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Retour de 117 migrants burkinabè de Libye : «nous sommes devenus cet argent que nous sommes allés chercher»
Publié le mardi 1 mars 2016  |  L`Observateur Paalga
immigrants
© Autre presse par DR
immigrants clandestins




117 Burkinabè, partis chercher un mieux-être dans l’ex-Jamahiriya arabe libyenne, se sont finalement résolus à regagner la mère-patrie, au regard des mesures draconiennes qu’ils subissaient au quotidien. Ce retour volontaire, organisé par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), section Burkina, de concert avec les autorités du pays, a eu lieu dans l’après-midi du jeudi 25 février 2016.

17h10, c’est l’heure à laquelle l’avion affrété pour le transport des 117 migrants burkinabè se pose sur le tarmac de l’aéroport international de Ouagadougou. Après avoir retiré leurs bagages, ils sont conduits au centre d’Action éducative en milieu ouvert (AEMO), sis à l’arrondissement 4 de la ville de Ouagadougou (quartier Somgandé). En ces lieux, ils peuvent se restaurer et bénéficier de tout le confort nécessaire pour noyer la fatigue occasionnée par le trajet.

Le lendemain matin : debriefing et octroi d’une enveloppe de 19 500 F CFA à chacun, afin de permettre aux ex-migrants de rejoindre leur localité d’origine. Dans les rangs, les causeries vont bon train. Les visages s’animent de la joie de retrouver leurs familles, après parfois plus de deux ans d’absence. La plupart ne voulaient pas quitter leurs proches, mais ont presque été contraints de le faire.

Ainsi, Zakaria Zabsonré est de ceux qui, au nom de leur famille, sont allés chercher de quoi améliorer ses conditions d’existence. Mais que ne fut pas sa surprise d’arriver dans une Libye en crise. «Le pays est en guerre. Les gens nous maltraitent, nous sommes bastonnés, enfermés en prison deux ou trois mois pour certains, et les policiers nous demandent de l’argent alors que nous ne travaillons même pas», a expliqué le jeune homme, originaire de Tenkodogo. Et d’ajouter : « nous sommes devenus cet argent que nous sommes allés chercher».

A l’écouter, cela s’explique par le fait que certains d’entre eux parviennent à trouver du boulot mais ne sont pas rémunérés par leur employeur, qui ne pensent qu’à les exploiter. Autrement dit, dans un pays où l’argent se fait rare, le peu qu’ils gagnent finit par retomber dans les mains de la police. Idrissa Kadiogo ira plus loin en indiquant qu’aux yeux des habitants de ce pays, ceux ayant la peau noire ne sont pas des êtres humains. C’est pourquoi il a vivement déconseillé à ses frères burkinabè ayant l’intention de tenter leur chance, de se contenter de ce qu’ils gagnent au pays. «L’aventure, c’est souvent des déceptions seulement», a-t-il estimé au regard des déboires qu’il a vécus. Le premier intervenant revient à la charge, précisant que le fait d’aller «se chercher ailleurs» peut être couronné de succès comme d’échec. Se souvenant de son calvaire à Tripoli, il recommande ainsi à tous ses compatriotes qui peuvent gagner plus de 3 000F par jour de rester au pays.

Des solutions pour que la jeunesse n’aille plus « se chercher ailleurs »

Zakaria Zabsonré profite de l’occasion pour lancer un cri du cœur à l’endroit des gouvernants. «Nous souhaitons que le président du Faso et les autorités puissent faire quelque chose pour la jeunesse du pays qui est si nombreuse. Nous voulons bien travailler, mais s’il n’y a rien à faire, c’est cela qui nous force à partir. Que ce soit en Guinée, au Gabon ou dans d’autres pays, vous retrouverez des Burkinabè à la recherche d’un mieux-être par rapport à leur pays d’origine. D’ailleurs, ils sont souvent maltraités», déclare-t-il. Zakaria, s’il obtient un soutien financier, avait et a toujours en tête de faire du commerce et de l’élevage.

De Souleymane Yoda à Issa Bila en passant par Dramane Bara, les témoignages sur les motivations de départ, les conditions de vie en Libye sont quasiment les mêmes. Parmi les migrants, nous remarquons soudain une femme. Elle prend son courage à deux mains et accepte de témoigner, sous couvert d’anonymat. «Je suis partie en Libye il y a deux ans. La situation dans ce pays n’était pas du tout stable. Il n’y a pas de liberté. J’ai fait au moins un an sans travailler», raconte-t-elle. Ayant travaillé pendant cinq mois, elle confie avoir eu du mal à se faire payer, finissant par abandonner à cause de la recrudescence des attaques dans la ville. C’est presqu’au bord des larmes qu’elle regrette n’avoir rien envoyé à sa famille depuis tout ce temps. Elle a préféré en rester là.

Selon le chef de bureau de l’OIM/Burkina, Abdel Rahmane Diop, le travail de sa structure va se poursuivre à travers un plan de réintégration de ces migrants, avec l’appui des structures déconcentrées du Comité national de secours d’urgence et de réhabilitation (CONASUR), venant de plusieurs localités du pays. De manière concrète, ce plan vise à permettre à certains d’entre eux d’entamer rapidement des activités génératrices de revenus. M. Diop a terminé en relevant le cas d’une personne victime d’une chute du deuxième étage, dans le cadre de son activité professionnelle. « C’est un migrant qui œuvre dans le domaine du crépissage. Nous surveillerons sa réintégration avec une attention particulière », a-t-il conclu.

Aboubacar Dermé (Stagiaire)
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