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Retrait envisagé de la gestion des parcelles aux maires : pourvu que l’on ne déplace pas seulement le problème
Publié le mardi 15 mars 2016  |  Le Pays
Assemblée
© Assemblée Nationale par Paulin Piga N`Do
Assemblée nationale : c`est parti pour la première session post-transition
Mercredi 2 mars 2016. Ouagadougou. Le président de l`Assemblée nationale, Salif Diallo, a donné le coup d`envoi de la première session ordinaire de l`année 2016 de l`institution au cours d`une cérémonie solennelle




A l’occasion de la première session parlementaire de l’Assemblée nationale marquant le début de la 7e législature, tenue le 2 mars 2016 dernier, Salifou Diallo a évoqué dans son discours, la nécessité d’aller vers une gestion plus transparente des ressources foncières du pays. Dans cette perspective, une commission d’enquête parlementaire a été annoncée pour se pencher sur l’épineuse question du foncier urbain. Par rapport à cette problématique, il est envisagé le retrait de la gestion des parcelles aux maires. Et ce qui motive cette idée est que bien des maires ont failli, dans la gestion du foncier urbain. En tout cas, le président de l’Assemblée nationale semble le dire quand il soutient que «de graves lacunes plombent notre processus actuel de décentralisation». « Ces graves lacunes » dont parle le chef du parlement ont certainement plusieurs facettes mais la facette la plus hideuse, peut-on dire, pourrait être de loin la manière dont des bourgmestres indélicats ont géré les parcelles dans le pays. Et pour appeler les choses par leur nom, il sied de dire que dans bien des cas, cette gestion a été, on ne peut plus mafieuse. Les exemples qui peuvent étayer ce jugement sont légion. Combien de fois, en effet, a-t-on assisté à des mouvements de colère des populations contre des maires qui ont accaparé à leur seul profit, un nombre impressionnant de parcelles ? Et que dire des maires qui, nuitamment, ont parcellisé des espaces verts pour ensuite les revendre à prix d’or ? Fama, le personnage principal du roman de A. Kourouma « Les soleils des indépendances », disait que « les morceaux les plus viandés » des indépendances africaines étaient le poste de sous-secrétaire du parti unique et celui de la présidence d’une coopérative. Et ceux qui avaient en charge ces fonctions, a-t-il insisté, pouvaient se sucrer comme ils voulaient tant qu’ils ne tarissaient pas d’éloges vis-à-vis du président de la République. De la même manière, l’on peut affirmer sans grand risque de se tromper, que les postes les plus juteux sous l’ère Compaoré étaient le poste de maire et celui de conseiller municipal, notamment en ce qui concerne les grandes localités.

Salifou Diallo a eu le nez creux de chercher à voir plus clair dans la gestion des parcelles par les maires

L’on accède généralement à ces postes sur une P50 poussive et on en ressort avec une V8 et une fortune dont l’étendue donne le vertige. Dès lors, l’on peut comprendre pourquoi les postes de maire et de conseiller municipal sont l’objet de tant de convoitises. Tous les moyens sont bons pour figurer en bonne position sur les listes des partis politiques pour se donner plus de chances de se faire élire parce que simplement au bout, il y a le jackpot à décrocher. C’est pour cette raison, peut-on dire, que toutes les formations politiques redoutent le moment crucial de confectionner les listes pour les mandats municipaux. En un mot comme en mille, il y a beaucoup de choses à revoir dans la gestion du foncier urbain par les maires et autres conseillers municipaux, si l’on veut s’inscrire dans le sens de la rupture. C’est pourquoi l’on peut déjà saluer la volonté de l’Assemblée nationale de mettre en place une commission d’enquête parlementaire à l’effet de faire l’état des lieux et, le cas échéant, retirer la gestion des parcelles aux maires. Mais pour que cela réponde véritablement aux aspirations des populations pendant longtemps spoliées par la gestion mafieuse des parcelles par certains maires, il faut qu’à l’issue de l’investigation des députés, tous les maires et conseillers qui auront été épinglés rendent gorge. En plus de cela, pour parvenir à une gestion vertueuse des parcelles, il ne suffit pas seulement de déshabiller Paul pour habiller Pierre. Car, ce serait simplement déplacer le problème. Tant qu’un travail de clarification des valeurs ne sera pas fait au préalable en termes de mesures législatives contraignantes pour encadrer la fonction de maire, l’on peut parier sans grand risque de se tromper que le simple fait de changer l’emballage en confiant par exemple la gestion des parcelles à d’autres structures, sera inopérant. Car les maires sont à l’image du système qui les a secrétés. Tant que ce système ne sera pas démantelé pour donner naissance à un autre plus vertueux, il est utopique de croire que les maires et les conseillers qui seront issus des élections municipales de mai prochain, feront, comme par enchantement, leur mue au point de devenir des personnes dont le seul credo est de s’investir sans calcul pour l’épanouissement des hommes et femmes qui les ont élus. En guise de contribution pour réduire l’esprit mercantiliste de certains maires, l’on peut suggérer par exemple aux autorités de jouer sur le coût des parcelles pour faire en sorte que leur valeur marchande dissuade les maires indélicats à en faire un fonds de commerce. En effet, quand on sait que des parcelles non mises en valeur se négocient à Ouagadougou ou à Bobo-Dioulasso en termes de dizaines de millions de F CFA, la tentation est grande, lorsque l’on est avide d’argent, de se livrer à la vente illicite de parcelles. Pour toutes ces raisons, Salifou Diallo a eu le nez creux de chercher à voir plus clair dans la gestion des parcelles par les maires. Il lui revient d’aller jusqu’au bout de sa logique en aidant les Burkinabè, par des mesures fortes et appropriées, à se doter désormais de maires et de conseillers municipaux à la hauteur de l’esprit de l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014, c’est-à-dire des hommes et femmes pour qui élections municipales ne riment pas avec parcelles.

Sidzabda
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