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Phénomène "Koglwéogo", bases militaires étrangères au Burkina : la position de défenseurs des acquis de l’insurrection populaire
Publié le dimanche 3 avril 2016  |  Autre presse
Les
© Autre presse par DR
Les Koglweogo




Ceci est une déclaration de la Coordination des comités de défense des acquis de l’insurrection populaire (CDAIP) de la ville de Ouagadougou sur le phénomène "Koglwéogo" ou groupes d'auto-défense et le renforcement de la présence de bases militaires étrangères au Burkina.

Depuis quelques temps, et particulièrement depuis le mois de janvier 2016, nous assistons à une multiplication d’actes politiques posés par les tenants du pouvoir qui tendent à remettre en cause certains acquis et espoirs qu’ont permis l’insurrection populaire d’octobre 2014 et la résistance victorieuse au putsch de l’ex RSP de septembre 2015. Notre peuple combatif et héroïque, au prix du sang versé, s’est engagé résolument sur la voie de son émancipation sociale et nationale. La Coordination des Comités de défense des acquis de l’insurrection populaire (CDAIP) de la ville de Ouagadougou, par cette déclaration, entend se prononcer sur les questions sécuritaires qui constituent une préoccupation légitime du peuple, et appeler le peuple de Ouagadougou à la vigilance et à la lutte pour la défense et l’approfondissement des acquis de l’insurrection et de la résistance populaires.
A l’instar de beaucoup de régions du pays comme l’Est et le Centre-Ouest, la ville de Ouagadougou et les localités qui l’entourent sont aujourd’hui confrontées au fléau de l’insécurité. Nous pouvons citer à ce propos, l’attaque djihadiste du 15 janvier, l’attaque de la poudrière de Yimdi, les multiples incendies de marchés, les braquages d’institutions financières, de boutiques et domiciles, parfois en plein jour par des bandits souvent lourdement armés, etc. Dans les campagnes ce sont : les vols de bétails, de récoltes, les coupures de routes, les attaques de villages même en plein jour marquées parfois par des viols et assassinats, etc.

A cette situation sécuritaire alarmante qui accable les populations de la ville, il faut ajouter d’autres maux tout aussi préoccupants que sont : le ralentissement de la vie économique, le marasme dans le milieu des affaires, la vie chère et la faim qui tenaillent de nombreuses familles de la ville, la fermeture de nombreuses PME/ PMI et les pertes d’emploi, les salaires non payés, le chômage massif des jeunes, etc.

