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Burkina: Roch Kaboré "a respecté un engagement" politique en passant à une 5e République (Ex-député, INTERVIEW)
Publié le lundi 21 mars 2016  |  Alerte Info
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© aOuaga.com par A.O
Politique : les députés adoptent le nouveau code électoral
Mardi 7 avril 2015. Ouagadougou. Conseil national de la transition (CNT). Les députés ont voté par 75 voix pour, 10 contre et 3 abstentions le projet de loi portant modification du code électoral. Photo : Hervé Ouattara




Le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, "a respecté un engagement" politique tenu lors de sa campagne, selon l’ex-député de la transition, président du groupe Organisation de la Société civile (OSC) Hervé Ouattara, dans une interview accordée à ALERTE INFO.

Quel a été l’apport du groupe Organisation de la Société civile (OSC) au Conseil national de Transition (CNT, organe législatif) ?

Alors le bilan a été rendu public et il ressort qu’il y a plus d’une centaine de lois qui ont été votées. Ce qu’il faut retenir, c’est que la majeure partie de ces lois ont été l’œuvre des groupes OSC parce que nous avons beaucoup travaillé sur les lois portant sur le délit d’apparence, le code minier, la loi 010 qui concerne même les OSC, et travailler également sur une proposition de Constitution que nous avons d’ailleurs transmis à la Commission Justice, Vérité et Réconciliation. Il y a assez de lois quand même sur lesquelles nous avons travaillé. Je pense en mon humble avis que nous avons apporté notre contribution afin que notre pays soit sur les concerts des nations.

Etes-vous satisfaits ?

Je vous dis tout de suite que je suis très satisfait. Nous sommes allés sans expérience. Il y a eu des tâtonnements au début mais j’avoue que je suis satisfait dans la mesure où des choses importantes ont été dégagées. Et cela nous a permis d’ailleurs d’être aujourd’hui dans un pays de paix avec un (nouveau) président démocratiquement élu (le 29 novembre 2015 avec 54% de voix).

Le nouveau président Roch Marc Christian Kaboré veut mettre en place une commission pour un passage à une cinquième République, quel est votre avis ?

Ça fait partie des engagements pris par son excellence Roch Marc Christian Kaboré qui disait lors de sa campagne électorale que, s’il venait à être élu, il allait en six mois statuer sur la question de la cinquième République. Donc je crois que c’est déjà une bonne chose qu’il ait respecté cet engagement. Nous attendons de voir la suite. On a attend de voir quelle équipe composera cette commission constitutionnelle, le travail qu’elle fera. C’est en fonction de tout ça que nous pourrons donner notre point de vue.

Vous-étiez proche de l’ex-Premier ministre Yacouba Isaac Zida dont la nomination en tant qu’ambassadeur aux Etats-Unis d’Amérique (USA) a été abrogée par le nouvel exécutif, quel est point de vue à ce sujet ?

Alors si vous permettez, je ne voudrais pas aborder ce sujet pour l’instant. Par contre, je crois que le fait qu’un nouveau décret a été pris par son excellence Roch Kaboré abrogeant le premier décret, c’est tout à fait son droit. En tant que président de la République s’il estime qu’il y a quelqu’un de mieux indiqué pour le représenter aux Etats-Unis d’Amérique (USA), c’est tant mieux. Il n’y a pas à polémiquer à ce niveau.

Le nouveau gouvernement a évoqué des cas de blanchiment de 86 milliards F CFA, qu’en pensez-vous ?

Notre pays à traverser des difficultés depuis un certain temps. Alors ce que je souhaite, c’est de comprendre mieux sur cette affaire de blanchiment parce que d’autres voix se sont levées pour dire que ce n’est pas seulement 86 milliards qui sont concernés par ce blanchiment. J’ai écouté le Réseau national de lutte anticorruption (REN-LAC), peut-être que je n’ai pas très bien compris, mais ce que le réseau dit, je ne pense pas que ça soit comme ça.

La justice a été saisie à ce sujet donc nous attendons de voir pour que la lumière soit faite sur cette affaire et que nous soyons plus éclairés. Aujourd’hui avec cette question de blanchiment, nous ne savons pas les tenants et les aboutissants. Donc au fond nous-mêmes nous ignorons ce qui se passe autour de cette affaire et nous attendons de plus amples informations. Mais s’il y a eu effectivement un blanchiment d’argent que lumière soit faite sur cette affaire.

Quelle est votre lecture sur le phénomène des groupes d’autodéfense dénommés, Koglwéogo, qui divise les Burkinabè ?

Alors vous savez que là où l’Etat failli le peuple prend sa responsabilité. Si l’Etat laisse toujours un écart dans sa façon de faire cet écart sera toujours rattrapé par les peuples en quête permanente de mieux être et de mieux vivre dont la sécurité. Donc c’est souvent l’inconséquence de l’Etat qui amène toutes ces questions-là. Alors aujourd’hui, je pense que le phénomène Koglwéogo vient poser encore la même question permanente de l’insécurité au Burkina.

Nous pensons qu’aujourd’hui, si des gens veulent la suppression des associations Koglwéogo, l’Etat doit faire en sorte que la question sécuritaire au Burkina soit revue et que les populations se sentent en sécurité. Et que ceux qui sont rattrapés par la justice soient entendus pour éviter certains écarts et dérapages. Sinon les Koglwéogo ne peuvent pas disparaitre pendant qu’il y a toujours un vide, un manquement dans la sécurisation des biens et des personnes. Si on n’est pas sûr d’être en sécurité dans notre zone, on prendra nous-mêmes notre responsabilité pour nous sécuriser.

