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Mme Claire Guembré : l’initiatrice des clubs de développement villageois dans le Bam
Publié le mercredi 30 mars 2016  |  Sidwaya




Bam, dans sa province natale, Mme Claire Guembré ne passe pas inaperçue. Elle est connue de la communauté pour les activités de développement qu’elle y mène. Combattante de la cause féminine, elle a initié, avec ses camarades, des clubs de développement dans tous les 57 villages de la commune de Kongoussi, chef-lieu de la province du Bam. Arrêt sur une promotrice de développement communautaire, présidente de l’Association féminine Songmanegré pour le développement (AFD) rencontrée à Kongoussi en fin mars 2016 !


Depuis son enfance, le rêve de Mme Guembré était d’embrasser le métier d’enseignant. Pourquoi ? Elle aimait les enfants et elle pensait qu’il n’y a pas un métier plus noble que de partager son savoir avec les autres. L’envie d’exercer ce métier l’amènera à plusieurs reprises à passer le concours de l’Ecole nationale des enseignants du primaire (ENEP) mais sans succès. Finalement, la chance lui sourira à la Société nationale burkinabè d’électricité (SONABEL) où elle sera recrutée comme agent de recouvrement. « J’avais voulu être enseignante, le Seigneur a voulu autrement et je rends grâce à Dieu », lance-t-elle. Cependant, son rêve d’enfance ne sera pas totalement brisé, mieux, au lieu de partager son savoir et son expérience avec les enfants, elle le fera avec des communautés.

En effet, avec un groupe de ressortissants de sa province natale, ce quadragénaire met en 2000 sur fonts baptismaux, l’Association féminine Songmanegré pour le développement (AFD) reconnue officiellement en 2004, dont elle est la présidente. Elle travaille et réside à Ouagadougou mais consacre ses temps libres aux préoccupations de sa communauté. Le siège de l’AFD se trouve à Nané, son village natal, situé à 6 km de Kongoussi avec des représentations à Kongoussi et à Ouagadougou.

A l’origine, l’association est née pour lutter contre l’excision. Et en 2015, elle a été hissée au premier rang au niveau provincial comme étant la plus dynamique dans le domaine. Sous son impulsion, pendant 10 ans de lutte contre cette pratique, plus de 92 personnes souffrant d’accolement ou de séquelles de l’excision ont bénéficié des réparations par son association au centre médical de Kongoussi. « Cette femme n’est plus à présenter dans notre commune, vu son dynamisme et son pragmatisme sur le terrain. A travers son association, elle est présente dans tous les villages de la commune où elle mène des activités de promotion de la femme ; son association a été reconnue comme la plus dynamique dans le domaine de l’excision », a apprécié le préfet, président de la délégation spéciale de la commune de Kongoussi, Idrissa Gansoré. Au fil du temps, l’AFD, en plus de la lutte contre l’excision, va s’attaquer à d’autres thématiques comme l’autonomisation des femmes par l’octroi de microcrédits et la santé de la reproduction notamment la planification familiale.

Pour mieux impacter les communautés, l’association de Mme Guembré a mis en place des clubs d’écoute dans chaque village de la commune de Kongoussi. Un club est composé de 10 femmes accompagnées de deux relais, un homme et une femme. Ces clubs constituent la base de l’AFD dans les villages. A l’installation de ces clubs, la présidente est tombée sur un club où tous les membres avaient chacun un bébé. En voulant comprendre, les femmes lui ont expliqué qu’au village « on se marie à l’adolescence et on procrée jusqu’à la ménopause ». Aussi, dans un autre club, parmi les 10 femmes, seule une avait 4 enfants, les 9 autres avaient des enfants dont le nombre varie entre 8 et 12 enfants. Ces cas ont convaincu Mme Guembré à s’investir dans la planification familiale. « Cela fait 5 ans que l’on sensibilise les femmes à la planification familiale et à l’utilisation des méthodes de contraception. Les femmes ont adhéré, elles nous disent que les choses ne sont plus comme avant où soit tu as un bébé au dos, soit tu es enceinte. Avec la PF, elles ont le temps de s’occuper d’elles-mêmes et de leurs familles », se réjouit-elle. Tous les membres des clubs en âge de procréer utilisent, à en croire Mme Guembré, des méthodes de contraception. Et elle travaille pour que ces modèles amènent les autres femmes à adhérer à l’utilisation des méthodes de contraception.

Les membres des clubs sont formés à l’alphabétisation, à l’entrepreneuriat féminin, à la gestion des clubs et à la santé de la reproduction. Toute la stratégie de l’AFD repose sur ces clubs. « Les club constituent la base de l’AFD dans le village. Au début, quand on convoque une réunion à Kongoussi, beaucoup de villages ne sont pas représentés ; c’est ainsi que nous avons doté chaque club d’un vélo. Aussi, pour leur permettre de suivre les informations, on a remis à chaque club une radio », explique Mme Guembré.

Défenseur de la cause féminine, elle souffre dans sa chair quand elle voit des jeunes filles avec des grossesses non désirées. « Les grossesses en milieu scolaire persistent malgré nos sensibilisations. C’est triste car ce sont des vies qui se brisent. J’ai HÉBERGÉ temporairement une dizaine de filles enceintes chez moi à domicile parce que les parents les ont mises dehors à cause de leur grossesse», regrette-t-elle.

L’Association Songmanegré soutient également les filles-mères, celles chassées pour cause de grossesse. Mme Guembré cite l’exemple d’une fille qui fait la fierté de son association. Tombée enceinte en classe de 3e, la jeune fille a été rejetée par sa famille. L’association l’a soutenue jusqu’à l’accouchement et a pris attache avec ses parents pour qu’elle réintègre la famille. Elle a repris le chemin de l’école et cette année, elle fait la classe de Terminale. Et présentement, raconte Mme Guembré, c’est son propre père qui s’occupe de l’enfant pendant que sa fille est à l’école. « Les communautés de base, les bénéficiaires reconnaissent nos actions et cela constitue un motif de satisfaction», s’est-elle réjouie.

L’engagement de Mme Guembré pour la promotion de la femme est parti de plusieurs constats. Cette mère de trois enfants, calme, posée, teint d’ébène constate que la plupart des femmes n’ont pas de revenus propres à elles et qu’il y a beaucoup d’injustice à leur égard. « Vous trouvez des hommes qui ont trois voitures et leurs épouses vont à pied au marché ou à l’église », s’indigne-t-elle.Mme Guembré n’a pas encore reçu de distinction officielle et elle se plaît à dire que la distinction qu’elle a obtenue reste la reconnaissance des communautés à la base. Elle rêve de pouvoir partager son expérience avec d’autres associations nationales et extérieures.

Boureima SANGA
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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