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Protestation contre le Sénat : Jusqu’où ira l’opposition burkinabè?
Publié le samedi 22 juin 2013   |  Journal du Jeudi


Assemblée
© aOuaga.com par A.S
Assemblée nationale : vote sur la création du sénat
Ouaga, le 21 mai 2013. Les députés de l`opposition ont déserté la salle en plein vote pour la création du sénat.


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C’est en principe le 29 juin prochain que les partis alignés derrière le chef de file de l’opposition politique lancent leur premier débrayage actif contre la mise en place du Sénat. Après la levée de boucliers du 21 mai qui n’a pas empêché l’adoption de la loi organique de la «deuxième chambre» par la majorité confortable du giga-parti au pouvoir et ses alliés de la majorité présidentielle, la question est de savoir jusqu’où iront Zéphirin Diabré et ses camarades dans cette contestation qui se veut organisée sur le long terme. Que peuvent-ils attendre de ceux d’en face qui ne se hâtent pas moins pour sortir les noms des futurs sénateurs de leurs chapeaux?

À la différence de la première manif, celle annoncée se veut d’envergure nationale. Elle est prévue pour se dérouler sur toute l’étendue du territoire. Pour ceux qui attendaient de voir ou de revoir ce que pèse l’opposition burkinabè, ce sera l’occasion de voir qui est qui et qui est capable de mobiliser combien de personnes. C’est aussi un bon test grandeur nature pour Zeph qui ne doit pas se contenter de compter sur les militants de Ouaga, mais aussi sur ceux des villes où il est traditionnellement difficile de mobiliser pour ramer à contre-courant. Après les élections législatives et couplées, on pourra ainsi tâter le poul politique du Faso pour voir si les leaders du pouvoir, de la majorité et de l’opposition conservent toujours la même influence.

Le plus intéressant dans cette opération est que des villes comme Ouahigouya et Pô, désormais conquises par l’Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA), devront également prouver si elles sont aussi contre la mise en place du Sénat comme l’a si clairement marqué leur Petit Papa Noël de leader. Seulement, Zéph et ses affiliés ne peuvent pas trop aller prêcher dans ces deux basses-cours parce qu’on risque de leur dire qu’ils ne sont pas dans l’opposition pour autant. Et que le parti de l’éléphant ne s’est du reste pas, officiellement, prononcé pour ou contre ces fameuses journées de protestation.

On imagine que le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), qui porte la plus grosse responsabilité du Sénat, ne va tout de même pas regarder faire les manif’ du 29 juin. Et que les «sorties de remerciement» qui se multiplient curieusement ces derniers jours sont mises à profit pour jeter quelques pierres précieuses dans le jardin des opposants. En tout cas, ce n’est pas à l’Assimi-lé qui patronne le giga-parti au pouvoir qu’il faut apprendre à s’opposer à l’opposition. D’ailleurs, Zeph et ses camarades soupçonnent le «pouvoir de fomenter un plan secret pour infiltrer les manifestants de l’opposition». Est-ce de l’info ou de l’intox que «le CDP a déjà commencé un travail de sabotage à travers l’organisation de casseurs pour infiltrer la marche»?
Ce qui est sûr, c’est que le front politique qui s’est réchauffé à la faveur de l’adoption de la loi organique sur l’organisation et le fonctionnement du Sénat n’est pas près de s’estomper. Et ce malgré le début de l’hivernage avec son corollaire de difficultés d’accès à certaines zones du pays, ou encore de l’hibernation du monde paysan, préoccupé davantage -et à juste titre- par les travaux agricoles que par des marches et des meetings. L’avènement des vacances scolaires ne risque pas moins de priver l’opposition d’une bonne partie de son «armée» de manifestants inconditionnés que sont les élèves. La plupart des scolaires ont arrêté les cours à Ouagadougou comme à l’intérieur du pays. Il faut peut-être une mobilisation particulièrement agressive pour les remettre dans les rues le 29 juin prochain.

Ainsi, au-delà des aléas, attentes, frustrations et calculs d’un camp et de l’autre, le Sénat relance le débat et les ébats politiques d’une manière ou d’une autre. Mais le principal défi qui est lancé à l’opposition et au pouvoir, c’est de s’affronter en toute sportivité, dans le respect des personnes et des biens et surtout dans la non-violence. Car, ce qui est important et qui nourrit la démocratie à laquelle aspire tout le Burkina, c’est bien l’affrontement pacifique des idées et le bras de fer qui permet à la force de l’argument -et non à l’argument de la force- de triompher. Jusqu’où ira l’opposition?

Ses animateurs souhaitent sans doute que la journée nationale de protestation contribue à faire plier le pouvoir et à faire ranger le Sénat dans les placards au profit d’autres préoccupations considérées, par eux, comme plus prioritaires. Mais comme ils doivent s’y attendre, cette revendication n’est pas des plus faciles à satisfaire. A moins d’un tremblement de terre, le Blaiso national et son CDP tiennent à leur Sénat. Ils ne semblent pas prêts à lâcher l’affaire. Mais les chemins de la politique étant parfois impénétrables, on ne sait jamais.

Entre le temps qui reste pour mettre effectivement en place le Sénat et la saison de protestation de l’opposition contre cette institution consacrée par la Constitution, les lignes peuvent toujours bouger. Et c’est bien cela qui fait le charme de la politique lorsqu’elle sait préserver l’essentiel, c’est-à-dire la paix sociale. Que les meilleurs convainquent donc le peuple. Et lui assure tout aussi le meilleur.

F. Quophy

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