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Simon Compaoré à propos d’une éventuelle récupération politique des Koglweogo: « Celui qui s’amuse, il va se brûler les doigts»
Publié le lundi 25 avril 2016  |  Le Pays
Incendies
© aOuaga.com par Séni Dabo
Incendies de commerces à Ouaga : les éclairages du ministre en charge de la sécurité intérieure
Mardi 1er mars 2016. Ouagadougou. Le ministre de l`Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité intérieure, Simon Compaoré, a échangé avec des journalistes sur les derniers incendies au marché 14 yaar et le long du mur du ministère en charge de l`environnement




Le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité intérieure, Simon Compaoré, a « chauffé » l’hémicycle dans l’après-midi du 22 avril 2016. Face aux députés de l’Assemblée nationale, le « monsieur sécurité » du Burkina s’est prêté aux questions consacrées à la sécurité du pays, notamment le déploiement du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale française sur le territoire burkinabè, l’épineuse question des groupes d’auto-défense communément appelés Koglwéogo.

S’il y a une question qui fait actuellement des gorges chaudes au Burkina, c’est bien la montée en puissance des Koglwéogo. Ces groupes d’auto-défense, de par les exactions de certains de leurs membres, divisent l’opinion nationale. Qui sont exactement ces associations d’auto-défense ? Comment et pourquoi leur existence subite dans certaines localités du pays ? Quelle est la position du gouvernement par rapport à leur existence ? Que faut-il faire pour recadrer ces « milices » ? Ce sont, entre autres, les questions que les députés de l’Assemblée nationale ont posées au ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité intérieure, Simon Compaoré, à la plénière de l’après-midi du 22 avril dernier. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le « Chef des Koglwéogo », comme l’a surnommé ce soir-là, le président de l’Assemblée nationale (AN), Salifou Diallo, n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour expliquer à la représentation nationale que la création de ces entités d’auto-défense « répond à une exigence » dans un environnement où, a-t-il poursuivi, les attaques à main armée ont dangereusement mis à genoux l’économie locale et nuisent à la sécurité du pays.

Vers une légalisation et un encadrement des Koglwéogo

Contrairement à ceux qui pensent que les Koglwéogo seraient une « milice  spontanée », le ministre Simon Compaoré a expliqué que ces entités ont bel et bien existé dans la société burkinabè. «L’initiative est une émanation coutumière », a-t-il fait savoir, avant de s’enflammer contre certaines opinions qui préconisent hic et nunc leur dissolution. « Ceux qui sont dans les bureaux, sous les climatiseurs et qui déclarent de manière péremptoire, qu’il faut sortir un décret supprimant les Koglwéogo (...), ceux qui pensent qu’on va prendre un décret et dire que telle structure d’initiative n’existe plus, se trompent. Ce n’est pas nous qui avons créé les Koglwéogo (...).  Nous avons plus de 8 900 villages, 45 provinces, 13 régions, 358 communes urbaines et rurales. Quelle que soit notre bonne volonté, on ne peut pas avoir en nombre suffisant des gendarmes, des policiers pour assurer la sécurité des paysans (...). Les systèmes de sécurité et de justice mis en place par l’Etat dans beaucoup de localités ne permettent pas une protection des personnes et de leurs biens, laissant les populations à elles-mêmes face aux délinquants. Ce qui donne une certaine légitimité à ces groupes d’auto-défense», a-t-il lancé à toute l’assemblée. Pour le ministre Simon Compaoré, ce qui préoccupe le gouvernement n’est pas la prolifération de ces groupes d’auto-défense, mais leurs méthodes de travail qui sont « illégales et contraires aux droits humains ». Toutefois, il a indiqué que le gouvernement a privilégié la voie de la sensibilisation et de l’encadrement de ces associations d’auto-défense. Cette voie est fondée sur les dispositions de trois textes de lois, notamment la loi 032-2003 du 14 mai 2003 relative à la sécurité intérieure qui stipule entre autres, que la sécurité des personnes et leurs biens est garantie par l’Etat et assurée par la Force publique avec le concours des citoyens à travers la mise en œuvre d’une Police de proximité et le Code pénal qui punit les actes qualifiés de crimes ou délits. De l’encadrement de ces associations d’auto-défense, le ministre en charge de la Sécurité a fait savoir que le gouvernement compte, non seulement les obliger à se faire reconnaître légalement, mais aussi les accompagner en termes de coordination et de suivi de leurs activités de prévention de l’insécurité tout en formant leurs membres au respect des droits humains. « Les principales difficultés rencontrées jusqu’à présent sur ce qu’il convient de traiter comme dérives des Koglwéogo, résident dans le fait que ces groupes d’auto-défense ne sont pas reconnus légalement et travaillent en violation des lois et règlements sans partenariat avec les services de sécurité de l’Etat», a reconnu le « Chef suprême des Koglwéogo ». Toujours dans sa plaidoirie pour le maintien de ces groupes d’auto-défense, il a révélé que dans le cadre de la relecture du décret sur les Comités locaux de sécurité, un projet prévoit la reconnaissance par l’Etat, des structures communautaires de sécurité, nées de la volonté des populations à la base, dans les villages, secteurs, milieux socio-professionnels pour la prévention de l’insécurité et leur encadrement par une coordination communale de sécurité dirigée par le maire. Mieux, il a estimé qu’une bonne mise en œuvre de ce mécanisme permettra de mettre un terme aux actions désordonnées et aux dérives des Koglwéogo, tout en leur accordant un crédit de légalité au même titre que les autres associations Dozo, Wend-Panga, etc. Par contre, a-t-il prévenu, il ne sera plus question pour des Koglwéogo de passer d’une commune à une autre pour installer d’autres Koglwéogo. Fustigeant ceux qui qualifieraient les Koglwéogo de milices, le ministre Simon Compaoré réplique qu’aucun comportement ou action de ces groupes d’auto-défense ne permet jusqu’ici de les considérer comme des milices. « Si cela s’avérait, le gouvernement prendrait les mesures qui s’imposeraient », a-t-il rassuré. Pour ce qui est des châtiments corporels que certains membres des Koglwéogo font subir à leurs bourreaux, les troubles à l’ordre public ou la défiance de l’autorité de l’Etat, « Monsieur sécurité » a expliqué que le gouvernement est pour l’application rigoureuse des lois et règlements, et tout fautif doit être sanctionné à la hauteur de son forfait, en témoignent les procédures judiciaires engagées contre certains membres des Koglwéogo de la Sissili et de Fada N’Gourma.

