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Echauffourées à Zongo : «Les jeunes n’y sont pour rien» (Arba Désiré Ouédraogo)
Publié le lundi 27 juin 2016  |  L`Observateur Paalga
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© Autre presse par Moussa Nagabila
Des membres des groupes d`auto-défense koglwéogo lors de leur assemblée générale nationale du 22 juin 2016 à Kombissiri dans la province du Bazèga




Les habitants du quartier Zongo, à la sortie ouest de la capitale, à une quinzaine de km du centre-ville, ont vécu une journée tendue le 25 juin 2016. La cause : des jeunes de ce quartier seraient remontés contre les agissements des Koglwéogo et voudraient en découdre avec eux. Faux ! rétorquent certains d’entre eux que nous avons rencontrés le lendemain des événements. «Ce sont des gens venus de l’autre côté des rails, ils sont du quartier Rimkiéta, il y en a de Cissin aussi, …», tentent-ils d’expliquer pour montrer qu’ils ne sont ni de près ni de loin mêlés à l’affrontement, et n’ont constaté les faits qu’après coup.

« Les Koglwéogo du quartier sont allés arrê- ter une personne à Rimkiéta dans la nuit du vendredi, puis l’ont amené sur leur site. Cette même nuit, il y a eu un communiqué dans ce quartier, lequel demandait aux ressortissants de se mobiliser le samedi matin pour venir dissoudre le groupe d’autodéfense. C’est ainsi que les membres de cette association se sont armés dans l’optique de riposter. Effectivement un peu avant 10h, il y a un groupe de personnes (60 à 100) qui ont surgi armées de machettes et de cailloux qu’elles ont commencé à lancer, mais elles n’étaient pas trop proches du site des Koglwéogo, lesquels avaient commencé à tirer pour dissuader quiconque s’approcherait de leur QG, alors délimité par un fil. Il y a un vieux (Ladji) qui s’est approché des assaillants pour tenter une médiation, mais visiblement ils étaient venus pour autre chose ; six d’entre eux l’ont traîné sur près de cent mètres avant de le relâcher sous la contrainte d’un des Koglwéogo allé à sa rescousse.»

C’est en substance le témoignage d’Arba Désiré Ouédraogo, habitant du quartier Zongo, qui revenait ainsi sur les faits tels qu’il les a vécus. Celui-ci avec une dizaine de jeunes étaient devant la cour du chef de Zongo. Pour lui, les jeunes du quartier n’ont rien à voir dans l’incident, et, mieux, se seraient préparés à une riposte. A ces propos, ses compagnons ne se sont pas fait prier pour entrer dans la danse, chacun voulant se démarquer de l’affaire. «C’est en ville que nous avons appris qu’au quartier c’était chaud», lance une voix, «Nous ne sommes pas contre les Koglwéogo ; nous sommes des enfants de la cour royale…», pré- cise une autre avant d’être interrompue par une troisième. «Je disais à un média ce matin que nous sommes contre le fait qu’on ait raconté que ce sont les jeunes du quartier qui étaient contre les Koglwéogo, ce n’est pas vrai.» Bonjour la cacophonie et nous voilà donc obligés de demander le silence et souhaiter que l’intéressé qui nous résumait la situation puisse continuer.

Arba Désiré Ouédraogo est plus choqué lorsqu’il décrit l’intervention des éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS). «A l’arrivée des CRS, ils ont désarmé les Koglwéogo sous nos yeux ; ça devrait l’être pour l’autre camp qui était armé de machettes», explique-t-il. Or, le sieur Ouédraogo a l’impression que les «bandits», comme il les appelle, ont profité des forces de sécurité pour mieux opérer. Il semble convaincu de ses propos, faisant cas du pistolet d’un homme de tenue qui a été retiré. « Il y a un homme de tenue qui est sorti de chez lui pour comprendre la situation, les bandits ont pris son pistolet, tiré en l’air l’ont déchargé avant de le remettre aux CRS, mais celui qui l’a fait n’a pas été arrêté. Les FDS sont plutôt reparties avec une quarantaine de Koglwéogo, sans un seul de l’autre camp ; comment vous comprenez cela ? » s’est-il interrogé. Et de renchérir que ces personnes ont bousculé des éléments de la CRS qui sont tombés et se sont relevés sans mot dire. «Est-ce que devant la sécurité on peut brûler quelque chose ? » Mais ces personnes avaient de l’essence puis des allumettes, mais aucun n’a été interpellé». L’employé de mine est allé au-delà des faits pour interpréter la scène comme un acte prémédité.

