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‘’Jamais, il n’a été question de se servir des examens’’ pour satisfaire leurs revendications selon Boubié Guel, Secrétaire général du SYNADEC
Publié le lundi 20 juin 2016  |  AIB
Certificat
© Autre presse par DR
Certificat de Qualification professionnelle Session 2016
Du 14 au 21 juin 2016 se tient sur l’ensemble du territoire burkinabè, l’examen du Certificat de Qualification Professionnelle (CQP)




A la suite d’un accord signé le mercredi 15 juin 2016 entre les syndicats d’enseignements supérieur et le gouvernement burkinabè, sur leur plate-forme revendicative, le Syndicat national autonome des enseignants-chercheurs (SYNADEC) a suspendu son préavis de grève illimitée. Bien qu’initialement prévue le jeudi 16 juin, à quatre jour du baccalauréat, il n’a jamais été question de se servir des examens pour la satisfaction de leurs revendications, estime le secrétaire général du SYNADEC Boubié Guel, qui revient dans cette interview sur les tenants et les aboutissants de leur lutte.

AGENCE D’INFORMATION DU BURKINA (AIB) : Le 4 avril dernier, le Syndicat national autonome des enseignants-chercheurs a déposé auprès du gouvernement, une plate-forme revendicative. Quelle était son contenu ?

BOUBIE GUEL : Nous avons d’abord déposé une première plate-forme qui a concerné les préoccupations urgentes liées au secteur de Ouagadougou. Elle portait sur le cas des assistants qui avaient des difficultés par rapport à leur reversement à l’université et au payement des actes académiques et aux voyages de recherches. La seconde plate-forme a été déposée le 4 avril dernier et comportait des revendications nationales notamment le traitement salarial et indemnitaire et l’organisation du baccalauréat. Le gouvernement nous a demandé un argumentaire sur les points de revendications. Exigence que nous avons satisfaite le 15 avril suivant. Et nous sommes restés sans suite à nos plates-formes. C’est pourquoi, nous avons déposé un préavis de grève de 72 heures qui a eu lieu et toujours pas de suite du gouvernement. L’Assemblée générale du SYNADEC estimant que le gouvernement ne respectait pas les accords de principe, a donc instruit le bureau de lancer un nouveau préavis de grève, cette fois-ci à durée indéterminée à compter du jeudi 16 juin. Cependant, entre temps, le gouvernement nous avait appelés et les négociations avaient débuté. Sur la table des négociations, nous étions trois syndicats : le SYNADEC, la Fédération des syndicats nationaux des travailleurs de l'éducation et de la recherche (F-SYNTER) et le Syndicat national des enseignements de second degré (SNESS). Les trois syndicats ont échangés entre eux et ils ont adopté une plate-forme unique de 4 points : le traitement salarial et indemnitaire, l’organisation de la carrière, c’est-à-dire les divers indemnités y afférentes, la revalorisation des fonctions académiques et l’amélioration des statuts des assistants et des enseignants à temps plein. A l’issue de cela, deux commissions ont été mises en place pour étudier ces questions. Cependant, il faut préciser que le préavis de grève était le fait du SYNADEC. Les négociations ont duré un mois, les différentes parties ont fait des concessions. Il y a eu accord sur les traitements salariaux et sur la situation des statuts des assistants. Sur les points concernant, les frais de prise en charge de l’organisation du baccalauréat, le gouvernement a fait une légère augmentation pour la présente organisation de l’examen. Une augmentation que l’Assemblée générale a acceptée pour cette année mais qui doit être revu pour les prochaines années. Aussi, ce point comme celui du traitement indemnitaire restent toujours sur la table des négociations. Au vu de ces acquis, nous avons décidé de suspendre notre mot d’ordre de grève à durée indéterminée. Nous sommes un syndicat responsable et nous avons voulu montrer que nous pouvons faire des concessions. Du reste le gouvernement lui-même a proposé l’ouverture d’une commission tripartite gouvernement, syndicat, administration qui va commencer à travailler en septembre 2016 sur les points restés en suspens.

AIB: Que dit concrètement l’accord ?

BG: On s’accorde sur le traitement indiciaire et sur les indemnités dont les montants ont été revus et ce qui a été arrêté sur la question des assistants. La mise en œuvre des accords est prévue pour le 1er janvier 2017. La légère augmentation consentie par le gouvernement est valable pour la session 2016 du bac en attendant l’ouverture des négociations de septembre où les points concernant l’organisation des examens : le BAC, le BEPC et le DUT seront débattus.

AIB: Avec ces augmentations, quel est actuellement la situation des enseignants burkinabè par rapport à leurs collègues de la sous-région ?

BG: C’est en comparaison aux pays de la sous-région que nous sommes allés en négociation parce qu’on estimait que la compétition se fait sur le plan international et il est important de mettre les enseignants chercheurs burkinabè dans les conditions où ils peuvent également aller en compétition avec leurs collègues de l’extérieur. Nous sommes dans un système de compétition appelé CAMES. L’enseignant supérieur est évalué au sein de cette institution et il passe en grade au sein de cette institution avant que dans son pays, un décret le nomme dans ce grade. Il est clair que ce que nous demandons n’est pas comparable avec ce qui est servi dans la sous-région, mais avec l’augmentation qui vient d’être obtenu, nous nous rapprochons un peu, même si ce n’est pas à 100%.

