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Burkina: Les gardes de sécurité pénitentiaires en grève, dénoncent une "diversion" du gouvernement (ENTRETIEN)
Publié le dimanche 26 juin 2016  |  Alerte Info




Siaka Bayoulou, délégué des gardes de sécurité pénitentiaires du Burkina, en grève depuis le 13 avril pour revendiquer de meilleures conditions de vie et de travail, a dénoncé une "diversion" du gouvernement, dans un entretien à ALERTE INFO.

Siaka Bayoulou, délégué des GSP du Burkina

Que pensez-vous des mesures prises mercredi par le gouvernement lors du Conseil des ministres pour satisfaire à vos revendications ?

Après la décision du Conseil des ministres du 22 juin, nous avons jugé nécessaire de se retrouver en Assemblée générale. Mais avant, nous avons rencontré le ministre de la Justice (Réné Bagoro), pour essayer de comprendre davantage les dernières mesures du gouvernement.

Depuis le début, c’est la question de la signature des décrets adoptés en 2014 qui posait problème. C’est cela le point de désaccord. La question d’une nouvelle ré-adoption de décrets n’a jamais été posée. En tout cas à l’issue de toutes les discussions qui ont eu lieu, nous n’avons jamais évoqué la question d’une nouvelle adoption de textes.

La signature porte sur quels points de vos revendications ?

La signature porte sur deux décrets portant grille indemnitaire et classement indiciaire des personnels pénitentiaires (GSP). Ces deux décrets viennent en application de la loi qui a été votée depuis 2014 portant statut particulier de la garde de sécurité pénitentiaire. Donc se sont ces deux décrets à caractère financier qui après beaucoup de négociation, le régime de la transition en sa séance du Conseil des ministres du 23 décembre 2015 a validé. Malheureusement comme c’était à la fin de la transition, le régime de la transition n’a pas pu signer ces documents-là.

Donc dès la prise de fonction du nouveau gouvernement, nous avons approché le ministre de la Justice pour poser le problème. On nous a toujours dit que sur le principe il n’y avait pas de problème. Nous avons trainé jusqu’à pratiquement quatre mois environ. C’est ce qui a entrainé ces troubles.
Aujourd’hui au lieu de traiter la question de la signature, le gouvernement est revenu ré-adopter les mêmes textes. Donc vous verrez que ces mêmes textes, en l’espace de six mois ont fait l’objet de deux adoptions en Conseil des ministres. Et la question qui est à l’ordre du jour reste toujours posée.
Au départ nous avons compris que les décrets avaient été signés. Mais malheureusement, nous nous sommes rendu compte qu’on était toujours à la case départ.

Quelle démarche avez-vous entreprise après cette nouvelle signature du gouvernement ?

Des discussions sont en cours entre le gouvernement et le syndicat pour que l’engagement qui a été pris par le gouvernement lors des différentes rencontres, puisse traiter réellement le problème qui est à l’origine de la crise.
Si le gouvernement fait preuve de bonne volonté, de bonne foi aujourd’hui, vous allez voir que la crise ne va pas trainer. Mais lorsque les autorités joue au dilatoire, cela donne l’impression qu’on ne prend pas en considération les préoccupations de ce corps-là, c’est ce qui frustre davantage, perturbe la vie normale des GSP et de l’administration judiciaire.

Allez-vous levé votre mot d’ordre de grève?

Le gouvernement a fait du surplace, il n’a pas traité la question. Il va de soi qu’on ne puisse pas parlez de suspension ou de levée de mot d’ordre. Nous estimons que les choses n’ont pas bougé. Vous verrez sur le terrain que rien n’a changé actuellement sur le terrain et le mouvement se poursuit.

Cette grève concerne-t-elle tous les établissements pénitentiaires ?

Le mouvement concerne tous les établissements pénitentiaires du pays. Mais je dirai que c’est deux activités que nous avons suspendues. Les activités d’escorte et d’extraction qui consiste à amener le détenu au niveau des palais de justice soit pour des auditions ou des jugements. Et les activités qui consistaient à recevoir les gardés à vue qui sont déférés au niveau des établissements pénitentiaires. Donc depuis le 13 avril date à laquelle le mouvement a commencé, vous verrez qu’aucun nouveau détenu n’a été reçu dans les gardes de sécurité pénitentiaires. Et depuis cette date le mouvement est observé à 100% par les camarades.

A combien peut-on estimer le nombre des agents GSP ?

Il y a environ2.000 agents au Burkina. La revendication concerne les deux décrets dont l’incidence financière s’élève à peu près 700 millions francs CFA.

Le gouvernement a, à maintes reprises indiqué que les caisses de l’Etat sont vides…

La signature des décrets ne coute pas de l’argent. Nous disons également que nous sommes ouverts au dialogue tout en tenant compte de la réalité de la situation financière du pays. Nous sommes toujours ouverts pour discuter avec les autorités pour l’application effective des décrets. Mais le préalable pour la normalisation de la situation qui est cette volonté du gouvernement, peut se faire si l’Etat accepté de signer ces décrets-là d’abord.

Que dites-vous de ceux qui accusent le ministre Bagoro de ne pas s’investir pour l’aboutissement des négociations ?

Nous n’estimons pas que ce n’est pas le ministre Réné Bagoro qui fait le blocage. On avait des rencontres avec lui. Mais à la suite de cela, il y a eu au moins trois rencontres au cours desquelles on notait la participation d’autres ministres notamment Simon Compaoré, ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité intérieure. Et ces décrets interpellent aussi Mme Hadizatou Rosine Coulibaly, ministre de l’Economie, des Finances et du Développement.

Ensuite, les rapports des échanges sont acheminés au gouvernement qui est sensé trancher lors d’un Conseil des ministres. Donc dire quelque part que c’est le ministre Bagoro qui est à la base du blocage, c’est faire preuve d’un manque d’analyse objective. Il faut imputer ce blocage à l’ensemble du gouvernement qui travaille sur le principe d’une certaine collégialité. Nous accusons l’ensemble du gouvernement.

Votre syndicat envisage-t-il d’autres actions pour la satisfaction de votre revendication ?

Aujourd’hui la situation est là. Si le gouvernement estime que l’impact n’est pas assez significatif, nous allons nous retrouver en Assemblée générale pour certainement envisager d’autres actions pour nous faire entendre.

BBO
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