Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Burkina Faso    Publicité
aOuaga.com NEWS
Comment

International

Simone Gbagbo de retour au prétoire
Publié le mercredi 1 juin 2016  |  Sidwaya




Condamnée déjà à 20 ans de prison pour « attentat à l’autorité de l’Etat, participation à un mouvement insurrectionnel et trouble à l’ordre public », l’ex-première Dame de Côte-d’Ivoire, Simone Gbagbo, est encore face à son destin depuis le 31 mai 2016 devant la Cour d’assises d’Abidjan où elle doit répondre pour « crime contre l’humanité, crimes contre les prisonniers de guerre et crimes contre les populations civiles » commis lors de la crise postélectorale de 2010-2011. Cette crise née du refus de son époux, Laurent Gbagbo, d’accepter la victoire d’Alassane Ouattara prononcée par la Commission électorale indépendante (CIE) et reconnue par la communauté internationale ainsi que la volonté du camp Ouattara d’installer son leader au fauteuil présidentiel a fait trois mille morts en cinq mois. C’est parti donc pour un mois de feuilleton judiciaire avec à la clef, peut-être, la perpétuité pour celle surnommée la « dame de fer » par la classe politique ivoirienne. Conformément à l’ordonnance de renvoi de Simone Gbagbo devant la Cour d’assises, l’ancienne première Dame de Côte d’Ivoire est soupçonnée d’avoir joué un rôle prépondérant dans une cellule de crise constituée par quelques ministres et fidèles du régime Gbagbo. Une cellule d’où seraient partis, à entendre l’instruction, des ordres fatals comme le bombardement du marché d’Abobo, des supplices d’opposants brûlés vifs, des viols de femmes supportrices d’Alassane Ouattara ou encore l’exécution sommaire de gendarmes supposés pro-Ouattara par des miliciens. La Cour charge, en outre, Mme Simone Gbagbo, d’avoir eu une grande emprise sur les partisans de son époux et d’avoir joué un grand rôle dans l’achat d’armes de guerre sans oublier son influence sur les chefs de milices, auteurs d’expéditions punitives. Le principal défi de l’accusation dans ce nouveau round qui oppose la justice ivoirienne à la « dame de fer » est d’identifier donc des preuves la liant aux meurtres, aux viols et autres exactions commises par les forces pro-Gbagbo. Déjà affaiblie par son incarcération depuis avril 2011 puis sa condamnation en 2015 et par sa séparation forcée d’avec son mari, jugé à la Haye Dans le cadre de la même crise ivoirienne, Simone Gbagbo comparait dans un procès critiqué et qualifié de justice des vainqueurs. En effet, s’il faut saluer la volonté du régime Ouattara de rendre justice aux victimes de la crise ivoirienne, il faut noter que plusieurs facteurs militent en défaveur de la crédibilité de ce procès. Le traitement rapide du dossier montre la volonté d’Abidjan de court-circuiter la Cour pénale internationale dont le mandat d’arrêt délivré par les juges contre l’ex-première Dame est toujours en cours. Ce qui signifie que les autorités ivoiriennes demeurent dans l’obligation de remettre « la prisonnière encombrante » à la CPI tant qu’elle n’est pas jugée pour les faits qui lui sont reprochés. Ce que ne veut pas entendre le président Alassane Ouattara qui a indiqué qu’il n’enverrait plus d’Ivoirien à la CPI, estimant que son pays avait désormais une justice opérationnelle. Mais à se hâter et à se débarrasser de ce dossier par une justice expéditive ; cela entâcherait ce procès à caractère politique. En outre, le retrait des organisations de défense des droits de l’Homme, pourtant parties civiles, à la veille de l’ouverture du procès, va contribuer, sans doute, à ternir l’image, de ce procès. Ces organisations composées de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH), du Mouvement ivoirien des droits de l’Homme (MIDH), de la Ligue ivoirienne des droits de l’Homme (LIDHO) et bien d’autres parties civiles dénoncent de nombreux vices de procédures et un jugement organisé à la hâte. « Comment concevoir que la gravité des crimes commis au cours de la crise postélectorale par une multiplicité d’auteurs aux responsabilités diverses dans chaque camp puisse être réduite à la tenue d’un procès avec Simone Gbagbo comme seule accusée ? », s’interrogent les organisations de défense des droits de l’Homme. Ce procès en solitaire dans cette crise à responsabilités partagées risque de donner raison à ceux qui pensent qu’il s’agit en réalité d’un procès politique sur fond de justice des vainqueurs. Si les deux camps se sont montrés coupables d’exactions pendant cette crise, aucun pro-Ouattara n’a, à ce jour, été inquiété. Il y a donc lieu d’éviter à tout prix la justice des vainqueurs de peur de plonger le couteau dans une plaie en phase de désinfection. Une vraie justice, qui permettrait de comprendre d’une part, la machine criminelle du couple Gbagbo à l’issue de la présidentielle en vue de garder le pouvoir et, d’autre part, les crimes graves commis par les FRCI au cours de leurs offensives en 2011, serait le seul gage de la vraie réconciliation des cœurs en Côte d’Ivoire.


Lassané Osée OUEDRAOGO
Oseelass2009@yahoo.fr
Commentaires

Titrologie



Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie
Sondage
Nous suivre

Nos réseaux sociaux


Comment