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Art et Culture

Floby, artiste-musicien : "Je ne serai jamais la cause du malheur de quelqu’un"
Publié le vendredi 1 juillet 2016  |  Sidwaya
Floby,
© Autre presse par DR
Floby, artiste-musicien burkinabè




Coqueluche de la musique, Floby fête ses 10 ans de carrière musicale en offrant des concerts gratuits à ses fans. Dans cet entretien, il revient sur son parcours à succès…

Sidwaya(S.) : Tu fêtes tes 10 ans de carrière. Que signifie ces années de succès pour toi?

Floby(F.) : Dix ans de carrière musicale, ce n’est qu’un début pour moi. Je ne pensais pas atteindre cette durée. Alors il était important de faire une pause pour remercier ceux qui m’ont soutenu parce qu’on ne peut pas réussir seul.

S. : Les concerts relatifs à cet anniversaire sont gratuits. Pourquoi ?

F. : C’est ma façon de dire merci. Ce n’est pas à tout moment qu’il faut penser à l’argent. Il faut souvent dire merci. Ce concept est fait pour remercier à tous ceux qui ont travaillé avec moi pendant ces dix années. Ils ont donné un coup de pouce à ma carrière.

S. : A qui penses-tu particulièrement parmi les artistes-musiciens burkinabè ?

F. : A Yoni (Silence). Il m’a montré la voie. C’est lui qui a convaincu Ismael Zongo dit Papus de m’acheter une guitare. Puis il m’a enseigné les premières notes de la guitare. Il m’a tout donné. Je pense aussi à frère Malkhom. Pour mon premier album, je voulais faire un duo avec Yeleen qui était mon idôle quand j’étais au village. Malheureusement, le groupe n’est pas venu le jour de l’enregistrement dû empêchement. Papus a appelé Malkhom qui vient poser sa voix sans chercher à me connaître.

S. : Avec ton succès, penses-tu à relancer la carrière musicale de Yoni ?

F. : J’ai un plan que je ne dévoilerai pas pour le moment. Pour moi, Yoni n’a pas chuté. Il demeure toujours Yoni. Même si je reconnais qu’il manque quelque chose dans son encadrement. Aucun artiste de notre génération ne peut égaler Yoni dans les compositions en mooré. In’ch Allah, Yoni étonnera le Burkina Faso.

S. : Quels sont les moments qui t’ont marqué?

F. : Beaucoup de choses m’ont marqué pendant ces dix années. Mes fans du Burkina Faso demeureront les premiers dans mon cœur. D’abord le 30 juin 2006 a été un jour inoubliable. C’était la sortie de mon premier album. La sortie de mon troisième album au stade du 4-Août m’a aussi marqué, à savoir le 30 juin 2012.

S. : Mais qu’est-ce qui t’empêche de t’imposer sur la scène internationale ?

F. : Ce sont les moyens financiers qui manquent pour faire la promotion. En ce moment la musique exige beaucoup de moyens. Sur le plan international, je ne peux pas voir mon vieux père Kéré pour qu’il m’aide. Là-bas, c’est clair, c’est une question d’argent. Aujourd’hui, je ne peux plus faire un clip de moins de deux millions de F CFA. Alors qu’avant, avec 300 mille F CFA je faisais mon clip et j’étais fier. Pour s’imposer, il faut publier un clip chaque mois. Je me suis retrouvé dans certains endroits où on me demande des sommes que je n’ai pas. Par exemple pour un featuring avec Flavour, il fallait décaisser 30 mille dollars américains (15 mille dollars pour le studio et 15 mille dollars pour le clip). Avec Arafat, même s’il le fait gratuitement, le studio coûtera 2 millions F CFA et le clip, 2 millions F CFA. En tout 4 millions FCFA. C’est compliqué. Je me dis que les choses viendront.

S. : Pendant ces 10 ans, ta musique a été influencée par la musique nigériane et le coupé-décalé.

F. : Mes fans de la première heure sont toujours là. Je leur ai dédié mon 4e album. Je fais aussi de la tendance. Je fais tout pour faire plaisir à tous mes fans. J’aime la nouveauté et je compose beaucoup. Un coffret de 22 titres et de 17 clips sera proposé aux fans à 5 mille F CFA pendant les concerts.

S. : Nombre de tes collaborateurs sont restés en chemin notamment tes ex-managers Ben Kelly et Clovis.

F. : Tu mets un enfant au monde et il décide d’aller à l’aventure sans te prévenir. Mais si tu pars et ce n’est pas fructueux, tu reviens. Avec Papus, c’était comme ça. Je voulais goûter au monde extérieur. C’est le moment de s’arrêter pour demander pardon à ceux qu’on a vexés par nos actes et nos paroles. Ben Kelly reste toujours mon vieux père. Il a beaucoup contribué à l’évolution de ma carrière. Je ne serai jamais la cause du malheur de quelqu’un. Que Dieu m’en garde. Beaucoup de choses ont été dites, beaucoup m’ont traité d’ingrat, mais je l’accepte. Il y a des personnes qui savent ce qui s’est réellement passé. Après le concert du stade, il m’a rendus des services et je les lui ai aussi rendus. La musique est tout ce que j’ai. Je ne plaisante pas avec ma musique. Je n’ai pas eu la chance d’aller à l’école. Je n’ai plus la force de retourner au village pour cultiver. Dieu m’a donné ma voix et ma musique. Avec Clovis, je trouvais que mon travail n’était plus fait. Je n’ai jamais dit à Clovis de ne plus travailler avec moi, mais de choisir son chemin (NDLR :il est membre d’un parti politique).Au début, on m’avait dit que la musique n’allait rien m’apporter. J’ai insisté. Aujourd’hui, je n’ai pas d’argent, mais je suis un homme compliqué parce que j’ai réalisé un rêve fou. Clovis a choisi son chemin et moi je l’encourage.

S. Que fais-tu avec tes retombées financières ?

F. : Ce que m’apporte la musique, repart à la musique. Je crée aussi de petites entreprises pour tendre la main. J’ai deux maquis, à savoir le Yombo et Ya ya Boin qui emploie 90 personnes. J’ai ma maison de production UM226 qui emploie 10 personnes.

S. As-tu des projets pour les jeunes ?

F. : Si. D’ailleurs une compilation est en voie de publication. Après les festivités de mes 10 ans de carrière, je produirai 10 jeunes. J’essaierai de les lancer sur le plan national et international. Mon autre rêve est de créer un centre de formation en musique au profit des enfants démunis. J’aimerais qu’on emmène les mineurs dans mon centre au lieu de les envoyer à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO).Si Dieu me donne les moyens, le centre verra le jour. Un coffret de 22 titres et de 17 clips sera proposé aux fans à 5 mille F CFA.

Alassane KERE
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