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Le parti d’un ex-ministre de Compaoré compte faire un "score honorable" aux municipales du 22 mai (responsable, INTERVIEW)
Publié le lundi 14 mars 2016  |  Alerte Info
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© aOuaga.com par A.O
Le parti Nouvelle alliance du Faso (NAFA) a animé une conférence de presse sur la situation nationale le 2 octobre 2015 à son siège à Ouagadougou




La Nouvelle alliance du Faso (NAFA), parti de l’ex-ministre des Affaires étrangères sous Blaise Compaoré, le général Djibril Bassolé, compte faire un "score honorable" aux municipales du 22 mai, a confié son secrétaire à l’organisation Mamadou Bénon, dans une interview à ALERTE INFO.

La NAFA ira-telle à la conquête des municipales du 22 mai ?

Nous sommes au dernier jour de la clôture du dépôt des dossiers de l’élection municipale. La NAFA est à pied d’œuvre. Plusieurs de nos dossiers ont déjà été déposés au niveau des démembrements de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Nous pensons pouvoir si tout va bien couvrir une bonne partie du territoire national.

Les difficultés, ne manquent pas certes. On peut évoquer, entre autres le problème des cautions très élevées (5.000 francs CFA par village). Pour environ 9.000 villages, il faut débourser 45 millions FCFA. Mais qu’à cela ne tienne nous comptons aller aux municipales et faire un score honorable.

Vous avez évoqué des problèmes de financements, peut-on dire que la NAFA n’a pas les moyens de sa politique ?

Vous savez quand on n’a pas les moyens de sa politique on fait la politique sans moyens. Et nous sommes dans cette logique. Nos comptes ont été bloqués mais aux législatives nous avons pu avoir deux députés malgré toutes sortes de tracasseries. Même la subvention de l’Etat a été libérée 72 heures avant la clôture de la campagne électorale; mais nous y sommes allés quand même. Pour la NAFA même à défaut de moyens, quand on arrive à faire comprendre aux populations les biens fondés de sa vision de la société, ça peut aller.

Votre parti a-t-il des problèmes pour le positionnement des candidats ?

C’est clair que nous avons des soucis comme tous les autres partis politiques. Il n’est pas évident aujourd’hui qu’un parti puisse faire le Tuk Djili (majorité gloutonne) comme dans le temps. De ce fait chacun veut être bien positionné. C’est tout à fait normal, c’est même légitime. A notre niveau, nous essayons de régler la question au mieux. En tout cas, ça ne saurait être un obstacle majeur pour la NAFA. De toute façon nous avons des critères et nous avons des militants avec qui nous avons toujours échangé franchement et sincèrement.

Que pensez-vous des mesures prises par le gouvernement pour résorber le taux de chômage ?

Sur la décision du gouvernement de recruter les enseignants du niveau BAC+2 et du personnel sanitaire à raison de deux personnes par village, il y a lieu de féliciter l’Etat pour ces mesures. Chaque fois qu’un jeune a du travail je pense qu’on doit s’en réjouir.
L’objectif aujourd’hui est de faire de sorte qu’en matière d’occupation des jeunes, on puisse trouver les solutions idoines.
Au niveau de la NAFA nous félicitons le gouvernement pour ces mesures-là. C’est vrai que nous rentrons bientôt en période électorale. On peut aussi et légitimement percevoir cette question comme une question électoraliste mais c’est de bonne guerre.
C’est un pas mais il faut régler la question de fond. Des mesures ont été prises dans le cadre des ajustements structurels tendant à contenir les masses salariales par le quasi gel des effectifs de la Fonction publique ; d’où d’ailleurs la loi 013/98/AN du 21 avril 1998, portant régime juridique applicable aux emplois et aux agents de la fonction publique. La conséquence de cette loi a été la stagnation des effectifs et évidemment la baisse de la qualité et des performances de l’administration.
Il faut recruter massivement car le pays en a besoin. Du reste, le nouveau statut de la fonction publique voté par le Conseil national de la Transition (CNT, organe législatif) tente de corriger les tares de la loi ci-dessus citée. J’en profite pour féliciter les conseillers du CNT pour ce travail. Les recrutements dans la Fonction publique à eux seuls ne suffiront pas à résoudre les problèmes des emplois. Il faut que l’Etat aide à développer le secteur privé. La loi sur le partenariat public/privé, peut constituer une opportunité sur laquelle le nouveau gouvernement peut tabler.
Mais que pourrait-on faire si la question de l’employabilité des jeunes n’est pas posée et résolue comme l’a préconisé Djibril Bassolé (empêché de se présenter à la présidentielle du 29 novembre car étant accusé par la justice burkinabè pour complicité du putsch du 16 septembre) lors du forum des jeunes à Dédougou ?

Quelle est votre position sur la question des Koglwéogo, groupes d’autodéfense, qui divise les populations, après que les magistrats ont demandé la suppression ?

