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Campagne pour les municipales au Burkina : maintenir le tempo des élections couplées
Publié le vendredi 6 mai 2016  |  Le Pays




C’est, en principe, demain 7 mai, que le top départ de la campagne pour les municipales sera donné. L’enjeu de ce scrutin, on le sait, est très important pour le pays et pour les partis politiques. Pour le Burkina, il s’agira, après la présidentielle et les législatives de novembre dernier, de refermer définitivement la parenthèse de la Transition politique consécutive à la chute de Blaise Compaoré, par la mise en place de Conseils municipaux tirant leur légitimité du suffrage des populations, en lieu et place des délégations spéciales qui assurent aujourd’hui, à titre exceptionnel, la gouvernance de nos communes rurales et urbaines. Il s’agira donc, par ce scrutin, de remettre le train de la démocratie locale sur les rails, les bons. Il faut l’espérer. Mais cela passe d’abord par une campagne électorale civilisée, à l’image de celle à laquelle l’on avait assisté lors des élections couplées de novembre dernier.

Les moments de campagne électorale sont parfois utilisés pour mettre à mal la cohésion sociale

A cette occasion, en effet, les Burkinabè avaient apporté à la face du monde la preuve qu’ils étaient un grand peuple en faisant montre de civilité, de tolérance et de responsabilité dans leurs propos et actes et ce, malgré les grands enjeux qui entouraient ce double scrutin. Et la cerise sur le gâteau était que la CENI (Commission électorale nationale indépendante) avait su faire preuve de professionnalisme et de transparence dans la conduite des opérations. Et le monde n’avait pas manqué de dire toute son admiration face à ce bel exemple de démocratie. Il faut donc coûte que coûte maintenir le tempo des élections couplées à l’occasion de ces municipales. C’est d’ailleurs la substance du message que la CENI a tenu à délivrer aux populations et aux acteurs politiques ce 5 mai, à quelques encablures de l’ouverture de la campagne pour les municipales. Cet appel à la raison et à la responsabilité individuelle et collective de la structure en charge d’organiser les élections au Burkina, est d’autant plus judicieux que les moments de campagne électorale sont parfois utilisés, en Afrique, par certains acteurs politiques en panne d’argument, pour mettre à mal la cohésion sociale. De toute évidence, le Burkina, pour des raisons que chacun peut aisément imaginer, ne doit pas s’exposer à ce genre de campagne. Car, il ne faut pas l’oublier, tous les antidémocrates d’ici et d’ailleurs, connus ou camouflés, ne voient pas d’un bon œil le pas de géant démocratique que les Burkinabè ont réalisé. Toutes ces personnes, peut-on dire, pourraient caresser le rêve de voir la campagne qui s’ouvre en vue des municipales, se transformer en une tribune du haut de laquelle pleuvront des tirades susceptibles de mettre le pays à feu et à sang. Les Burkinabè ont le devoir sacré d’éviter ce piège tendu par ces oiseaux de mauvais augure, pour peu qu’ils aient un minimum d’amour pour leur pays. De par le passé, et à plusieurs reprises, ils l’ont fait. Et il faut souhaiter qu’il en soit toujours ainsi. Cela dit, le règne long et sans partage de Blaise Compaoré, a suffisamment édifié les Burkinabè sur les pathologies dont souffraient chroniquement nos conseillers municipaux et nos maires. En effet, dans bien des communes, ceux-ci se sont illustrés comme des personnes indélicates dont le sport favori était la vente illicite et mafieuse des parcelles.

Seuls les gourous des partis politiques ont une idée des potentiels maires

Tous les autres aspects liés à la gouvernance de proximité susceptibles de tirer les populations de la misère et de la précarité, passaient au dernier plan. Sous Blaise Compaoré, c’était chose normale. C’est dans ce contexte que ce régime avait privilégié le scrutin de liste au détriment du scrutin uninominal. Par là, il s’accordait toute la latitude d’imposer aux populations, des maires dociles et corrompus, prompts à retourner l’ascenseur aux bonzes du système qui leur avaient permis d’être des roitelets locaux. En guise de reconnaissance, ces bourgmestres adoubés par la haute hiérarchie du parti contre le gré des militants de base, n’avaient aucun scrupule à gérer le patrimoine des communes dont ils avaient la charge, exclusivement dans le sens des désiderata de leurs « bienfaiteurs ». Et comme l’on ne peut partager le miel sans se lécher les doigts, ils en ont profité en toute indécence et en toute impunité pour s’enrichir outrageusement. Sous d’autres cieux, l’on peut faire le constat que les partis politiques font connaître les identités des hommes et des femmes sur lesquels ils ont jeté leur dévolu pour être des maires, bien avant le scrutin. A charge maintenant, pour les électeurs, de voter en connaissance de cause. Au Burkina, seuls les gourous des partis politiques ont une idée des potentiels maires. Les populations sont laissées dans l’ignorance à dessein. Ce système a accouché de maires impopulaires et sulfureux qui sont convaincus qu’ils n’ont pas de comptes à rendre aux populations de leur circonscription administrative. Toute chose qui est aux antipodes de l’esprit de la décentralisation. Certes, l’innovation majeure que représentent les candidatures indépendantes, peut atténuer le problème des maires parachutés et imposés par les partis politiques, mais il faut reconnaître que cela pourrait ne pas suffire pour porter à la tête de nos mairies, des bourgmestres qui ont une autre idée de leur fonction. Et ce n’est pas en confiant la gestion des parcelles à d’autres structures comme le laissent entendre certains partis politiques, que l’on soignerait cette plaie de la République que constitue la gouvernance chaotique du foncier urbain et rural. L’idéal serait de mettre d’abord en place une gouvernance vertueuse à l’échelle nationale. Et c’est cette cadence d’ensemble qui imposera les bonnes pratiques à nos maires au plan local.

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