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Le Quotidien N° 801 du 26/6/2013

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Burkina Il faut humaniser les sites d’orpaillage
Publié le mercredi 26 juin 2013   |  Le Quotidien




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Ils étaient là bien avant les sociétés minières. Eux, ce sont les orpailleurs. Dieu seul sait, malgré leur inorganisation, ce qu’ils ont apporté à l’économie du pays et à l’amélioration de la qualité de vie de bien des Burkinabè. De nombreuses familles sont sorties de la pauvreté à cause d’une pépite. Le Burkina leur doit donc une fière chandelle. Il faut avoir l’honnêteté de reconnaître non seulement leur rôle de pionnier dans l’exploitation du métal jaune, mais aussi leur contribution à l’essor économique nationale. Mais tout métier, en particulier celui de l’exploitation artisanale de l’or, a son revers. Cette activité charrie tellement de problèmes qu’on en oublie ses effets bénéfiques. Il y a d’abord le problème numéro un qui est celui de l’insécurité. Même si les orpailleurs ont leurs propres codes et règles de travail, il n’en demeure pas moins que l’insécurité a pignon sur rue sur les sites aurifères et dans les villages environnants. On pourrait même parler de jungle où seul le plus fort survit. Le Burkina ne peut se permettre de laisser ainsi exister des no man’s land où les lois de la république sont bafouées. C’est pourquoi l’idée de mettre en place une police spéciale chargée de ces sites à haut potentiel criminogène est la bienvenue. Encore faut-il qu’elle soit à la hauteur des enjeux. Car il s’agit pour l’Etat, à défaut d’interdire l’exploitation artisanale d’or, d’assurer un minimum de sécurité aux personnes de bonne foi qui s’y adonnent. Aucun exploitant d’or, sauf s’il a un dessein malveillant, ne peut refuser la protection de la police. Car il a tout à perdre dans une situation de pagaille généralisée, comme c’est le cas actuellement. On voit même de plus en plus des maisons d’orpailleurs et des villages entiers attaqués par des bandits, en toute impunité.
La présence policière peut aussi permettre d’assainir un tant soi peu les sites d’orpaillage en ce qui concerne la prostitution, le travail des enfants, l’usage de produits nocifs pour l’environnement, etc. La prostitution est en effet la deuxième plaie des sites où l’or est exploité artisanalement. Certaines croyances sont très ancrées chez les orpailleurs. Le développement de la prostitution ne répond donc pas uniquement à des besoins sexuels, mais aussi à des pratiques occultes. Dans tous les cas, le résultat est catastrophique : montée en flèche de la prostitution et prolifération de maladies sexuellement transmissibles. Le Sida que le Burkina, à force d’abnégation, a réussi à faire reculer, pourrait reprendre son essor à partir des sites d’or. C’est donc toute la politique nationale en matière de santé et surtout de lutte contre le Sida qui est ainsi menacée. Une raison valable pour légitimer toute action des pouvoirs publics en vue d’endiguer ces poches d’où peut repartir l’épidémie. On ne peut passer sous silence les nuisances que la prostitution et la violence font aux villages environnants. Ces populations autochtones regardent avec impuissance leurs villages se dégrader au contact des « envahisseurs » d’orpailleurs. Elles tirent certes un bénéfice économique de la découverte de l’or, mais à l’heure du bilan, la désillusion peut être grande pour elles. Il y aura cette nature dévastée par le creusage des trous et l’usage de produits toxiques, ce mode de vie défiguré et ces enfants ne comprenant que le langage de l’or. Il faut insister sur cette fascination que l’or exerce sur bien des jeunes, attirés par l’enrichissement rapide. Ils courent ainsi de site en site, abandonnant leurs pauvres et parfois vieux parents aux travaux champêtres.
Mais peut-on leur en vouloir quand l’avenir n’offre aucune perspective pour eux ? Ces jeunes ne se voient plus en train de gratter toute une saison une terre ingrate pour quelques graines de céréales. Ils aspirent aussi à un mieux-être que malheureusement le pays ne leur offre pas. Alors, le choix est souvent vite fait : fuir le pays ou chercher de l’or.Dans l’un ou l’autre cas, ils doivent « se chercher ». Voilà pourquoi l’Etat doit impérativement œuvrer à trouver une perspective pour la jeunesse du pays. Sinon, cette ruée très souvent infructueuse et dangereuse vers l’or ne prendra pas fin de sitôt. Mais en attendant, puisqu’on voit mal comment à brève échéance la jeunesse burkinabè aura de quoi s’occuper décemment, des solutions doivent être trouvées au drame qui se joue sur les sites d’orpaillage. Rien que le travail des enfants, dont beaucoup désertent les bancs d’école, devrait susciter une mobilisation générale. L’humanisation des lieux d’extraction traditionnelle de l’or est de ce fait devenue une urgence nationale .

La Rédaction

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