Pour la NAFA la question des Koglwéogo s’inscrit dans un ensemble plus vaste de questions qu’il faut prendre à bras le corps. Depuis 1991 il y a des mesures draconiennes des institutions de Breton-Wood qui nous ont été imposées. Ces mesures-là avaient pour objectif de nous rendre solvables afin de payer allègrement nos dettes. Pour se faire l’économie était le secteur clé sur lequel les bailleurs de fond avaient l’œil averti. Les secteurs sociaux et de souveraineté ont été laissés pour compte. On a réduit les budgets, licencié des travailleurs et gelé les recrutements. Figurez-vous que le ratio population/agents de l’Etat est de 8 fonctionnaires pour 1.000 habitants au Burkina Faso.
On paie tôt ou tard les mauvais choix. On a désarticulé les forces de défense et de sécurité, le recrutement des magistrats n’a pas suivi l’évolution de la population par rapport aux délinquants. En prime, tous ces personnels sont mal traités sur le plan salarial et démuni en outil de travail. Donc l’Etat a failli dans ses missions régaliennes.
Alors que fallait-il faire, est-ce que les populations vont s’asseoir parce que l’Etat s’est désengagé à un certain moment de leur protection ? Nous estimons qu’il est temps de mettre fin aux dérives des Initiatives locales de Sécurité (ILS). L’Etat doit immédiatement reprendre la main et organiser les groupes d’autodéfense en les inscrivant dans un cadre républicain, dans l’Etat de droit. Les images de far West ne font pas l’honneur de notre démocratie. Du reste on sait toujours comment ça commence mais pas les développements ultérieurs. Encadrons strictement tous ces groupes afin d’éviter les dérives irréparables qui ne sont plus loin.
Même si se défendre est légitime, même si les Koglwéogo ont des résultats tangibles, il est difficilement concevable que dans un Etat un groupe joue les rôles de l’exécutif, du judiciaire et du législatif. Dans ce cas on peut sans crainte de se tromper dire que nous sommes aux portes de la terreur et du diktat. A ce rythme on en arrivera un jour à contester l’Etat lui-même.

Quel est votre point de vue sur le fait que le gouvernement a émis le vœu d’encadrer les Koglwéogo ?

Alors, je partage le point de vue du ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité intérieure qui dit qu’il faut les encadrer. Et si cet encadrement s’appuie sur les principes et valeurs de la République. Au demeurant, la stratégie nationale de sécurité intérieure pose des jalons clairs en la matière. Et nous souhaitons que le gouvernement fasse de sorte que toutes les Initiatives locales de Sécurité (ILS)) aient une collaboration étroite avec les Force de Défense et de Sécurité (FDS). A partir de ce moment elles peuvent-être prises en compte dans le maillage de la sécurité du pays. Voilà comment est-ce qu’on peut résoudre la question des Koglwéogo. Autrement dit on est parti pour une catastrophe en latence.

Quel commentaire avez-vous à faire sur la question des mandats d’arrêt lancé par la justice burkinabè contre Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale ivoirienne et l’ex-président Blaise Compaoré ?

Il faut que les gens comprennent que gouverner un pays ce n’est pas aussi simple que ça. La position de Rock Marc Kaboré qui a accédé à la magistrature suprême de notre pays (à l’issue de l’élection du 29 novembre) lui impose la vision réelle des rapports internationaux en termes de défis et d’opportunité pour son pays. Permettons-lui donc de régler les problèmes diplomatiques à sa convenance car c’est bien lui qui nous rendra des comptes en 2020.
Revenant aux mandats d’arrêt (internationaux qui impliquent l’ex-président burkinabè Blaise Compaoré concerné pour l’affaire de l’assassinat du révolutionnaire Thomas Sankara et le président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro, présumé complice dans le putsch du 16 septembre 2015), je dois dire pour le cas de l’ex-président Compaoré que c’est une affaire visiblement très compliquée et vous me permettrai de ne pas m’étendre sur le sujet. Nous devrions nous inscrire dans la logique de la vérité, toute la vérité rien que la vérité, la justice et la réconciliation. Il y va de notre crédibilité.
S’agissant du mandat d’arrêt contre le président de l’Assemblée de Cote d’Ivoire, plus le temps passe, plus les certitudes de certain sont mises à mal. On se rend compte qu’il y a beaucoup d’écrous qui manquent à tenir l’assemblage. Sinon comment pouvez-vous imaginez qu’un président d’une Assemblée nationale qui n’est pas un novice en politique et un ex-chef de la diplomatie, ex-ministre de la Sécurité, officier général de gendarmerie puissent tenir un tel langage au téléphone ? Est-ce que vous pensez que ça obéit à une logique ?
C’est pourquoi j’émets des réserves quant à l’authenticité de ces écoutes. Mais il faut laisser la justice faire son travail. Vous voyez le Premier ministre de l’époque Yacouba Isaac Zida et le président de l’Assemblée nationale Chériff Sy se sont empressés d’authentifier les écoutes. Mal les en a pris. Vous avez bien entendu les propos du commissaire du gouvernement qui dit que jusqu’à présent les écoutes n’ont pas été authentifiées. N’est-ce pas ridicule de la part des autorités d’un tel niveau ? Des experts se sont également penchés sur la question et relèvent environ 40 à 42 points de sutures de juxtapositions de conversations. Le principe de précaution et prudence devait être de mise dans le cas de l’émission du mandat d’arrêt. De toute façon le temps est un autre nom de Dieu.

Et en ce qui concerne Djibrill Bassolé (notre mentor) parce que ce sont les mêmes éléments qui l’ont conduit à la Maison d’Arrêt et de Correction de l’Armée (MACA). Je suis confiant qu’il sera libre bientôt. Car nous sommes enfin dans un Etat de droit ou les décisions de justice seront respectées. Ou on ne s’assoit pas allègrement sur les décisions de la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). On finira bien par blanchir M. Bassolé.

Quel est votre avis sur la nouvelle naturalisation de Blaise Compaoré ?

La vie privée de quelqu’un ne m’intéresse pas. Chacun de nous a suffisamment de peine à gérer la sienne.

Certains estiment qu’il veut se dérober à l’affaire Thomas Sankara qui a valu qu’on lance un mandat d’arrêt à son endroit ?

Ces affirmations n’engagent que leurs auteurs. Ils ont probablement leurs raisons que je ne connais pas.

BBO
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