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Sidwaya N° 7263 du 27/9/2012

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Forum national sur la laïcité : Se prémunir de l’intégrisme religieux
Publié le vendredi 28 septembre 2012   |  Sidwaya


Forum
© Autre presse par A. Ouedraogo
Forum sur la laïcité
Jeudi 27 septembre 2012. le premier ministre luc Tiao à présidé l`ouverture de ce forum.


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Le gouvernement du Burkina Faso organise du 27 au 29 septembre 2012 à Ouagadougou un forum national sur la laïcité. Les représentants des communautés religieuses, de la chefferie coutumière et traditionnelle, des institutions de l’Etat, des organisations de la société civile et des ordres professionnels, conviés à cette rencontre, sont appelés à identifier des bonnes pratiques en vue de consolider la paix sociale.

Les autorités gouvernementales ont commencé à appliquer les propositions consensuelles des Assises nationales. C’est dans ce cadre que s’inscrit le Forum national sur la laïcité organisé du 27 au 29 septembre 2012 à Ouagadougou. De l’avis du président du comité d’organisation, Blaise Baba Sawadogo, 130 personnalités représentant les communautés religieuses, la chefferie coutumière et traditionnelle, les institutions de l’Etat, les organisations de la société civile et les ordres professionnels ont été conviés à la rencontre.

« Le but de ce forum est de faire des recommandations de bonnes pratiques pour permettre de consolider la paix sociale dans notre pays », a indiqué le ministre d’Etat, chargé des Relations avec le parlement et des Réformes politiques, Arsène Bongnessan Yé. Ce faisant, le premier adjoint au maire de Ouagadougou, Jean Christophe Ilboudo, a reconnu qu’il était courageux de parler d’un sujet aussi complexe et sensible. Puis d’indiquer que le monde en perpétuelle mutation est marqué par des revendications significatives. Ainsi, le ministre d’Etat a fait savoir qu’il va s’agir de profiter du forum pour montrer la neutralité de la République dans la religion.

A l’entendre, la laïcité fait référence à l’unité du peuple et se fonde sur trois exigences indissociables que sont la liberté de conscience, l’égalité de tous les citoyens et la recherche de l’intérêt général. Par la suite, il a déclaré que le souci d’un Burkina Faso commun à tous doit être assumé de sorte que les tenants des différentes options spirituelles se respectent dans leur liberté de croire et de penser. Arsène Bongnessan Yé s’est appuyé sur la situation mondiale marquée par le terrorisme et les violences politicoreligieuses pour dire que le forum est d’actualité.

Il a cité un proverbe moaga qui ensigne« de ne pas laisser entrer le fantôme dans la maison avant de chercher à fermer les portes ». Cela dit, il a confié que le gouvernement a fait montre d’une vision, en ce sens qu’il n’a pas attendu que le phénomène prenne de l’ampleur dans les pays voisins pour programmer cette rencontre.

Le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao a fait comprendre qu’il était important que le Burkina Faso adopte une posture d’anticipation pour prévenir des éventuels dérapages liés à l’extrémisme. Il a avancé que le contexte de la sous-région impose d’agir afin d’assurer la sécurité de chaque Burkinabè. Le chef du gouvernement a signalé qu’il faut tout faire pour ne pas perturber la cohabitation « paisible et harmonieuse » entre les partisans des différentes confessions religieuses tout en évitant au peuple d’expérimenter les effets néfastes de l’extrémisme.

C’est dans cette dynamique qu’il a dit que l’Etat s’engage, à travers la gestion des affaires publiques, à assurer le droit de chacun à la liberté de circulation, de culte et de religion. De même, Luc Adolphe Tiao a souligné que l’Etat va assumer ses responsabilités à l’abri de toute influence en se soumettant à l’exigence d’une neutralité par l’adoption d’un comportement identique envers tous les citoyens. A propos, il a soutenu que les citoyens, quelques soient leurs origines, leurs conditions sociales, leurs convictions religieuses et philosophiques, sont tenus au strict respect des lois de la République qui protègent les libertés de croyance.

Partant de ce fait, Luc Adolphe Tiao, a affirmé qu’il attend du forum, des propositions susceptibles de contribuer au renforcement des acquis de la laïcité au Burkina Faso. Et le ministre d’Etat de dire qu’il a foi que l’amour de la paix et de la cohésion sociale, qui selon lui caractérise le peuple burkinabè, va guider les participants. Toutefois, il les a invités à faire preuve d’une conscience patriotique.

