Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Burkina Faso    Publicité
aOuaga.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Elections municipales : un taux de participation qui en dit long
Publié le lundi 23 mai 2016  |  L`Observateur Paalga
Municipales
© aOuaga.com par Séni Dabo
Municipales 2016 : pas d`affluence à l`école de la Patte d`Oie de Ouaga
Dimanche 22 mai 2016. Ouagadougou. Plus d`une heure et demi après l`ouverture des bureaux de vote, ce n`était pas la grande affluence aux bureaux de vote installés aux écoles A et B du quartier Patte d`Oie




Moins de 50% ? 30% tout au plus ? Ou, comme le présage un confrère, autour de 20% ?

S’il est un chiffre très attendu à l’issue de ces élections municipales, c’est bien celui de la participation. Tant de l’avis des observateurs indépendants, ceux de la Coalition des organisations de la société civile pour l’observation domestique des élections (CODEL) et du CGD, notamment, que des hommes de média et des acteurs politiques eux-mêmes, les Burkinabè ne semblent pas s’être bousculés devant les bureaux de vote.

De Nakindougou dans le Bam, à Kpéré au Sud-Ouest ; de Lèda au Centre-Est à Kelbo dans le Sahel ; de Tansarga à l’Est, à Moussodougou à l’Ouest, de Gui-Kofè, à la périphérie de Ouagadougou, à Kalsaka dans le Nord, les électeurs se sont rendus aux urnes, du plomb dans les jambes.

Un désintérêt qui contraste avec le taux de participation assez honorable, 59,88%, enregistré lors des présidentielle et législatives couplées du 29 novembre 2015.

« Le peuple burkinabè pourra-t-il pulvériser ce record dimanche ou à tout le moins l’égaler ? »

C’est la question que nous nous posions dans notre édition du vendredi dernier avant d’y exprimer notre pessimisme. Deux jours après, le constat sur le terrain nous a, hélas, donné raison.

C’est tout de même un paradoxe, car, de toutes les élections, les municipales sont celles qui entretiennent le plus grand sentiment de proximité avec les citoyens.

Tout se passe donc cette fois-ci comme si c’est au moment de s’administrer eux-mêmes, de choisir les hommes et les femmes dont les actions influeront directement sur leur vie quotidienne que les Burkinabè semblent se détourner de la politique.

Faut-il alors rappeler le mot juste de Thucydide(1) qui disait : « Un homme qui ne se mêle pas de politique mérite de passer, non pas pour un citoyen paisible, mais pour un citoyen inutile » ?

En attendant que les politologues et autres politistes déroulent leur science pour expliquer cette abstention qui pourrait faire date dans l’histoire des votes dans notre pays, tentons d’ébaucher quelques éléments d’explication.

A l’évidence, plusieurs facteurs ont poussé les électeurs à aller tâter de la truite plutôt qu’à aller glisser un bulletin dans les urnes.

La désignation-imposition des candidats au MPP.

Si on doit se référer aux résultats de la présidentielle du 29 novembre dernier, le MPP, parti au pouvoir, qui plus est a raflé la mise dès le premier tour, agglutine à lui seul plus de 50% de l’électorat. C’est dire alors que si tous ceux qui lui avaient témoigné leur confiance, il y a de cela six mois, s’étaient rendus hier aux urnes, le taux de participation aurait été autrement moins faible.

Tout laisse à penser donc que les RSS, ainsi que l’on nomme le triumvirat à la tête du parti du soleil levant, n’a plus la même emprise sur ses militants et sympathisants. Cela est dû en partie aux frustrations et désillusions provoquées par le choix des candidats aux présentes municipales.

En effet, en lieu et place des primaires pour départager les milliers de candidats à la candidature aux élections locales, comme annoncé, l’on a plutôt assisté ici à des cooptations, et là à des impositions ou à des parachutages. Le tout sur fond de modification, au sommet, des positionnements sur les listes.

Autant de pratiques internes qui ont fini par générer un sentiment de dépit dans les rangs et par détourner bien de MPPistes du chemin des urnes.

Le contexte socio-économique.

Pour être mal tombées, ces municipales le sont. Elles interviennent au moment où le Burkina et les Burkinabé se cherchent, comme on dit chez nous. Cherté continue de la vie, conjoncture économique peu reluisante, insécurité grandissante, incivisme généralisé, délitement prononcé de l’autorité de l’Etat dont on voit les manifestations jusque dans les établissements et chienlit dans la circulation routière.

Comme si tout cela ne suffisait pas, Ouagadougou vit l’une des pénuries d’eau les plus sévères de son histoire, agrémentée par des délestages intempestifs et répétés d’électricité. Avec cette conjonction d’épreuves, difficile, même pour les esprits les mieux disposés, de s’empresser d’accomplir leur devoir civique.

Les offres politiques.

Par ailleurs, l’un des grands enseignements de la campagne pour ces élections locales a été à la fois le manque d’envergure des candidats, le peu de crédibilité dont bon nombre d’entre eux jouissent dans leurs circonscriptions électorales et surtout l’indigence des programmes politiques.

Sur ce dernier point en effet, alors que les citoyens attendaient d’eux des promesses de proximité, les prétendants aux sièges de conseiller ont rivalisé d’engagements démagogiques à mille années lumière des préoccupations locales. Quand les uns ne promettaient pas de créer des emplois s’ils sont élus, les autres se présentaient comme des Zorro qui feraient rendre gorge à tous ceux qui ont trempé dans des affaires de crimes économiques ou de sang. C’est dire la consternante méconnaissance du rôle de conseiller municipal dont ont fait étalage nombre de candidats.

A tous ces facteurs il convient d’ajouter enfin ce qui s’apparente à un semblant de défiance généralisée à l’égard du personnel politique.

En effet, dans l’euphorie des événements des 30 et 31 octobre 2014, nombreux sont les insurgés qui ont rêvé d’un jardin des Hespérides (2) qui pousserait immédiatement en lieu et place du système qu’ils venaient d’abattre. La suite ne sera que désillusion : la Transition, dont les bruits de casseroles commencent à monter, n’a pas été à la hauteur de cette espérance ; le pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré peine à faire bouger les lignes.

Si bien que ce faible taux de participation sonne comme la réponse politique d’un électorat blasé.



Alain Saint Robespierre
Commentaires

Titrologie



L`Observateur Paalga N° 8221 du 27/9/2012

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie
Sondage
Nous suivre

Nos réseaux sociaux


Comment