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Fête du 1er mai au Burkina : une plateforme revendicative de 57 points remise au gouvernement
Publié le mardi 3 mai 2016  |  Le Pays
Dialogue
© aOuaga.com par A.O
Dialogue social : le Premier ministre rencontre les syndicats
Mardi 23 février 2016. Ouagadougou. Le Premier ministre Paul Kaba Thièba a eu une séance de travail avec les responsables des différents syndicaux à la Primature. Photo : Clément Sawadogo, ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale




Le 1er mai 2016, les travailleurs du Burkina, à l’instar de ceux du monde entier, ont commémoré la Journée internationale du travail. A l’occasion de cette commémoration, l’ensemble des syndicats des travailleurs réunis au sein de l’Unité d’action syndicale (UAS), ont remis au gouvernement un cahier de doléances comptant 57 points de revendication.

Le dimanche 1er mai 2016, il était 8h 30mn, à la Bourse du travail de Ouagadougou, lorsque l’un des organisateurs de la marche-meeting des syndicats réunis au sein de l’UAS, au moyen d’un haut-parleur, annonçait ceci à ses camarades : « Mettez-vous en position par petits rangs espacés, jusqu’au rond-point des cinéastes ». Aussitôt, la marée humaine présente sur les lieux très tôt le matin, commença à se muer non pas dans l’anarchie, mais encadrée par un service d’ordre. La colonne constituée par les marcheurs s’étendait de la Bourse du travail au rond-point des cinéastes. C’est alors que débouchèrent les responsables syndicaux, encadrés par un service de sécurité mis en place pour l’occasion. Ils traversèrent la foule et allèrent se positionner en tête de peloton. Juste après eux, ce sont des femmes, membres des différentes corporations syndicales qui tenaient les bandeaux de tête. Le top de départ est donné et l’on pouvait commencer à se diriger vers la 1re destination choisie par les syndicats pour la remise de leur cahier de doléances. Il était 8h 40mn, sous un soleil de plomb. Une dizaine de minutes plus tard, les responsables syndicaux entrèrent dans la cour de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Là, un aménagement particulier les attendait. En effet, sur l’estrade et sur les escaliers du bâtiment principal, étaient disposées des chaises. Au milieu de la cour, se trouvait un parloir et un micro branché à deux grands haut-parleurs. Visiblement, tout avait été mis en place pour accueillir les syndicalistes. Avec leur cahier de doléances en main, ces derniers n’ont pas attendu longtemps pour voir déboucher une délégation du gouvernement avec à sa tête, Clément Sawadogo, ministre de la Fonction publique, du travail et de la protection sociale. Après les salutations d’usage, la charge incombait au président du mois de l’UAS, Guy Olivier Ouédraogo, de remettre au ministre le cahier de doléances. « Au nom de tous les syndicats, je vous remets ce cahier de doléances », a-t-il prononcé dans le micro, dans un vacarme de « crac, crac, crac... », des appareils des preneurs d’images. Le cahier de doléances en main, le ministre en charge du travail dira ceci aux syndicats : « Le gouvernement tient à vous dire qu’il prend à cœur les questions qui sont contenues dans le cahier, car nous savons qu’il comporte les préoccupations les plus importantes du monde du travail dans notre pays ». Le gouvernement, a-t-il ajouté, se fait un point d’honneur à travailler pour la paix sociale, la relance de l’économie nationale, la résolution des questions sociales du peuple. « Dans les semaines qui suivent, nous allons nous retrouver avec vous pour discuter de son contenu. Nous allons continuer dans le sens de ce qui avait été déjà fait, à savoir le dialogue afin que l’essentiel des préoccupations puisse trouver des réponses », a promis Clément Sawadogo aux syndicats. Et ceux-ci de lui répondre par des « Heyi ! » comme pour dire, « Nous vous tenons à l’œil ! ». C’est sur ces mots que les marcheurs ont quitté la cour de la CNSS pour continuer leur périple. De la CNSS, la longue colonne s’est d’abord dirigée vers la place du « grand lion ». Une fois là-bas, les marcheurs ont pris la direction du rond-point des Nations unies. Les femmes, toujours en avant-garde, arboraient des banderoles aux effigies des différents groupes syndicaux. Des cris sporadiques se faisaient entendre dans la foule. C’est dans cette cadence que les travailleuses et travailleurs ont emprunté ensuite l’avenue Kwame N’krumah jusqu’à son intersection avec l’avenue Houari Boumedienne. A ce niveau, les marcheurs se sont dirigés vers la Cathédrale de l'immaculée-conception avant de tourner à droite pour rejoindre le point de départ à la Bourse du travail. C’est sous des applaudissements nourris qu’ils ont pris place dans la cour de la Bourse du travail rénovée où se tenait un meeting. Il était 9h 54mn.