« Quand je prenais la mairie, j’avais un salaire de 190 000 F CFA »

Par ailleurs, il a précisé qu’il conduira dès lundi 25 avril, une mission dans les localités où les Koglwéogo se sont signalés par des actes qui n’honorent pas le pays afin de prendre langue avec eux. Autre inquiétude et pas des moindres soulevée par les députés a été la récupération politique de ces associations d’auto-défense. Sur cette question, Simon Compaoré a été on ne peut plus clair. «Celui qui s’amuse, il va se brûler les doigts », a-t-il averti. A la lumière des différentes réponses apportées par le ministre en charge de la sécurité, Simon Compaoré, sur les Koglwéogo, la majorité des députés semblent convaincus que ces associations d’auto-défense constituent un mal nécessaire. Et ce n’est pas le Président de l’Assemblée nationale, Salifou Diallo, qui dira le contraire. Après avoir dépeint le tableau des différents soubresauts qu’a connus le pays, celui-ci a reconnu la légitimité des Koglwéogo en ces termes : « Les Koglwéogo sont nés des carences de l’Etat (...). Ce n’est pas le nouveau pouvoir qui les a créés (...). Et chaque peuple libère son génie créateur face à n’importe quel problème qui se pose. Quand il y a inondation dans un village, on n’attend pas les sapeurs-pompiers pour venir sauver les gens. Spontanément, les gens s’organisent». Et comme pour taquiner ses parents à plaisanterie, les Gourmantchés, « l’enfant du Yatenga » a soumis une doléance au ministre en charge de la sécurité en ces termes : « Nous voulons des Koglwéogo civilisés comme ceux de Ouahigouya. Nous ne voulons pas de Koglwéogo sauvages comme ceux de Fada. Nous voulons des Koglwéogo encadrés ». Une doléance qui a suscité des rires et un tonnerre d’applaudissements à l’hémicycle. D’autres députés à l’image de Alassane Sakandé, président du groupe parlementaire du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), pensent que ceux qui souhaitent beaucoup plus leur dissolution désireraient le contraire si toutefois ils se rendaient en milieu rural où les populations côtoient permanemment l’insécurité. « Certains parlent de dissolution de ces associations d’auto-défense ; délocalisons l’hémicycle, allons à Logobou et parlons mal des Koglwéogo. On verra si on reviendra à Ouagadougou avec nos écharpes », a-t-il lancé à la représentation nationale.

Quid du déploiement du Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) française à Ouagadougou ?
Sur cette question, Simon Compaoré a rappelé qu’il n’a jamais été question du déploiement d’une unité de la gendarmerie française sur le sol burkinabè. Mais, a-t-il noté, il n’est pas exclu qu’il y ait un partage d’expériences entre les Forces de défense et de sécurité des deux pays.
A la doléance du député Ollo Ferdinand Somé de revaloriser la fonction des maires par leur rémunération, l’ancien bourgmestre de la ville de Ouagadougou s’est irrité, car, pour lui, on n’a pas besoin d’avoir un gros salaire pour diriger une mairie.  « Quand je prenais la mairie de Ouagadougou en 1995, j’avais un salaire de 190 000 F CFA, toutes indemnités confondues. Alors que le maire de Libreville au Gabon percevait 5 millions de F CFA avec des à-côtés », a-t-il illustré.

Mamouda TANKOANO
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