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Le Quotidien N° 798 du 22/6/2013

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Sénat au Burkina : La contre-offensive du gouvernement est engagée
Publié le samedi 22 juin 2013   |  Le Quotidien


Le
© Sidwaya par DR
Le Burkina dispose désormais d’un Sénat


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Le gouvernement organise la riposte face à la campagne contre le Sénat. Comme un général envoyant ses troupes au front, le premier ministre Luc Adolphe Tiao dépêche ses ministres du 22 au 23 juin dans les 13 régions du pays. Objectif affiché : «  donner des informations sur les questions majeures telles que la mise en place du Sénat et (…) procéder à une évaluation de l’action gouvernementale ». Il s’agit donc d’une mission hautement politique, si l’on considère le mode de répartition des délégations qui tient compte de l’appartenance régionale des ministres. Ceux-ci retournent donc dans leurs fiefs pour distiller la bonne parole du gouvernement et du pouvoir. La polémique soulevée par la création du Sénat, qui ne cesse d’enfler, nécessitait en effet une réaction prompte et massive du gouvernement, pour défendre son projet de loi adopté par le parlement et devenu loi de la république. D’autant que l’opposition et une partie de la société civile ne chôment pas sur la question. Elles multiplient déclarations, réunions et conférences de presse, pour faire entendre leur message. A tel point que la voix du gouvernement semblait être moins audible et ses arguments moins convaincants. Il fallait donc reprendre la main sur la question, affaiblir par une campagne d’information tous azimuts la voix des opposants au Sénat et si possible court-circuiter la grande manifestation du 29 juin. Après la bataille parlementaire, c’est incontestablement celle de l’opinion qui est désormais engagée entre pro et anti-Sénat.
De quoi a peur le gouvernement en organisant cette grande réplique à l’opposition ? Sent-elle monter comme une puissante et dangereuse vague le mouvement contre le Sénat ? En tout cas, on peut percevoir une incongruité dans sa démarche. Certes, en temps normal, celle-ci est tout à fait justifiée, au nom du « devoir d’imputabilité et de responsabilité vis-à-vis des populations », comme le dit si bien le Premier ministre dans sa circulaire envoyant les ministres dans les régions (voir Le Quotidien du vendredi 21 juin 2013). Mais dans le cas du Sénat, on peut penser qu’il est plutôt question d’éteindre un incendie naissant. Car le gouvernement a toujours clamé que cette institution ne souffrait pas de légitimité, encore moins de légalité. Elle est en effet le fruit des décisions consensuelles issues du Conseil consultatif sur les réformes politiques(CCRP) qui s’est tenu au niveau régional, puis national. Malgré le boycott de l’opposition, cette instance avait été jugée représentative de toutes les sensibilités du Burkina.Le Sénat fut ainsi constitutionnalisé, ce qui lui donnait un caractère quasi-sacré. Puis est venue l’étape de l’opérationnalisation, où à une large majorité, la loi portant organisation et fonctionnement du Sénat a été adoptée. Après donc un tel parcours, le Sénat a en principe l’onction de la légitimité et de la légalité. Mais pourquoi alors le gouvernement trouve-t-il encore la nécessité de courir les villes et les villages du Burkina pour une nouvelle opération d’explication ? Pour sûr, les contempteurs du Sénat n’y verront que des aspects négatifs : du gaspillage supplémentaire des ressources de l’Etat (en attendant ce que va coûter le Sénat), une volonté d’étouffer la voix de l’opposition en utilisant les ressources publiques à des fins partisanes, etc. Mais le gouvernement a lui aussi son argumentaire : il s’agit de ce fameux « devoir d’imputabilité et de responsabilité » sur lequel insiste le Premier ministre. La sincérité de ce discours se mesurera toutefois à l’aune des résultats des tournées gouvernementales. Ce qu’on attend d’un gouvernement, c’est sa capacité d’écoute des populations et de satisfaction de leurs aspirations. Si cette tournée s’inscrit dans cette dynamique, c’est tant mieux. On attend donc de voir.
Dans le débat sur le Sénat, et éventuellement de l’article 37, la paix sociale doit être ancrée dans les esprits. Le fait de contester ou d’approuver un choix politique, implique aussi une responsabilité, celle de veiller à préserver la quiétude sociale. C’est pourquoi pouvoir comme opposition doivent cultiver les vertus et les valeurs à même d’éviter à notre pays des lendemains qui déchantent .

La Rédaction

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