Adama BAYALA ( badam1021@yahoo.fr) & Nestor BAKI Solange SAOURA

Des représentants religieux, coutumiers et traditionnels s’expriment

Mgr Séraphin Rouamba, Archevêque de Koupèla

« Ce débat peut apporter quelque chose de positif à notre vivre ensemble au sein de ce pays. Il est donc important que nous y apportions notre contribution. Dans l’ensemble, nous vivions en bonne entente. Jusqu’à présent, les différentes confessions religieuses marchent d’un même pas. Mais cela ne veut pas dire qu’il en sera de même demain. C’est donc toujours mieux que nous prenions ensemble, la mesure des choses. Que ce qui se vit aujourd’hui puisse se poursuivre au bénéfice de tous. Ce qui se passe ailleurs peut aussi arriver au Burkina car nous sommes des hommes comme les autres. Il est de bon ton que nous écartions ce qui peut nous conduire dans la même situation que les autres pays. Toutes confessions et ethnies confondues, réfléchissons ensemble pour que notre pays puisse continuer de vivre en harmonie afin que chacun se sente chez lui au Burkina ».

El Hadj Adama Sakandé, président par intérim de la communauté musulmane au Burkina Faso

« J’apprécie très positivement cette rencontre en ce sens que ce sera une occasion pour les différents acteurs d’apporter des précisions sur un certain nombre d’éléments qui constituent des problèmes au niveau du fonctionnement de notre vécu quotidien. Il y a des actions quelquefois qui ne sont même pas dictées par la loi ni par les autorités mais qui sont le fait d’un comportement des agents qui portent parfois préjudice à certains citoyens. Je pense qu’il y a un travail à faire pour éclairer ce genre de chose et donner certaines précisions. Par exemple, la Constitution dit que le Burkina Faso est un Etat laïc, qu’est-ce que cela veut dire ? Si vous prenez la laïcité telle que pratiquée de par le monde, vous verrez que celle pratiquée en France est différente de celle en Allemagne, en Angleterre. Donc nous souhaiterions que tout en ayant le respect pour les uns et les autres que l’Etat comme il a été défini par les autorités, puisse être observé dans la pratique et non dans la théorie, cette laïcité et accorder la liberté aux citoyens de vivre pleinement leur religion tout en étant des acteurs qui vont participer au développement et progrès du pays ».

Poë Naaba, ministre de la Justice du Mogho Naaba

« Nous avions au niveau du comité de suivi des réformes consensuelles, donné notre point de vue par rapport à cette préoccupation. Nous avions dit qu’il était important au regard des questions posées, de parler de laïcité et d’arrêter un concept. Vous savez que le Burkina Faso et la plupart des pays africains avant la colonisation étaient des vastes ensembles uniques, uniformes avec un pouvoir central traditionnel et une population intégralement animiste. Cependant avec le brassage des cultures, le Moogho Naaba a accepté l’introduction de l’Islam et accorder une place importante à cette religion en nommant un imam comme notable dans sa cour. Régulièrement Sa Majesté a des concertations avec tous les religieux du Burkina Faso.

Nous avons pensé que pour le bon vivre, la consolidation de cette paix,il faut que nous puissions nous asseoir, nous entendre et faire surtout valoir des valeurs positives et qui sont à même de consolider la paix sociale dans un pays démocratique et unitaire. Nous comptons beaucoup sur les pratiques que nous avons depuis plusieurs décennies et surtout les relations entretenues avec les autres communautés et nous allons donner les exemples de cohabitation pacifique avec les autres religions. La chefferie coutumière et traditionnelle est impliquée dans des regroupements qui luttent pour la santé, le développement, contre la pauvreté. En ce sens, nous avons l’Union des religieux du Burkina Faso (URB) avec laquelle nous travaillons ».

Pasteur Mamadou Philippe Karambiri, membre de la délégation de l’Eglise évangélique

« Ce forum est le bienvenu. Il va permettre de clarifier beaucoup de choses qui sont dans l’ombre. Il permettra également de voir comment fortifier le corps religieux au Burkina Faso et ce, au profit de toute la société. Car sans cette unité et cette union, il est difficile d’avoir un pays stable où il y a la paix. Nous pensons que cette rencontre aboutira à des conclusions pertinentes qui vont intéresser toute la société civile burkinabè et l’Etat qui doit être à équidistance de toutes les religions. Ce forum va donner un pays plus paisible où les gens vont se donner la main pour un développement durable et harmonieux. »

Inoussa Saré, coordonnateur national du Réseau national des associations intervenant dans la santé

« L’initiative de la tenue de ce forum est à saluer. Au XVIIème siècle, chacun avait sa définition de la laïcité. Aujourd’hui, elle est toute autre. D’un secteur à l’autre, chacun à son idée de ce concept. Il y a donc plusieurs définitions de la laïcité. C’est ce qui justifie la nécessité de la rencontre pour amener les uns et les autres à avoir une définition consensuelle qui puisse s’accorder et contribuer au développement du pays. Je pense que l’objectif recherché, c’est la stabilité du Burkina Faso et c’est ce qui est d’ailleurs très important. Je pense qu’il y aura une contribution participative de la société civile de sorte qu’on puisse se faire entendre une fois de plus et de pouvoir prendre en compte nos recommandations, nos suggestions ».

N.B., A.B. et S.S.

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