AIB: Le 8 octobre dernier, le gouvernement a pris 12 décrets d’application de la loi 025 AN du 18 mai 2010 qui consacre un statut particulier aux enseignants-chercheurs, aux enseignants hospitalo-universitaires et aux chercheurs du Burkina Faso. Qu’en est-il aujourd’hui de la mise en œuvre de cette loi ?

BG: Nous avons en son temps, participé à l’atelier qui a précédé la prise des desdits décrets et cela a été adopté en conseil des ministres. On devait nous donner une copie finale de ces décrets mais jusqu’à présent nous n’avons pas reçu de copie définitive. Quant à la mise en œuvre, il n’est pas encore effectif.

AIB: Pourquoi n’avez-vous pas introduit ce point lors des négociations ?

BG: Pour ces négociations, nous sommes allés discuter de points précis dans lesquels ce point n’y était pas. On se dit que si on décide de discuter de tout en même temps, on ne va pas s’en sortir. Si on avait mis ça sur la table, on en aurait eu pour plusieurs mois de discussions. On reviendra sur cet acquis et voir ce qui bloque sa mise en œuvre.

AIB: On vous reproche d’avoir utilisé, les examens du Baccalauréat,  comme moyen de pression pour faire aboutir vos revendications ?

BG: C’est bien qu’on ait cet entretien pour situer les faits dans leurs contextes. D’abord, ce n’est pas la première fois que nous posons ce problème. Nous sommes logiques dans notre action. Sous le régime de Blaise Compaoré nous étions déjà en négociation avec le gouvernement. Je ne parle pas du mouvement social de 2009 menée par le SYNADEC où nous avons estimé que ce qui avait été servi, était insuffisant. En 2014, nous étions en négociation avec une plate-forme qui comprenait tous ces points. Nous étions mêmes sur le point de mettre en place une commission pour discuter des questions du baccalauréat lorsque l’insurrection est arrivée et a emporté le régime de Blaise Compaoré. Il y a eu suspension de ces négociations. Sous la transition, nous sommes repartis poser le problème et le ministre de tutelle, le Pr Filiga Michel Sawadogo, a demandé notre compréhension face à la situation marquée par un déficit budgétaire chronique. Dans un sursaut patriotique, le SYNADEC avait suspendu les négociations à caractère financières. Nous sommes revenus en 2016 avec l’installation des nouvelles autorités, reposer le problème. Cette plate-forme a été déposée longtemps à l’avance prouvant que nous n’avons pas visé spécifiquement le BAC afin de mettre la pression sur les autorités. Si ces derniers n’ont pas daigné répondre à temps et que nous nous sommes retrouvés, à la veille de l’examen du BAC, avec le problème, ce n’est pas la faute du syndicat. Voilà les faits. Les gens ont l’impression que nous avons voulu faire du chantage et pourtant notre préavis de grève illimité à la veille de l’examen n’était que pure coïncidence. Vous savez quand un préavis est déposé, il faut 14 jours ouvrables avant qu’il n’entre en vigueur. Nous voulions accélérer les négociations mais ce que la partie en face nous proposait ne nous satisfaisait pas. Nous n’avons pas de calcul et ne jouons que notre rôle de veille syndicale en attirant l’attention des autorités sur les questions de l’heure.

AIB: Sous la transition, la construction de plusieurs infrastructures universitaires avait été lancée mais leur aboutissement traine et les travaux de la médiapole à l’université de Ouagadougou, par exemple semblent arrêtés. Avez-vous des informations sur cet état de fait ?

BG: Les seules informations que nous avons, c’est que les marchés n’ont pas été exécutés selon le délai arrêté. Cela a toujours été le problème ici à l’université de Ouagadougou et de façon générale dans le pays. C’est triste quand on sait que l’un des problèmes qui cause les retards, ce sont les infrastructures, je ne peux pas comprendre qu’à l’heure actuelle, on en soit à tergiverser. On connait le problème, il faut le prendre à bras le corps. Le problème d’infrastructure, se pose à tous les niveaux. Même dans les filières de master, où il n’y a que 20 étudiants, le problème d’infrastructures, se pose. C’est à l’autorité de prendre ses responsabilités pour faire avancer ses marchés.

Parlant d’autorité, le premier ministre lors de son discours de politique générale du 5 février dernier, a annoncé plusieurs mesures dont la création pour la rentrée universitaire prochaine, d’une université virtuelle et la construction de 10 amphithéâtres en 2016. Qu’en pensez-vous ?

BG: C’est le programme du président Roch Marc Christian Kaboré qu’il a énuméré et nous attendons de voir. Nous sommes en juin, presqu’ à la moitié de l’année et nous n’avons encore rien vu. Nous allons apprécier en temps opportun. C’est eux qui le disent et nous allons apprécier.

AIB: Un dernier mot.

BG: Avec le protocole d’accord qui vient d’être signé et qui doit être concrétisé par la modification de la loi 025 afin que la mise en œuvre soit possible en 2017, c’est déjà un pas pour sortir nos universités des problèmes qu’elles traversent. Cependant ce n’est pas tout, l’arbre ne doit pas cacher la forêt, il y a d’autres chantiers sur lesquels nous allons travailler pour tirer l’université de sa morosité. Notre souhait est que nous soyons écoutés par l’autorité car nous sommes des partenaires sociaux.

Interview réalisé par

Wurotèda Ibrahima SANOU
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