Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Burkina Faso    Publicité
aOuaga.com NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Mariages forcés et précoces: «Le Burkina dans le top 10 mondial», selon Amnesty International
Publié le mercredi 27 avril 2016  |  FasoZine
Mariages
© aOuaga.com par Séni Dabo
Mariages forcés et contraception au Burkina : Amnesty international fait un état des lieux
Mardi 26 avril 2016. Ouagadougou. Hôtel Royal Beach. Amnesty international a présenté son rapport intitulé "Contraintes et privées de droits : mariages forcés et barrières à la contraception au Burkina Faso" au cours d`une conférence de presse




Les mariages précoces et forcés volent leur enfance à des milliers de filles dont certaines n’ont pas plus de 13 ans, tandis que le coût de la contraception et d’autres obstacles les empêchent de choisir si et quand elles souhaitent avoir des enfants, écrit Amnesty International dans un rapport rendu public ce mardi 26 avril 2016 à Ouagadougou.

Amnesty International a lancé sa campagne mondiale «Mon corps, mes droits» au Burkina Faso en juillet 2015 dans le but de sensibiliser la population aux obstacles auxquels sont confrontées les femmes et les jeunes filles. L’organisation a rendu public un manifeste des droits humains signé par le président actuel, Roch Marc Kaboré, qui s’est engagé à adopter une position plus ferme contre les mariages précoces et forcés.

Le rapport intitulé «Contraintes et privées de droits : mariages forcés et barrières à la contraception au Burkina Faso» qu’Amnesty International a présenté aux hommes des médias ce mardi, dénonce la situation de nombreuses femmes et jeunes filles qui sont menacées ou battues lorsqu’elles tentent de faire leurs propres choix concernant le fait de se marier ou d’avoir des enfants. Amnesty International estime que «le Burkina Faso se retrouve dans le top 10 des mauvais exemples au plan mondial et 3è derrière le Niger et le Mali en Afrique».

Femme bonus

D’après l’organisation, «en vertu du droit du Burkina Faso, une jeune fille doit être âgée d’au moins 17 ans pour pouvoir se marier. Pourtant, plus de la moitié soit 51,3% des filles âgées de 15 à 17 ans dans la région du Sahel, dans le Nord du pays, sont déjà mariées». Le même rapport indique qu’«au Burkina Faso, des familles marient souvent leurs filles afin de renforcer des alliances familiales, d’acquérir un statut social ou en échange de biens, d’argent et de services». Le rapport évoque aussi la pratique dans certaines zones, du «Pog-lenga» ou «femme bonus» selon laquelle la nouvelle épouse peut aussi amener sa nièce dans la famille de son mari comme une jeune fille en plus à donner en mariage.

De certains témoignages contenu dans le rapport, il ressort que, malgré les efforts du gouvernement pour réduire le coût des contraceptifs, la plupart des femmes et des jeunes filles n’ont pas les moyens de s’en procurer. «Près de 30 % des filles et des jeunes femmes de 15 à 19 ans en milieu rural sont enceintes ou ont déjà eu leur premier enfant, malgré le fait qu’elles sont deux fois plus susceptibles de mourir durant la grossesse ou l’accouchement que les filles de plus de 20 ans».

Alioune Tine, directeur régional pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique Centrale à Amnesty International, fait remarquer que «les taux de mariages précoces et forcés au Burkina Faso sont parmi les plus élevés au monde, et le pays a l’un des taux les plus bas de recours aux contraceptifs».

Réforme en urgence

Fort de ce constat, Amnesty International, tout en félicitant le gouvernement burkinabè qui s’est engagé à changer la loi, l’invite à entreprendre ces réformes de toute urgence afin de veiller à ce que tous les mariages soient enregistrés et vérifiés, et à ce que 18 ans soit l’âge légal pour tous.

Le gouvernement burkinabè a également levé des obstacles financiers auxquels les femmes étaient confrontées dans le domaine de l’accès aux soins durant leur grossesse. Amnesty International lui demande également de franchir cette étape, et de mettre gratuitement à disposition au moins certains produits contraceptifs que les femmes peuvent utiliser en toute sécurité et discrétion.

Pour Amnesty International, « il est crucial que le gouvernement respecte le droit qu’ont les jeunes filles de prendre leurs propres décisions concernant leur corps, leur vie et leur futur. Les engagements récents en faveur de l’élimination du mariage des enfants sont encourageants, mais tant que ces promesses ne seront pas une réalité quotidienne, des jeunes filles en paieront le prix. »

Abel Azonhandé
Commentaires