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Docteur TRAORE Ibraïma : « Les élèves et étudiants burkinabè ont une attitude défavorable à l’égard du besoin d’indépendance et d’autonomie et de la prise de risque »
Publié le jeudi 27 septembre 2012   |  lefaso.net


TRAORE
© Autre presse par DR
TRAORE Ibraïma Docteur en sciences de gestion


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Il est docteur en sciences de gestion. Il vient de soutenir son Doctorat de troisième cycle sur l’entrepreneuriat. Avec mention très honorable à l’université d’Ilci Paris-Ville (France). De retour au pays, il répond à certaines de nos préoccupations à travers cette interview.

Nous savons que vous avez travaillé sur plusieurs thèmes concernant l’entrepreneuriat. Cependant pouvez-vous nous donner des précisions sur le titre de votre dernier thème ?

Le titre du travail de recherche qui vient d’être fait paraît complexe. Il revêt en effet de multiples aspects et nécessite une réflexion pertinente, notamment en ce qui concerne l’emploi et l’éducation d’une part et l’entrepreneurship des élèves et étudiants d’autre part. Il est intitulé : « Emploi, éducation et entrepreneurship : cas des diplômés des enseignements secondaire et supérieur au Burkina Faso ».

Pourquoi un tel thème ?

Nous avons choisi de travailler sur l’entrepreneuriat compte tenu de l’enjeu que cette activité indépendante représente dans notre pays qui est confronté à un véritable problème d’emplois. Le chômage des jeunes diplômés, toutes spécialités confondues, est aujourd’hui un phénomène qui va crescendo eu égard à l’essoufflement de l’administration publique et la faiblesse des structures privées à créer et offrir des emplois.

A titre illustratif, cette année, plus de 405 000 candidats se sont présentés aux concours directs d’entrée à la Fonction publique alors que 5 400 postes seulement sont à pourvoir. Ce qui correspond à un taux de couverture de 1.33 %. Au travers de ce déséquilibre, apparaissent en filigrane toute l’ampleur et toute l’urgence du défi qui s’offre à l’autorité burkinabè, au secteur privé, au système éducatif et de façon générale à l’ensemble des familles burkinabè qui doivent absolument réagir afin de sortir les jeunes de cette spirale négative.

Comment réussir l’entrepreneuriat quand on sait qu’il y a des caractéristiques entrepreneuriales à acquérir ?

Au fond, la motivation, les aptitudes et les attitudes entrepreneuriales sont celles qui rendent l’action efficace. Le terme « action » devant être entendu non pas dans un sens technique ou spécialisé, mais dans un sens personnel, comme la capacité d’une personne à atteindre les buts qu’elle poursuit. Ces caractéristiques entrepreneuriales ainsi mises en avant, l’entrepreneur potentiel, après l’assimilation d’un savoir et d’un savoir-faire technique, aura plus de chances de mener à bien son projet. Nous pouvons donc dire que l’acquisition des caractéristiques entrepreneuriales permet en partie de contribuer, « à priori », à la réussite de l’affaire qui va être créée. L’éducation formelle est la source d’acquisition la plus importante des caractéristiques entrepreneuriales des jeunes même si le niveau d’acquisition reste en deçà des attentes. Malheureusement le système d’éducation actuel est trop normé et situe en son cœur l’abstrait et non l’expérimentation, c’est-à-dire l’esprit d’entreprise.

Dans ces conditions, comment l’école avec son organisation actuelle, ses programmes et ses enseignements peut-elle contribuer à l’émergence de l’entrepreneuriat ?

Il est vrai qu’à travers le paradigme pédagogique classique, la transmission des connaissances se fait par le biais des méthodes basées sur la rationalisation, le cartésianisme etc. Les aspects comme les initiatives personnelles n’ont pas leur place. Cependant, nous pensons que le paradigme pédagogique traditionnel est toujours nécessaire car il permet à travers la transmission de connaissances et de certaines valeurs de développer la capacité d’esprit de synthèse et d’analyse, lesquelles sont indispensables aussi à l’entrepreneuriat. L’esprit d’entreprendre, quant à lui, permet de commencer une affaire, et s’intéresse plus à l’initiative, à la perception d’opportunité, à la création et la prise des risques dans les affaires. Aussi, en dehors des pédagogies traditionnelles, l’éducation doit inclure des pédagogies de l’action, basées sur l’enseignement par expérimentation des attitudes et des aptitudes entrepreneuriales

A travers ce nouveau paradigme pédagogique de l’action, comment pourrait-on donner aux élèves le goût d’entreprendre ?

Autant, l’école peut donc donner le goût d’une matière, de la même manière elle peut donner le goût d’entreprendre. Pour ce faire, l’école doit faire pratiquer les attitudes favorables à l’entrepreneurship à travers des projets entrepreneuriaux. En pratiquant ces attitudes et en appliquant à la lettre les règles y afférant, le pratiquant finira par développer des reflexes liées à l’entrepreneurship, lesquels lui permettront de résoudre de plus en plus avec aisance des problèmes entrepreneuriaux de plus en plus complexes.

Quelles recommandations faites-vous en direction de l’Etat pour l’émergence de l’entrepreneuriat des jeunes diplômés ?

Hormis l’association des pédagogies de l’action au paradigme pédagogique classique, nous recommandons :
la poursuite de l’amélioration des conditions structurelles avantageuses et le renforcement d’un environnement social favorable basé sur les valeurs et la culture entrepreneuriales dont l’école sera chargée de faire partager, accepter, apprendre, pratiquer et transmettre ;
la promotion de la culture entrepreneuriale de façon générale dans toute la société et en particulier en milieu scolaire à l’aide de l’introduction de cours d’entrepreneuriat et de pratiques des attitudes entrepreneuriales à tous les niveaux d’études ;
la mise en place d’une formation liée à la culture entrepreneuriale en direction des enseignants et des établissements d’assistance financière ;
le rapprochement des écoles et des universités des entreprises en vue de permettre aux élèves et aux étudiants de vivre souvent des expériences concrètes liées à l’entrepreneuriat ;
Pour les besoins du moment, l’identification des jeunes élèves et étudiants présentant les attitudes les plus positives vis-à-vis de la prédisposition générale à l’entrepreneurship afin de les aider financièrement à créer leur propre entreprise.

Que pouvez-vous dire au sujet de l’acquisition des prédispositions générales à l’entrepreneurship des jeunes diplômés ?

Les élèves et étudiants burkinabè ont une attitude défavorable à l’égard du besoin d’indépendance et d’autonomie et de la prise de risque. Cependant, ils possèdent dans une certaine mesure les prédispositions générales vis-à-vis de l’entrepreneurship. Il est à noter d’une part que plus le niveau d’éducation est élevé, plus cette prédisposition générale à l’entrepreneurship est appréciable et d’autre part que le type d’entrepreneuriat prédominant chez ces jeunes est l’entrepreneuriat-opportuniste.

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