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Dialogue intérieur / Elections au Bénin, au Niger, au Sénégal et au Congo : Plusieurs scrutins, divers enjeux
Publié le vendredi 18 mars 2016  |  Le Pays
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© aOuaga.com par A.O
Situation nationale: deuxième jour de la médiation de la CEDEAO
Au deuxième jour de leur arrivée au Burkina (19 septembre 2015), les présidents sénégalais Macky Sall et béninois Boni Yayi continuaient toujours leur médiation avec les composantes socio-politique burkinabè au nom de la Communauté économique des Etats de l`Afrique de l`Ouest (CEDEAO)




Dimanche électoral en Afrique, est-on tenté de dire, au regard des scrutins qui auront lieu ce jour-là sur le continent. En effet, les Béninois, les Sénégalais, les Nigériens et les Congolais sont appelés aux urnes dans leurs pays respectifs, ce 20 mars 2016. Au Bénin, il s’agit de départager les candidats au second tour de la présidentielle. Il en est de même pour le Niger. Au pays de Senghor, le corps électoral est convié à un référendum à la faveur duquel il devra voter « Oui » ou « Non » à des réformes proposées par le régime de Macky Sall. Au Congo Brazzaville, c’est le premier tour de la présidentielle. Ces élections n’ont pas les mêmes enjeux. Loin s’en faut. On a ainsi plusieurs scrutins avec divers enjeux.

Le Bénin se donne, une fois de plus, une occasion de s’illustrer positivement

Au pays de Kérékou, l’enjeu majeur est de confirmer la place du pays en tant que phare de la démocratie sur le continent. Le Bénin, c’est une évidence, est un bon élève en matière de démocratie. En témoignent les élections apaisées, les alternances sans heurts majeurs, pour ne citer que cela. Contrairement à bien d’autres pays africains où élections riment avec tricheries, manipulations de textes par le pouvoir en place et par voie de conséquence, violences, les consultations électorales au Bénin se passent dans le calme, la quiétude et la transparence. Les perdants s’inclinent sans contestations majeures. Les scores serrés des candidats en lice pour le second tour de cette présidentielle, attestent encore, si besoin en était, de la maturité du peuple béninois.
Le candidat du pouvoir sortant, Lionnel Zinsou, fait face à un challenger de poids. Si on s’en tient aux annonces de ralliements, le candidat soutenu par Thomas Boni Yayi se trouve même en grande difficulté. Mais, il conserve toutes ses chances avec ses soutiens aussi. En ce qui le concerne et même si on est d’avis que rien n’est plié, le candidat de l’opposition, Patrice Talon, est maintenant en très bonne posture. Du moins, au regard des ralliements dont il a bénéficié pour ce second tour. En effet, le soutien de la vingtaine d’autres candidats du premier tour dont celui du candidat arrivé troisième, communément appelé « faiseur de roi », qu’il a reçu, peut faire peser la balance de son côté. Mais, au-delà des candidats, c’est le Bénin qui se donne, une fois de plus, une occasion de s’illustrer positivement en matière d’élections apaisées et fiables.
Au Niger voisin, le décor est tout autre. On sait que le candidat Hama Amadou, admis à concourir au second tour face au président sortant, Mahamadou Issoufou, a maille à partir avec la Justice de son pays. Ses partisans et alliés réunis au sein de la COPA (Coalition pour l’alternance) 2016 exigent sa remise en liberté. Face au refus de la Justice de donner suite à cette requête et à ce qu’ils qualifient d’irrégularités graves dans la gestion de la présidentielle, les opposants ont annoncé leur intention de boycotter le scrutin si rien ne changeait.
Ces opposants se retrouvent aujourd’hui « orphelins », leur mentor, le candidat Hama Amadou, ayant été évacué, depuis sa prison, vers la France pour des soins. L’information selon laquelle il souffrirait d’une « maladie chronique » vient compliquer la tâche à ses partisans et ses soutiens. En tout cas, cette information ne fait pas l’affaire de l’opposition ni du candidat lui-même. Le pouvoir ne manquera pas d’en faire son miel. Bien des électeurs nigériens pourraient aussi se demander s’ils peuvent confier les destinées de leur pays à quelqu’un dont l’état de santé n’est pas au beau fixe. Mais il y aura certainement aussi tous ces frustrés par le cas Hama Amadou, qui pourraient montrer peu d’engouement pour ce second tour. La principale préoccupation pour le camp du président candidat, sera donc de réaliser un bon taux de participation pour cette victoire quasi actée.

La bonne tenue au Bénin, contraste gravement avec la «mascarade» électorale qui s’annonce au Congo

Quant au Sénégal, le référendum attendu est une occasion de hisser un peu plus haut le fanion de la démocratie. Les partisans du «Oui» dont le président Macky Sall et les partisans du «Non» se livrent une rude bataille. Parmi les partisans du «Non», il y en a qui ont été pour beaucoup dans la victoire de Macky Sall à la dernière présidentielle face à Abdoulaye Wade. Ceux-là reprochent au président sénégalais de n’avoir pas tenu ses engagements de campagne. Il est vrai que l’un des points qui auraient donné plus de piquant à ce référendum, est la réduction de la durée du mandat présidentiel. Macky Sall alors candidat, l’avait promis, mais cela n’est plus à l’ordre du jour de ce référendum. Certes, le président Sall exhibe le fait que la Cour constitutionnelle saisie à cet effet, a donné un avis défavorable à ce projet de réduction de la durée du mandat présidentiel, mais ils sont nombreux à soutenir qu’il n’a pas tenu parole. Comme on peut le constater, en dépit des positions contradictoires des uns et des autres, le débat tourne in fine autour du renforcement de la démocratie au pays de la Téranga. L’enjeu principal pour le Sénégal donc, c’est de renforcer un peu plus sa gouvernance démocratique qui est déjà un des modèles les plus réussis du continent africain.
Ces trois scrutins en Afrique de l’Ouest sont donc plus ou moins des exemples de réussite en matière de démocratie dans la région. Ce qui est loin d’être le cas de la présidentielle au Congo. Le président candidat, Denis Sassou Nguesso, a promis de gagner sans coup férir face à ses opposants et ce, dès le premier tour. Un tel scénario ne serait pas vraiment une surprise. Quand un chef d’Etat tripatouille à l’envi la Constitution de son pays pour s’accrocher au pouvoir, on ne voit pas comment il peut accepter de perdre des élections. On s’attend donc à ce qu’il "fabrique" des résultats à la hauteur de sa mégalomanie. Ce pays est un de ceux qui portent le bonnet d’âne en matière de démocratie en Afrique. Tant que le clan Sassou sera aux affaires, il est fort à craindre que ce pays figure parmi les cancres de la démocratie sur le continent. La bonne tenue constatée au Bénin, au Sénégal et dans une certaine mesure au Niger, contraste gravement avec la «mascarade» électorale qui s’annonce au Congo.

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