vie en groupe ou en communauté. C’est ensemble que nous allons ramener le civisme.

S : L’actualité brulante de l’heure reste l’affaire des Kogl-wéogo. Quelle est votre lecture de la gestion de ces mouvements d’auto-défense ?

D.S : Selon mes sources d’informations, ce sont des groupes d’auto-défense des populations qui existaient depuis longtemps. De mon point de vue, il faut un dialogue constructif aussi bien avec ces Kogl-wéogo qu’avec le gouvernement. Que chacun comprenne que l’Etat a la responsabilité de la sécurité des biens et des personnes au niveau national. Nous avons bonne foi que ces groupes d’auto-défense aiment bien leur pays, et que les gouvernants ont une forte envie de faire du Burkina un pays assez stable, porteur d’espoir. Tout cela réunit, nous nous disons que le dialogue va prévaloir.

S : Vous avez participé à la célébration du 10e anniversaire de la Charte africaine de la jeunesse. Que retenez-vous de cette rencontre ?

D.S : L’Union africaine a estimé qu’il est grand temps d’utiliser de façon plus rationnelle et dynamique les institutions, les organisations et les associations de jeunesse, dans l’application de la Charte africaine de jeunesse. En la matière, il reste encore beaucoup, dans la mesure où une dizaine de pays n’ont pas encore ratifié la Charte africaine de la jeunesse. Quand on sait le nombre important des jeunes, cela est inconcevable. A ce 10e anniversaire, nous avons réfléchi avec les décideurs sur la meilleure façon d’appliquer dans son ensemble et au niveau de tous les pays, la Charte africaine de la jeunesse mais aussi le captage du dividende démographique. La rencontre nous a permis de comprendre toute la dimension du travail qui reste à faire pour que la Charte africaine de la jeunesse soit appliquée. Aussi, Il y a eu des décisions importantes au profit de la jeunesse. Il y a notamment une feuille de route qui doit nécessairement amener les plus hauts responsables africains à faire de la question de la jeunesse une priorité parmi les priorités. Il a également été adopté une déclaration dite de Banjul. Cette déclaration, dans son application, devra permettre aux jeunes du continent de jouir des fruits de la croissance, mais aussi de participer de façon active au développement. Si tous ces aspects sont pris en compte et mis en application, il n’y a pas de raison que l’on ne trouve pas de solutions aux préoccupations des jeunes qui sont liées à l’emploi, à l’éducation à la santé, à la formation professionnelle dans un délai assez raisonnable et que les générations futures puissent en profiter.

S : En quoi cette rencontre a été bénéfique pour vous ?

D.S : Elle a été bénéfique pour nous à plusieurs niveaux. D’abord, elle nous a permis de comprendre la nécessité de mener une campagne spécifique pour que les pays n’ayant pas encore ratifié la Charte africaine de la jeunesse, puissent le faire. Heureusement que le Burkina Faso fait partie des pays qui ont fini toutes les étapes de ratification de la Charte africaine de la jeunesse. Le deuxième point est que nous devons travailler pour que la signature et la ratification soient accompagnées par des programmes et des projets viables sur le terrain et par des activités de promotion et d’autopromotion de la jeunesse. Nous sommes heureux aussi de constater que le dividende démographique s’invite sur la table des chefs d’Etats, qui, de nos jours, prennent conscience que cela est une nécessité. C’est d’ailleurs à Banjul qu’une feuille de route a été déterminée. A un troisième niveau, ce que nous avions pris, c’est que l’élaboration et la mise en œuvre des programmes de développement doivent prendre en compte les questions de population, de santé sexuelle et de la reproduction, d’éducation, d’employabilité, etc. Si c’est bien réfléchi, bien actionné, ça peut aider l’Afrique à résoudre beaucoup de problèmes.

S : Avant Banjul, vous étiez à Libreville pour le 5e sommet panafricain des jeunes leaders. De quoi a-t-il été question?

D.S : Le 5e sommet panafricain des jeunes leaders constitue un point de départ et d’ancrage de la participation des jeunes dans la mise en œuvre des ODD. Au-delà, c’est aussi un point de départ pour nous de voir comment les jeunes peuvent contribuer à l’éradication du VIH/Sida et à l’atteinte de la stratégie 3.90 de l’ONU Sida. Nous avons mené la réflexion sur la meilleure façon dont la jeunesse africaine pourrait contribuer à la réalisation des ODD. Pour les OMD, les jeunes ont été impliqués quatre ans après. Ce qui n’a pas été le cas pour les ODD où les jeunes ont été associés à la réflexion. Ils ont participé à tout le processus. Il y a des avancées. Tout cela a été une lutte de longue haleine commencée depuis 2004. Ce qui nous a permis aujourd’hui de travailler au positionnement des jeunes et de leurs préoccupations. Dans la capitale gabonaise, nous avons adopté une déclaration et sollicité le président de la république du Gabon comme porte-parole de la jeunesse africaine pour défendre cette déclaration. Le Burkina y a fait une participation plus que remarquable. Notre ministre de la jeunesse s’est déplacé avec son équipe et a participé de bout en bout aux débats. Il a renouvelé l’engagement du Burkina Faso à œuvrer pour que le siège africain de cette institution, qui est à Ouagadougou, soit véritablement opérationnel et viable. Le Burkina a mis sa touche et a démontré son leadership sous l’impulsion de notre mentor et président mondial Djibril Diallo. Il n’a ménagé aucun effort pour que la jeunesse puisse s’exprimer.

S : Vous étiez tout récemment aux Etats Unis pour une autre rencontre. Etes-vous revenu avec des projets porteurs pour la jeunesse burkinabè ?

D.S : Permettez-moi de rappeler que le chef de l’Etat du Burkina Faso a pris part, au même moment, à une rencontre sur l’éradication du VIH/Sida. En venant à New York, il a permis à cinq membres de la société civile de venir avec lui dans l’avion présidentiel. Ce qui est l’une des recommandations africaines de la Charte de la jeunesse. Au niveau des Nations unies ou de l’Union africaine, il est demandé et souhaité que les chefs d’Etats puissent de plus en plus se déplacer avec des jeunes pour qu’ils soient imprégnés des grandes questions. Deuxième élément important est que le chef de l’Etat a pu participer aux échanges. Il a réaffirmé ainsi le leadership du Burkina Faso dans la lutte contre le VIH/Sida. Mais au-delà, son épouse, qui était aussi présente a participé avec une communication assez soutenue, à la session des premières dames. Tout cela donne une visibilité au Burkina Faso. Du coup, vous conviendrez avec moi qu’il est plus facile d’aborder certaines questions de négociations de projets. Parce qu’au-delà de la rencontre de haut niveau qui fait partie de l’agenda du 5e sommet panafricain, nous avons aussi eu d’autres rencontres satellites. Notamment l’Assemblée générale du Réseau mondial des maires. Au cours de cette assemblée, nous avons déterminé un certain nombre de préoccupations. Et à travers cette assemblée, il est prévu l’envoi d’hommes d’affaires et opérateurs économiques américains en Afrique. Le Burkina Faso est disposé à accueillir cette délégation d’hommes d’affaires et d’opérateurs économiques. Ils seront accompagnés par l’association des journalistes américains.


Interview réalisée par Yves OUEDRAOGO
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