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La polémique sur les Koglweogo s’invite momentanément dans les amphis
Publié le jeudi 16 juin 2016  |  AIB
Les
© Autre presse par DR
Les Koglweogo




Ouagadougou - Faut-il garder ou interdire les groupes d’autodéfense Koglweogo qui ont fait reculer considérablement le grand banditisme en peu de temps, même si leurs bavures sont de plus en plus nombreuses et parfois tragiques? Des étudiants burkinabè ont mené samedi avec brio, des débats contradictoires sur la question.


Samedi 11 juin 2016 à 10h TU. Pendant qu’à Fada N’Gourma (Est, 229km), le ministre en charge de la Sécurité intérieure, Simon Compaoré intimait aux Koglweogo de rentrer dans les rangs, des étudiants en droit menaient en direct dans un des studios de la radio nationale, des débats contradictoires sur la légitimité de ces groupes d’autodéfense dans un Etat de droit.

Pendant que Cyprien Sawadogoet Rita Sougué (Université Ouaga 2), défendaient infatigablement les Koglweogo, Jonathan Ouédraogo et Valérie Bamouni (Université polytechnique de Bobo-Dioulasso) les conspuaient, sous les regards de nombreux invités.


«Les Koglweogo sont des citoyens de bonne foi»

«Les Koglweogo sont un regroupement de citoyens de bonne foi qui consciencieusement, œuvrent à la protection des personnes et des biens face à l’insécurité chronique dans laquelle vivent les populations.

Toute œuvre humaine, n’étant pas parfaite, l’action des Koglweogo connait des imperfections. D’aucuns parleront de dérives, de bavures, de violations de droits de l’homme, mais cela ne saurait être une raison pour les rejeter. Nous, nous les accueillons à bras ouverts, car il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain», attaque d’entrée Rita Sougué, considérée comme ‘’l’atout’’ du ‘’compétiteur’’ Cyprien Sawadogo.

« Les populations font face à un système judiciaire, incapable de faire justice à la veuve et à l’orphelin. Les grands bandits parfois capturés avec l’appui des populations, sont souvent relâchés sans autre forme de procès et reviennent narguer, voire abattre en toute impunité, ceux qui les ont dénoncés», a-t-elle ajouté.

Des positions vigoureusement rejetées par Valérie Bamouni, ‘’l’atout’’ du ‘’compétiteur’’ Jonathan Ouédraogo.

D’après Mme Bamouni, l’idéologie des Koglweogo est celle «d’une rébellion en germe, fondée sur des aspirations régionalistes, confessionnalistes ou encore politiques, visant à déstabiliser la démocratie et la cohésion sociale au Burkina Faso».

La multiplication des groupes d’autodéfense, a-t-elle poursuivi, est «une forme de défiance de la puissante souveraineté étatique» et constitue un obstacle «à la crédibilité du pouvoir judiciaire».

Valérie Bamouni a également fait cas, de groupes terroristes, autrefois considérés comme des groupes d’autodéfense, qui s’adonnent aujourd’hui à des actes de violences à travers le monde.

C’est pourquoi, elle a invité l’Etat burkinabè «à briser toute quelconque formation extrémiste».

Les arguments de Mme Bamouni sont tombés dans les oreilles du ‘’sourd’’ Cyprien Sawadogo.

«Dans une situation d’insécurité pernicieuse et insidieuse, refuser que les populations s’organisent (pour se défendre), au motif que nous sommes dans un Etat de droit, n’est ni plus ni moins qu’une remise en cause du droit à la vie, à la propriété, à la sécurité et à la défense de ces millions de populations, contraintes de compter que sur elles-mêmes», a-t-il réagi.

«Les Koglweogo sont des OVNI»


D’après l’étudiant, avant que les Koglweogo «ne soulagent les populations», «il arrivait que des bandits laissent des notes dans les champs des grands agriculteurs pour les féliciter pour leurs récoltes, mais pour les prévenir aussi qu’ils ne seront pas les seuls à en bénéficier».

Revigoré par les applaudissements reçus en studio, Cyprien Sawadogo assène: «nous soutenons vivement les Koglweogo parce qu’ils ont réussi à réduire considérablement en cinq mois, l’insécurité dans les localités où ils sont implantés, chose que l’Etat n’a pas pu faire en 30 ans».

L’étudiant dit partager le point de vue de l’avocat Appolinaire Kyelem de Timbila pour qui, «les Koglweogo font moins de mal que la justice classique. (Mais) seulement leurs actions sont apparentes et visibles, alors que les dégâts du système judiciaire sont insidieuses et pernicieux».

Toutefois, au regard «des dérives» des Koglweogo, M. Sawadogo a exhorté l’Etat à les organiser et à les encadrer.

Mais visiblement, il en fallait plus pour émouvoir Jonathan Ouédraogo pour qui, «les Koglweogo ne sont rien d’autres que des objets volants non identifiés (OVNI) dans l’espace politico juridique de notre Etat».

«Un Etat de droit aussi imparfait soit-il, vaut mieux qu’une anarchie parfaite. Les abysses appellent les abysses, les Koglweogo ne feront qu’appeler plus d’insécurité étant donné que nous sommes dans un contexte de terrorisme», a-t-il argué.

«Quel genre de Burkina Faso voulons-nous légué aux générations à venir? Serait-ce un Burkina Faso fragilisé par une scission entre ses filles et fils, laquelle scission a déjà été constatée le 12 mai à Gayérie, où des pro et des contre Koglweogo se sont affrontés?», s’est interrogé Jonathan Ouédraogo.

Au final, le jury a décerné la note de 7,68/10 au binôme Cyprien Sawadogo et Rita Sougué et 6,75/10 à Jonathan Ouédraogo et à Valérie Bamouni.

Finale internationale Burkina-Côte d’Ivoire

Dans la catégorie élève, le lycée Ouézzin Coulibaly de Bobo-Dioulasso a défendu la thèse selon laquelle, la politique de ‘’la chaise vide’’ pratiquée régulièrement par les opposants africains pour contester les irrégularités des scrutins, est porteuse de progrès démocratique.

Il s’en est tiré avec une moyenne de 7/10 contre 6,06/10 pour le lycée Nelson Mandela qui a défendu l’antithèse.

En rappel, ce quatrième concours d’éloquence et de débats (Thé-batteurs) a été organisé par l’association Per-Form, présidée par Piiga Souleymane Yaméogo.

Les équipes victorieuses du Burkina Faso se mesureront le 1erjuillet prochain, à Bobo-Dioulasso à leurs camarades ivoiriens du lycée municipal de Port Bouet et de l'université Félix Houphouét Boigny.

Agence d’Information du Burkina
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