C’est dans ce contexte particulièrement dramatique pour les populations des villes et des campagnes que l’on assiste ces derniers mois à l’essor fulgurant et populaire des kogl-wéogo. Cependant cette apparition inquiète et fait peur dans les milieux bien-pensants des villes qui parlent de remise en cause de l’Etat de droit ou de l’Etat tout court. Mais à la réflexion, l’apparition des kogl-wéogo mis en place par les populations elles-mêmes dans nos villes et campagnes n’est pas dû au hasard, elle est la conséquence de deux faits majeurs : la faillite totale de l’Etat dans la sécurisation des personnes et de leurs biens d’une part et d’autre part par l’élévation du degré de conscience de lutte et organisationnelle des masses paysannes et des villes pour défendre leurs intérêts et résoudre par elles-mêmes leurs problèmes, inspirée en cela par l’insurrection populaire d’Octobre 2014. Ensuite que veut dire l’Etat de droit pour des millions de burkinabè qui se voient confisquer, de fait, le droit de produire et de vivre par des bandits qui, bien souvent, opèrent avec la complicité de certains acteurs des milieux sécuritaires et judiciaires ? On se demande si ceux qui jettent l’anathème sur tous les kogl-wéogo mesurent ce que représente le vol d’un animal de trait pour une famille paysanne pauvre, déjà abandonnée par l’Etat du fait des Programmes d’Ajustement Structurel (PAS) adopté par ce même Etat ? Aujourd’hui n’en déplaisent aux bien-pensants, dans certaines zones comme le Ziro et la Sissili, ces structures d’auto-défense, en 5 mois, ont considérablement réduit les vols et les braquages, chose que l’Etat n’a pu faire depuis plus de trente ans ! Au demeurant, ils devraient s’intéresser davantage à la minorité mafieuse qui écument les caisses de l’état en toute impunité depuis 30 ans et qui continuent à vivre en toute sécurité et à gérer les affaires de l’Etat ! Dans les conditions actuelles, refuser d’une manière ou d’une autre que les populations s’organisent de façon autonome pour se défendre et se protéger, sous prétexte d’Etat de droit n’est ni plus ni moins qu’une remise en cause du droit à la vie et à la sécurité de ces millions de personnes contraintes de ne pouvoir compter que sur elles-mêmes.
Mais alors que nos populations, après l’insurrection d’octobre 2014 et la résistance au putsch de septembre 2015, mettent en œuvre des formes d’organisation et de lutte qui ouvrent de bonnes perspectives de sécurisation et d’autogestion dans la dynamique de leur quête de justice, de bien-être et d’indépendance véritable pour notre pays, nous assistons, malheureusement, à une autre logique, celle du renforcement des bases militaires étrangères présentes dans notre pays. Le ministre des affaires étrangères actuel, Monsieur Alpha Barry, le 16 mars à Paris, à propos d’un déploiement prochain du Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (GIGN) français dans notre pays déclarait : « Nous avons envisagé de mutualiser les moyens, et il est question de renforcer le dispositif de sécurité de la France dans la sous-région » et d’ajouter que « les discussions sont en cours entre les ministres chargés de la sécurité, pour voir les modalités d’une telle opération, si le gouvernement burkinabè marquait son accord pour un tel déploiement »(Lefaso.net du 16 mars 2016). En visite en Côte d’Ivoire suite aux attaques terroristes de Grand-Bassam le 16 mars 2016, Monsieur Simon Compaoré, ministre d’Etat chargé de la sécurité intérieure, interrogé par RFI sur la question du déploiement d’une cellule d’intervention rapide du GIGN français à Ouagadougou a répondu que « toutes les coopérations, grandes ou petites, étaient utiles ». Ces propos de deux importantes personnalités de l’Etat indiquent clairement que le pouvoir actuel s’inscrit dans la même logique d’aliénation de la souveraineté et de la dignité de notre peuple au même titre que le pouvoir de Blaise Compaoré et celui de la transition. Du reste, c’est le Ministre français de l’intérieur de passage à Abidjan, qui le premier a donné l’information.
On se souviendra que le gouvernement de transition dirigé par Yacouba Isaac Zida et Michel Kafando avait signé des accords militaires secrets avec l’Etat français qui couvraient, par exemple, les militaires français d’impunité dans tout acte répréhensible qu’ils viendraient à commettre ; l’Etat burkinabè devant répondre à leur place. L’on pourrait comprendre pourquoi l’affaire d’attouchement sur mineurs impliquant des militaires français à Ouagadougou est restée sans suite. Notre peuple a également en mémoire que c’est l’armée française qui a exfiltré Blaise Compaoré le 31 octobre 2014 pour le soustraire à la justice de notre pays.

La logique politique actuelle du pouvoir en place qui vise à renforcer la présence militaire étrangère dans notre pays, notamment de la France et des Etats-Unis, est une trahison de l’insurrection et de la résistance populaires du peuple dont la trame de fond était la quête de justice, de liberté et d’indépendance véritable de notre pays. Elle est diamétralement opposée à celle qui inspire les kogl-wéogo.

Cette logique de renforcement des bases militaires étrangères sur notre sol aggravera l’insécurité pour notre peuple et le pouvoir en sera tenu pour responsable.

Face aux velléités de remise en cause des acquis de l’insurrection, notamment la liberté des populations des campagnes et des villes à s’organiser de façon autonome, la Coordination des CDAIP de la ville de Ouagadougou :
- affirme son soutien aux initiatives d’auto-défense appelées kogl-wéogo et leur volonté de s’organiser de façon autonome pour lutter contre l’insécurité dans les campagnes et pour l’amélioration des conditions de vie des masses paysannes ;
- dénonce et rejette le projet de déploiement d’une cellule du GIGN français à Ouagadougou ;
- exige le départ des bases militaires étrangères, françaises et des Etats-Unis, établies dans notre pays.
La Coordination des CDAIP de la ville de Ouagadougou appelle, par conséquent, le peuple de la ville de Ouagadougou à :
- poursuivre la mise en place des CDAIP dans les marchés et yaars, quartiers, secteurs et arrondissements pour assurer la veille citoyenne, défendre et approfondir les acquis de l’insurrection et de la résistance populaires;
- exiger du pouvoir la satisfaction des préoccupations pressantes du peuple, notamment en matière de jugement des crimes économiques et de sang dont les martyrs de l’insurrection et du putsch du 16 septembre, d’emplois pour la jeunesse, d’eau, d’électricité, de logement.

Pour la Coordination des CDAIP de la ville de Ouagadougou

Le porte-parole
Yacouba KIENTEGA

N.B : la titraille est du site
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