« Rien de tangible n’a été fait pour rendre justice aux martyrs »

Visiblement fatigué du trajet et un peu essoufflé, le président du mois de l’UAS va tout de même se prêter aux questions des Hommes de médias. « Nous avons mis ce 1er mai sous le signe de l’offensive », a-t-il, d’entrée de jeu, lancé. C’est, pour lui, un message pour dire que les travailleurs doivent rester mobilisés pour que l’on sache qu’ils constituent une force dans notre pays. Mais, a-t-il relevé, la sagesse voudrait qu’ils ne montrent leur force qu’en dernier ressort. « Nous voulons montrer aux yeux des dirigeants du Burkina que nous sommes dans une offensive, une offensive syndicale, pour démontrer ce que nous représentons au Burkina Faso », a-t-il martelé. Déjà, a révélé Guy Olivier Ouédraogo, dans l’application de la loi 081, nous avons évolué car nous avons travaillé avec le gouvernement dans le sens de clarifier certaines choses, pour avoir un échéancier clair pour l’application de cette loi et des autres engagements. « Nous avançons sereinement et nous avons un échéancier clair ; et cet échéancier sera bientôt communiqué à l’ensemble des travailleurs. Au cas où il n’est pas tenu et si nous n’avons pas le choix, nous allons lutter », a-t-il prévenu avant de monter sur le podium pour s’adresser aux travailleurs. Dans ce message, le président du mois de l’UAS est revenu sur la situation sociopolitique particulière qu’a connue le Burkina depuis l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Pour lui, sous la Transition qui a été mise en place, rien de tangible n’a été fait pour rendre justice aux martyrs. « Aussi, malgré les nombreux dossiers de crimes de sang et économiques qui ont jalonné le règne de Blaise Compaoré, aucune action sérieuse n’a été engagée pour recouvrer les biens pillés et punir les coupables et autres commanditaires », s’est indigné Guy Olivier Ouédraogo. En outre, pour le président du mois de l’UAS, les quatre mois de pouvoir du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) sont, entre autres, caractérisés par une aggravation de l’insécurité marquée par des attaques terroristes, un tâtonnement dans la gestion du pouvoir marqué par une mise en place laborieuse des nouvelles structures par les nouvelles autorités. « A propos des recrutements, nous ne pouvons pas cautionner le fait que sous prétexte de lutter contre le chômage, le gouvernement lui-même viole les dispositions du statut général de la Fonction publique et institue un traitement discriminatoire pour des agents qui exécutent le même travail », a-t-il relevé. Guy Olivier Ouédraogo a aussi critiqué la gestion de la Transition qu’il a qualifiée de « gestion mafieuse » et les mises en liberté des maires et autres ministres soupçonnés de malversations sans aucune explication à l’opinion publique. Et le président du mois de l’UAS de terminer sur la crise intervenue à Nagaré où des élèves, après avoir perpétré des actes de violences à l’encontre de leurs enseignants, ont incendié les domiciles de ceux-ci et déchiré le drapeau national. « Tout en convenant avec beaucoup d’observateurs que ces faits sont graves et inquiétants, nous estimons qu’au-delà de l’émotion qu’ils suscitent, il faut les situer dans le cadre de la crise multidimensionnelle que vit notre société et interpeller l’ensemble des acteurs pour la recherche de solutions », a-t-il conclu.

Adama SIGUE
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