Et c’est qui arrive avec le phénomène des Koglwéogo. Donc posons les questions relatives aux mécanismes éventuels de sécurisation des personnes et des biens et de l’intégrité territoriale qui serait efficace de sorte à surplomber les Koglwéogo. Là, vous verrez que ce problème se va se résoudre lui-même. Sinon il serait très hasardeux de vouloir détruire des associations légitimes.

Maintenant, l’autre volet qui est un peu inquiétant et que moi je déplore, c’est lorsque ces groupes d’autodéfense se substituent à la justice. Ça ce n’est pas leur rôle. Et je crois que c’est là que la communication devrait se développer afin que les gens comprennent qu’en dehors de la justice aucune n’est habilitée à faire des jugements et à infliger des sévices corporels à des gens. Donc il faut véritablement cette communication pour permettre une bonne cohabitation entre les Koglwéogo et les forces de défense et de sécurité.

Quelle est votre appréciation sur les mesures de recrutements annoncées par l’Etat pour réduire le chômage ?

Personnellement, je trouve que ce sont des mesures salutaires, elles ont leur juste valeur. Maintenant la question qu’il faut poser c’est comment concrètement cela va se réaliser, que va devenir ces personnes qu’on va recruter, je veux dire leur carrière. Est-ce qu’ils pourront évoluer comme n’importe quel fonctionnaire de l’Etat burkinabè ? Est-ce qu’ils pourront bénéficier de bon revenu mensuel ? Passeront-ils de la catégorie A à B comme le régie la loi du travail ? C’est-à-dire quelle est clairement leur carrière professionnelle.

Sinon, c’est déjà bon que des mesures musclées comme ça soient prises dans le sens de la réduction du chômage. Maintenant une chose est d’avoir la volonté et une autre est de réaliser cela, à partir du moment où on dit que les caisses de l’Etat sont vides.

Pensez-vous comme certains que ce sont des mesures à visée électoraliste ?

Ce serait assez grave si tel est le cas. Aujourd’hui promettre des postes à des jeunes et les laisser après dans la nature, on ne devra pas être surpris un jour de voir le pays à feu. Ça serait très grave et je pense que les dirigeants actuels savent ce qu’ils font. Cela m’étonnera que ces mesures soient pour des visées électoralistes. Le mandat politique du gouvernement ne s’arrête pas en 2016 car il y a des échéances qui viennent. A moins qu’ils veulent se limiter seulement à un mandat. Sinon ce n’est pas bon pour leur compte. Donc mois je ne vois pas les choses sous cet angle, je crois plutôt qu’ils savent ce qu’ils font, sinon chacun récoltera ce qu’il a semé.

Certains estiment qu’après la transition les OSC sont tapis dans l’ombre. Que répondez-vous à cela et que devient votre organisation le Citoyen africain pour la Renaissance (CAR) ?

Le CAR va bien. Nous avons nos rencontres permanentes. Nous sommes en train de réveiller nos structures parce que le combat n’est pas fini. Mais il y a un temps pour parler et il y a un temps pour observer les choses. Je crois qu’on est à ce niveau actuellement sinon nous existons. Nous ne sommes pas encore morts comme certains l’avaient prédit. Nous vivons et nous allons tenir.

Maintenant de façon générale est-ce que les OSC sont tapis dans l’ombre, je ne le crois pas. C’est comme ce que j’avais évoqué en haut chacun sait qu’il y a des périodes pendant lesquelles il faut avoir la grande gueule mais il y a des périodes aussi où il faut observer pour être plus important.

Quelles seront les actions du Citoyen africain pour la Renaissance (CAR) dont vous êtes également le président pour les municipales du 22 mai.

Comme d’habitude nous allons toujours demander aux populations la cohabitation pacifique pendant cette période. Elles doivent se dire que ce ne sont que des élections. Donc, il n’y a pas de raisons que nous soyons ennemis. Bien sûr on peut ne pas se comprendre sur un certain nombre d’aspects mais cela devrait se résoudre par le dialogue. Nous devons tout faire pour éviter à notre pays ce que certains pays ont connu en termes de guerre, violence et insécurité. Ce qui fait notre force c’est la cohabitation et la solidarité dont nous devons tout faire pour toujours réussir le pari afin que le Burkina soit un exemple pour les autres pays.

L’ex-président de la transition Michel Kafando est actuellement le Représentant de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) dans des pays comme le Niger pour surveiller des élections. Quel est votre commentaire ?

Si le président Michel Kafando a toujours la force après avoir conduit la transition (du Burkina) jusqu’à installer les nouvelles autorités, s’il peut rendre service à travers la francophonie à d’autres pays, c’est tant mieux. Toute façon à quoi ça sert d’être dans la solitude chez lui pendant qu’on a besoin de son expertise de diplomate et d’homme d’Etat. Je pense que nous devons l’encourager et d’ailleurs le féliciter.

Aussi nous pouvons même demander à ce qu’il partage l’expérience du Burkina dans d’autres pays et qu’il soit la voix du Burkina Faso et de sa population pour dire aux présidents qui souhaiteraient toucher leur Constitution (en vue de se maintenir au pouvoir notamment) de ne pas le faire et de respecter leur pays. Moi je crois qu’il a une mission dans ce sens-là. Une mission, c’est vrai, de consultation mais également une mission de persuasion pour ceux qui ne respectent pas encore leur Constitution.



BBO
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