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Le Pays N° 5203 du 26/9/2012

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Crise politique au Togo : Rien ne s’arrange
Publié le jeudi 27 septembre 2012   |  Le Pays




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Au Togo, l’opposition ne baisse pas les bras. Depuis plusieurs mois sous sa seule bannière et depuis quelques semaines dans le cadre du « Collectif sauvons le Togo » , elle continue de battre le pavé pour une réelle démocratie au Togo. Et, à ses yeux, une telle perspective n’est possible qu’avec le départ hic et nunc du président Faure Gnassingbé. Elle a donc mis la barre très haut. Mais, rien ne prouve qu’elle ne reverrait pas ses prétentions à la baisse, si des négociations sincères étaient ouvertes. Car, elle sait bien que sa demande relève d’un rêve difficilement accessible, surtout sous nos cieux. Qu’elle se renseigne auprès d’autres oppositions, en Afrique et elle aura une idée du sort réservé à ce type de revendication ! Déjà que les dirigeants sont insensibles aux manifestations populaires demandant de simples réformes politiques, on voit mal comment ils en viendraient à démissionner du fait de la pression de la rue. Seul le président Abdoulaye Wade, dans l’histoire politique récente du continent, en dépit de sa soif du pouvoir, a reculé face à la colère du peuple. Il avait ainsi dû remiser son projet de création d’un poste de vice-président. Mais le Sénégal n’est pas le Togo. La culture démocratique au pays de Léopold Sédar Senghor est sans commune mesure avec celle du pays de Sylvanus Olympio. Les pères de l’indépendance ont légué deux pays aux destins divergents. Alors que le Sénégal vient de sortir d’une élection présidentielle irréprochable qui a donné lieu à une alternance, le Togo, lui, continue de chercher ses marques. Si le fils Gnassingbé se met dans le sillage de son père, il n’y a pas de doute que l’opposition usera ses semelles à marcher, pour rien. Sauf si elle parvient à paralyser la vie économique au point d’obliger le pouvoir à s’asseoir autour de la table de négociation.

C’est pour éviter justement ce pourrissement que le pouvoir s’acharne à fragiliser le mouvement de contestation en cours, tantôt par la répression, tantôt par d’autres moyens plus subtils. Mais il faut dire que le régime togolais risque d’épuiser toutes ses stratégies pour contenir l’opposition, tant celle-ci semble déterminée à maintenir la mobilisation par la rue. La main tendue du pouvoir, pour un dialogue conduit par le Premier ministre, on l’a vu, a été rejetée par le « Collectif Sauvons le Togo », convaincu qu’il s’agit d’une nouvelle manœuvre politicienne. Dans un tel cas de figure, seul un dialogue dénué de calculs égocentriques peut sauver le pays du chaos. L’opposition, en demandant le départ immédiat du président, pourrait, dans le cadre de discussions, exiger seulement que la loi sur la limitation des mandats soit rétroactive. En effet, si Faure Gnassingbé remet les compteurs à zéro en 2015, il est parti pour faire des décennies au pouvoir. Chose inconcevable dans cette Afrique en mutation où les longs règnes sont un critère déterminant de mal gouvernance. Mais l’entendra-t-il de cette oreille ? On en doute fort. Tout est fait pour qu’il se présente en toute virginité en 2015. C’est dire si les perspectives d’un horizon serein propice au développement du pays, sont encore lointaines.

Mahorou KANAZOE

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