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Sidwaya N° 7262 du 26/9/2012

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Laïcité au Burkina Faso : Des pistes pour un renforcement du principe juridique
Publié le jeudi 27 septembre 2012   |  Sidwaya




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Ce matin, 27 septembre 2012, s’ouvre à Ouagadougou le « débat national sur la laïcité ». En prélude aux échanges, des acteurs du monde religieux, coutumier et juridique donnent leur point de vue sur les tenants et les aboutissants de ce concept au «  pays des Hommes intègres ».

L’article 31 de la Constitution stipule que le Burkina Faso est un Etat démocratique, unitaire et laïc. Selon l’agrégé des Facultés de droit et expert constitutionnaliste, Pr Abdoulaye Soma, il n’y a pas plus noble pour un principe juridique que d’être consacré par la « Loi fondamentale  » de son pays. A l’entendre, la tenue effective d’un forum national sur la laïcité peut se justifier par la révision constitutionnelle du 11 juillet 2012 qui accorde un statut particulier à certaines autorités, notamment celles coutumières. Ce qui, de l’avis du chef de canton de Loanga, dans le royaume de Tenkodogo, Naaba Boulga, est une nécessité qui va permettre de définir la place de l’Etat démocratique par rapport aux communautés religieuses. « Cette rencontre est la bienvenue, car elle va fixer les limites entre l’Etat et les différentes religions et ce, pour éviter tout débordement », a-t-il ajouté, visiblement heureux. L’imam du Cercle d’étude, de recherche et de formation islamiques (CERFI), Ismaël Tiendrébéogo, abonde dans le même sens. Pour lui, l’opportunité dudit forum réside dans le fait que c’est une émanation du Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP). A cette rencontre, dit-il, la communauté musulmane avait souhaité la mise en œuvre d’un Observatoire national sur la laïcité en vue d’attirer l’attention de qui de droit, en cas de contravention, au contenu du concept. L’imam du CERFI, affirme que cette volonté a fait long feu, car en lieu et place, il avait été proposé un forum inclusif sur la question. «  En soi, nous estimons qu’il vient à point nommé dans la mesure où cela nous permettra de faire le bilan de notre vie commune sous la laïcité et de dégager ce qui pourrait, à terme, remettre en cause l’équilibre entre les religions et partant, celui de la Nation  », a-t-il estimé.
A la question de la définition de la laïcité, Pr Soma renvoie à l’histoire de la France. Il déclare que le concept est apparu au XIIIe siècle et jusqu’au XVIIIe siècle, c’était un principe anticlérical, c’est-à-dire orienté vers la contestation de l’autorité du Pape par les politiciens.

Séparation entre le spirituel, le temporel, le divin et l’humain

Cette rébellion contre l’autorité papale, souligne-t-il, signifiait l’exclusion de l’Eglise de la gestion des affaires publiques, entraînant de fait, la distinction entre le spirituel et le temporel, le divin et l’humain. Même son de cloche chez l’imam Ismaël Tiendrébéogo. Celui-ci va plus loin en situant la laïcité à la française à trois niveaux, à savoir « la laïcité de combats  » (opposition à l’autorité religieuse), «   la laïcité de fait » (désaffection à la religion) et « la laïcité institutionnelle » (séparation des organes de l’Etat de la religion). « La laïcité française comprend deux aspects. Premièrement, il n’y a pas d’empiètement du pouvoir religieux sur celui politique et vice versa. Deuxièmement, l’Etat n’a pas une préférence religieuse donnée. C’est la compréhension qu’on peut avoir au plan juridique », laisse t-il entendre. En sa qualité de croyant, l’imam Tiendrébéogo conçoit la laïcité comme une solution des humains à la gestion de la cohabitation du pouvoir politique avec la multitude de croyances religieuses dans un pays donné. La spécificité de ce concept, à son avis, tient au fait qu’on ne peut l’emprunter à autrui, car il dépend de l’histoire et du contexte socioculturel du pays. En cela, il soutient que la pratique de la laïcité au Burkina Faso est bien particulière. Par exemple, fait-il savoir, les Burkinabè ont plutôt tendance à associer les religieux et les coutumiers lors des crises comme celle de 2011. Naaba Boulga juge que cet état de fait est la preuve de la symbiose entre les différentes communautés, quand bien même elles ne sont pas de la même confession. Pr Soma, pour sa part, relève que le « pays des Hommes intègres  » ne connaît pas de problème majeur dans sa pratique de la laïcité. L’imam Tiendrébéogo est du même avis, mais relativise.

Des attitudes à revoir dans un Etat laïc

En effet, il indique que certains comportements peuvent mettre à mal cet équilibre. Il s’agit du refoulement de certaines filles voilées dans des salles de composition, de l’expulsion de certaines d’elles des salles de cours. Il dénonce également ce qu’il appelle "un manque de considération" de l’enseignement privé utilisant l’arabe comme langue de transmission des savoirs alors qu’il représente plus de 90% des établissements privées au Burkina Faso, la non reconnaissance des diplômes issus de ces écoles, l’absence de créneau d’insertion de ces diplômés et «  la gestion calamiteuse du pèlerinage à la Mecque  » par les autorités. Comme recommandations pour renforcer le concept de la laïcité, l’imam conseille «  que chacun prenne conscience, qu’en réalité, le sort du pays est du ressort de tous et qu’il convient de travailler, main dans la main, au-delà de nos croyances religieuses, pour relever les défis  ». Par ailleurs, il dit attendre de l’Etat, le strict respect de l’équité dans le traitement des différentes religions et la création davantage de cadres de rencontres et de concertations avec toutes les tendances confondues, qu’elles soient coutumières ou religieuses. Le professeur Abdoulaye Soma donne sa recette-miracle ou « pour aller loin dans la laïcité ». Il exhorte les autorités à être claires et précises dans la définition de la laïcité, notamment en légiférant sur la question. En tous les cas, il précise que des compétences existent au plan national (dans les domaines philosophique, social, juridique…) pour éclairer le politique en la matière. Naaba Boulga prie les leaders des différentes communautés religieuses à cultiver l’esprit de l’union, car c’est à ce prix, ajoute-t-il, que l’on pourra renforcer la démocratie et la paix sociale.

Nestor BAKI
Karim BADOLO
(Stagiaire)

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