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Journée continue à l’école primaire: effectif depuis le 1er avril, des enseignants s’inquiètent
Publié le jeudi 7 avril 2016  |  FasoZine
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© Autre presse par DR
Journée continue à l’école primaire: effectif depuis le 1er avril, des enseignants s’inquiètent




La journée de travail continue dans les classes des écoles d’enseignement primaire, les centres d’éducation de bases non formels et les établissements d’enseignement post primaires générales est effective sur toute l’étendue du territoire national depuis le vendredi 1er avril 2016. Ce qui ne se passe pas sans désagréments.



Par cette mesure, les jours et les horaires de travail ont subi un réaménagement. Les lundi, mardi, jeudi et vendredi, les horaires de classe vont de 7h30 à 12h et de 14 heures à 16 heures. Le mercredi, les horaires vont de 7h 30 à 12 h uniquement. Le samedi, le dimanche ne sont plus des jours de classes ainsi que l’après-midi du mercredi. Au post primaire, les cours débutent à 7 heures.

La mesure a été prise par arrêté conjoint du ministre en charge de l’Education nationale et celui de la Fonction publique et du Travail le 11 janvier 2016 dans le but de conformer le secteur de l’éducation de base à celui du monde du travail qui applique la journée continue depuis le 15 septembre 2015.

Nouveaux horaires appliquées

Pour constater l’effectivité de ces nouveaux horaires nous avons fait un tour dans trois écoles primaires de la ville de Ouagadougou. A l’Ecole primaire publique de Bilbalgho, la mesure est appliquée conformément aux prescriptions de l’autorité. A 12 heures, les élèves des différentes classes sont libérées et sont priés de rejoindre les classes deux heures après, tel que le stipule l’arrêté. De l’avis de l’institutrice de la classe de CP2 de ladite école, Amélie José Sangli-Kouldiaty, les nouveaux horaires sont appliqués dans l’ensemble sans couacs majeurs.

«C’est un début et cela se passe assez bien. Nous avons commencé le 1er avril comme la note nous le demandait. Avant de débuter, on avait pu sensibiliser les élèves par rapport à l’heure. On peut dire que c’est un décalage d’horaire. On a remonté d’une heure pour commencer à 14 heures et terminer à 16 heures. On peut dire que cela a bien démarré malgré le retard de quelques élèves», nous explique-t-elle.

Comme elle le précise, une note du secrétaire général du ministère en charge de l’Education nationale datant du 5 février invitait les différents acteurs à s’approprier la nouvelle organisation et à sensibiliser les élèves durant les mois de février et de mars avant l’effectivité de la mesure en début avril. La décision est est censée permettre «l’économie de carburant et la conformité des heures de descente des parents d’élèves avec ceux de leurs enfants ». Cependant les difficultés ne manquent pas.

Canicule et manque de restauration !

L’un des désagréments selon l’enseignante, est la canicule. «A 14 heures, on n’est pas assez reposé pour rentrer en classe. Cela fait qu’on est lourd et il fait très chaud présentement, ce qui rend la tâche difficile », précise l’institutrice. Ce qui fait que quelques élèves dorment et arrivent souvent en retard.

L’autre inquiétude qu’elle soulève est l’absence de cantine scolaire dans l’école pour les élèves et les enseignants. « Même si leurs parents leur apportent à manger, qui est chargé de leur surveillance dans la cour de l’école durant la pause?» interroge-t-elle…

Pour Julien B. Sawadogo, directeur de l’école maternelle primaire privée Sainte Monique du secteur 2 rencontré à l’heure de la pause dans son bureau, le véritable problème demeure la canicule qui est source de fatigue: « Il fait tellement chaud actuellement et ce n’est pas facile. Aussi, ceux qui habitent loin de l’établissement ne rentrent plus à la maison et c’est chaque parent qui apporte à manger à son enfant. En tout cas ce n’est pas facile. Mais comme ce sont des enfants ils vont s’adapter ».

Mais de l’avis général des deux formateurs, c’est une question de temps et tous les acteurs finiront par s’adapter. Ce qui n’est pas de l’avis de Arnold Mwandja Bangou, instituteur à l’école primaire publique de Zogana B, par ailleurs Secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation de base (Sateb), dont le témoignage est le suivant :

« Ici par exemple, nous avons un problème de restauration. C’est l’heure de la descente et il n’y a pas de restaurant au niveau de l’établissement. Il faut donc aller en ville pour chercher de quoi manger. Nous sommes en avril et le soleil n’est pas clément. Il est vraiment difficile pour les enfants d’aller chez eux et de revenir à l’heure pour suivre les cours. La pause n’est que de deux heures. Donc, nous avons dit en son temps au gouvernement, avant que la mesure ne s’applique, qu’il fallait des mesures d’accompagnement comme des cantines scolaires fonctionnelles et de qualité au niveau des écoles.

Malheureusement, vous constatez avec nous que cela n’est pas le cas. Il n’est pas facile aussi pour les collègues de se déplacer et se restaurer et d’être dans les conditions. Vous allez rester au sein de l’établissement sans pouvoir avoir une douche et continuer les cours jusqu’à 16 heures c’est vraiment difficile. Ce ne sont pas des conditions idoines pour que vous puissiez exécuter convenablement votre tâche. Chez nous il y a un dicton qui dit que lorsque tu n’as pas les moyens de stopper un voleur, tu es obligé de l’accompagner. Et comme nous n’avons pas les moyens pour stopper la mesure et surtout qu’elle est déjà en application, c’est malgré nous que nous subissons cela. Notre vision est que cela aura un aspect négatif au plan pédagogique pour les enfants et le personnel enseignant et cela va jouer sur les résultats scolaires ».

Dimitri Kaboré/Guy Serge Aka
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