«J’ai tout compris avec les explications du ministre»

Aux environs de 12h30, nous apercevons deux véhicules 4 fois 4, qui s’ébranlent vers le domicile du chef de Zongo. Dans le premier, le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité intérieure, Simon Compaoré, se laisse dévisager aisément, pendant que le deuxième est occupé par des agents de sécurité. A l’issue du tête-à-tête avec le chef du quartier, nous nous approchons du ministre dans l’espoir d’avoir la teneur des échanges. «Non, on ne va pas parler beaucoup, il faut surtout agir. J’ai dit ce qu’il ne faut pas faire et c’est ce qu’ils ont fait. Vous voyez, ils sont une quarantaine là-bas, ont les a désarmés hier et la procédure va suivre son cours ; c’est le procureur qui a en charge cette affaire, nous sommes dans un Etat de droit», précise-t-il. Selon Simon Compaoré, les habitants de Zongo pouvaient simplement notifier l’insécurité qu’ils vivent et l’Etat allait songer à l’implantation de forces régulières.

Il estime que les Koglwéogo euxmêmes n’ont pas le contrôle de leur affaire. « Il y a plein de gens qui se sont infiltrés dedans et chacun joue au Zorro, chacun a son agenda ; ce sont peut-être des agendas cachés, les écarts ne peuvent se multiplier alors qu’il faut que ça cesse ». Et d’ajouter que «moimême je suis ministre en charge de la sécurité, mais je ne peux pas me mettre à taper quelqu’un ici ou à l’amender ; même le pré- sident du Faso ne peut pas le faire, a fortiori le citoyen lambda. Si nous continuons ainsi, il n’y aura plus d’Etat, or l’Etat existe bel et bien, c’est pour cela que vous avez vu hier. Vous ne m’avez pas vu hier mais j’étais sur le goudron, je ne suis pas venu mais des gens étaient là », indique le ministre, laissant l’assistance avec des rires et des ovations. Arba Désiré Ouédraogo, qui commentait la situation, revient à la charge. S’appuyant sur les propos du patron de la sécurité, il voit une manière des autorités de dissoudre le groupe d’auto-défense mais en utilisant d’autres procédés. Il nous confiera par la suite que la personne arrêtée dans la nuit du vendredi est venue en réalité provoquer les Koglwéogo, les insulter avant de rebrousser chemin. Ce qui lui permettra de dire qu’il s’agit d’un acte planifié.

Les déboires de Boukari Nikiéma, retraité

«J’étais à Zongo pour échanger avec le chef du quartier hier matin. Nous avons appris sur place que des gens viennent attaquer les Koglwéogo. Entretemps, j’ai entendu les coups de fusil et je suis sorti, j’ai aperçu Ladji qui allait à leur rencontre pour les écouter, mais ils étaient là pour la bagarre. Ils l’ont malmené, je ne pouvais pas le supporter et j’ai pris une buchette, d’autres Koglwéogo m’ont suivi. Ceux qui sont venus d’ailleurs ont fini par laisser El Hadj qui nous a rejoints. J’ai alors voulu repartir d’où je venais, mais il y a l’un des assaillants qui a frappé mon bras ; la buchette est tombée et il s’est jeté sur moi. Il a usé d’une machette et j’ai été atteint à la tête puis au cou. Quand il s’est sauvé, un jeune homme m’a conduit au centre de santé le plus proche et ma tête a été suturée. Je ne fais pas partie de Koglwéogo, j’étais de passage mais si Dieu dit que ton sang va couler, tu iras où cela doit se produire. Actuellement je vais mieux. Que la paix règne au Burkina Faso, et que Dieu nous épargne ces situations».

Akodia Ezékiel Ada

&

Aboubacar Dermé
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