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Lignes de force Panama Papers : paradis fiscaux, enfer des peuples africains
Publié le mardi 5 avril 2016  |  Le Pays




A peine rendus publics, les résultats de l’enquête du consortium de journalistes internationaux sur « Panama Papers », défraient la chronique. En effet, l’enquête révèle qu’entre 1977 et 2015, plus de 214 000 entités offshore auront été créées ou administrées par la seule firme panaméenne Mossack Fonseca, dans 21 paradis fiscaux de plus de 200 pays. Parmi les clients de cette firme, figurent des célébrités telles que le quintuple ballon d’or, Lionel Messi, des proches de chef d’Etat africains dont Clive Khulubuse Zuma, neveu du président sud-africain Jacob Zuma, John Addo Kufuor, fils de l’ancien président ghanéen John Kufuor, Jean Claude N’Da Ametchi, proche de l’ancien chef d’Etat ivoirien Laurent Gbagbo, bref la liste est longue. En vérité, cette affaire est sans nul doute le deuxième plus grand scandale planétaire après les révélations de wikileaks en 2010 sur les télégrammes diplomatiques américains portant, entre autres, sur les écoutes téléphoniques de certains dirigeants d’Afrique et d’Europe. Il convient d’abord de rendre hommage aux journalistes pour ce travail de fourmi d’autant que l’enquête aura duré 9 moi et porte sur plus de 11 millions de documents provenant de Mossack Fonseca. Cela dit, il est triste de constater que le monde a atteint le summum de l’immoralité. Qui aurait cru que Lionel Messi, quintuple ballon d’or, ambassadeur de l’UNICEF, classé en 2013 comme la 4e personne la plus influente de la planète, pouvait être cité dans cette affaire rocambolesque ? Une affaire qui met l’Afrique dans la boue et qui n’est peut-être que la face visible de l’iceberg. En attendant que la liste exhaustive des personnes impliquées soit connue, on peut dire que les personnalités citées en Afrique, ne sont que des porteurs de djembé. Les vrais propriétaires des fonds qui dorment dans les paradis fiscaux sont les princes qui étaient ou qui sont aux affaires. Et c’est peu dire que cette affaire tombe mal pour Jacob Zuma qui fait actuellement face à une procédure de destitution pour ses scandales à répétition. En tout cas, à travers ces révélations, le consortium de journalistes apporte de l’eau au moulin de l’opposition sud-africaine qui réclame à cor et à cri la tête de Zuma.

Si le continent noir accuse un retard dans son développement, c’est bien à cause aussi des pratiques mafieuses

C’est aussi une flèche de plus dans le carquois de l’opposition de la République démocratique du Congo qui accule Joseph Kabila dont la sœur, Jaynet Désiré Kabila Kyungu, figure sur la honteuse liste des personnalités qui ont opté pour la courte échelle pour faire fortune. Mais au-delà du combat politique des oppositions que ces révélations pourraient renforcer, elles viennent mettre à nu les mauvaises pratiques de certains dirigeants africains. Si le continent noir accuse un retard dans son développement, c’est bien à cause aussi de ce genre de pratiques mafieuses. En vérité, les paradis fiscaux ne sont ni plus ni moins que l’enfer des peuples, surtout africains. En effet, pendant que la jeunesse africaine fait face à un chômage endémique, des présidents et leurs proches thésaurisent à l’étranger. Et c’est en cela d’ailleurs qu’il est bon de se poser la question de savoir ce qui sera fait après ces révélations? Car une chose est de révéler l’existence de paradis fiscaux, une autre est d’œuvrer au rapatriement des fonds volés. Car, au-delà du lourd tribut que paient les peuples africains, ce phénomène nourrit le terrorisme. Et si l’on tient à vaincre cette pandémie du XXIe siècle, il faudra livrer un véritable combat sans merci contre les paradis fiscaux. Et sur ce plan, l’on pourrait compter plus sur les Américains qui sont à cheval sur une grande valeur morale : la bonne gestion de la chose publique.

Dabadi ZOUMBARA
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