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Chronique : Nagaré s’est égaré, mais…
Publié le vendredi 22 avril 2016  |  Sidwaya




Vous êtes étonnés que Nagaré se soit égaré ? Non, ne soyez pas surpris, Nagaré n’est qu’un échantillon de l’incivisme aigu dans lequel nous pataugeons. Nagaré n’est qu’un exemple parfait de la déchéance des valeurs familiales et nationales. Nagaré est aussi le signe de l’absence de l’autorité, le laxisme et la démission de la société.

Vous vouliez des enfants plus épanouis avec des droits, rien que des droits ? Ça y est, vous les avez. Vous vouliez des enfants de la démocratie, libres comme le vent et insouciants ? Voyez comment la pépinière pousse bien ! Rien ne se perd, tout se transforme en bien ou en mal. La graine que nous semons aujourd’hui germera et grandira. Mais il ne s’agit pas seulement de semer au hasard comme dans un bazar. Il faut entretenir les jeunes plants, mais entre nous, pensez-vous vraiment que nos enfants sont bien éduqués ? Que de pourritures alimentées de « bêtises » et arrosées de complaisances. Depuis que l’enfant est devenu une propriété privée, personne ne se sent redevable de la perdition du gamin du voisin. Depuis que la chicote a fui les classes, les élèves sont devenus d’ignares intouchables, hautains.

Depuis qu’un parent d’élève peut se plaindre pour sévices infligés à sa « poubelle », le maître enseigne la queue entre les jambes. Depuis que l’école est devenue un enclos de détention de cancres barbus sans moyenne, le système éducatif est « virusé » et endommagé. Depuis que l’Etat a dit amen aux donateurs en laissant passer nos enfants comme du bétail à l’abattoir, à qui voulez-vous confier l’avenir de ce pays ? Aujourd’hui au CP1, CE1 et CM1 on ne redouble plus et au CP2, CE2 par exemple, il faut avoir de bonnes raisons pour faire redoubler un grand nombre de « crétins ». Il faut respecter un ratio et certains parents consciencieux sont obligés de négocier nuitamment avec l’enseignant pour faire redoubler leur « vaurien ».
A mille lieux de la ville, sans la moindre commodité de travail, l’enseignant se saigne sans parvenir à remplir le dixième des têtes vides à lui confiées. Sous une paillote à la merci du vent et de la pluie, il écrit sur un tableau bancal en grinçant des dents. Gare à lui si la saison des pluies le surprend à son poste avant la fin du troisième trimestre, il nagera pour rentrer chez lui ou se résignera à passer ses vacances en « brousse ». Pendant ce temps, son promotionnaire aux bras longs tournera le pouce au ministère en attendant sa décoration pour service rendu à la nation. Le « pauvre » n’est qu’un simple salarié, il n’est pas assez motivé pour instruire, de surcroît, pour éduquer. Quid des parents ? Là, c’est la totale !

On confie son enfant à l’école pour le récupérer les vacances. On ne passe même pas s’enquérir de son évolution, de son comportement. On voit à peine ses cahiers, on ne se soucie pas de son encadrement social et éducatif. L’enfant devient un mouton qu’on attache le matin au pâturage pour le détacher le soir venu. Regardez nos enfants aujourd’hui, certains ne savent même pas écrire correctement leur nom à quelques pas du CEP. Même le remplissage du « cahier de présentation » est devenu une prestation facturée, confiée à un calligraphe plus adroit et à un dessinateur plus ingénieux. Quand on aime son enfant, on est prêt à toutes les « bêtises ». Nous ne parlerons pas des dealers de « pétrole ».

Dans un tel « fumier », seule la racaille pousse bien. Alors pourquoi voulez-vous qu’ils respectent les feux tricolores si l’adulte au volant les brûle impunément et menace même le policier de lui créer des problèmes. Pourquoi voulez-vous que ces enfants respectent les couleurs nationales s’ils ne savent même pas ce que signifie le vert, le rouge ou l’étoile jaune ? Pourquoi voulez-vous qu’ils sachent chanter l’hymne national par cœur s’ils voient à la télé l’autorité politique ou administrative le chanter mot à mot en trébuchant et en regardant le texte du Ditanyè sur une feuille ? Très souvent ces donneurs de leçons ne savent même pas chanter notre hymne national et nous sommes prêts à mettre notre main au feu. Les élèves de Nagaré se sont mal bagarrés, ils se sont égarés en déchirant notre sacré drapeau.

Ils ont eu tort ! Mais entre nous, combien sommes-nous à déchiré ce même drapeau dans les passations de marchés publics, dans nos deals illicites parfois au plus haut sommet de l’Etat ? Combien sont-ils aujourd’hui à s’enrichir de façon exponentielle sans raison valable et objective ? Il y a longtemps que le drapeau de mon pays est en lambeaux. Malheureusement, les prétendus défenseurs de notre drapeau sont les premiers pyromanes du même drapeau.

Clément ZONGO
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