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Relations Ivoiro-Burkinabè : « que la raison d’état reprenne sa place » (1)
Publié le mardi 1 mars 2016  |  L`Observateur Paalga
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© présidence CI par DR
26 ème Sommet de l`Union Africaine : entretien du président ivoirien avec son homologue Roch Christian Marc KABORE
Vendredi 29 Janvier 2016. Addis-Abeba (Éthiopie). S.E.M. Alassane OUATTARA, président de la Côte d’Ivoire s’entretient avec S.E.M. Roch Christian Marc KABORE, Président du Faso




Etienne Traoré, qu’on ne présente plus, réagit à travers ces lignes qui suivent sur la récente naturalisation «ivoirisation de Blaise Compaoré », pour emprunter ses propres termes, les mandats d’arrêt internationaux et sur les relations ivoiro-burkinabè. Lisez ce que ce professeur d’université et homme politique pense de tout cela.

Mes chers amis internautes, je rappelle d'abord que nous avons des millions de nos compatriotes en Côte d'Ivoire qui enrichissent notre pays tout en étant, de très loin, les principaux acteurs de la prospérité ivoirienne, une prospérité presque exclusivement basée sur l'agriculture : cacao, café, bananes, coton, hévéa, ananas... dont les champs sont entretenus à plus de 90% par nos compatriotes burkinabè depuis des décennies ! C'est dire que nos peuples ont des intérêts étroitement liés et qu'il convient de rappeler à nos dirigeants soucieux de ces intérêts, d'agir ABSOLUMENT dans ce sens.
Or, ces temps-ci, les relations, ivoiro-burkinabè, souffrent de turbulences liées, moins aux intérêts de nos deux pays, qu'à des amitiés personnelles.

En effet, tous les milieux informés savent comment notre aîné, Alassane Dramane Ouattara, est parvenu au pouvoir avec les soutiens déterminants de Blaise Compaoré et de Soro Guillaume, parrains de la rébellion de 2002, militairement formée chez nous, dans les parages de Guiaro. Aujourd'hui, ces deux parrains sont mis en cause et convoqués par la justice burkinabè pour leurs rôles soupçonnés, respectivement dans l'assassinat du Président patriote révolutionnaire, Thomas Sankara, et du coup d'Etat sanguinaire avorté du 16 septembre 2015. Un coup d'Etat avorté principalement du fait de nos forces démocratiques civiles, politiques et de défense.

Real Politik

Mais voilà que malgré les accords judiciaires qui lient nos deux pays, le pouvoir ivoirien refuse d'exécuter les justes et légitimes mandats d'arrêt internationaux lancés par notre justice contre Blaise Compaoré et Guillaume Soro! Un Soro, soupçonné d'avoir PERSONNELLEMENT (et non pas, jusqu'à preuve du contraire, au nom de l'Etat Ivoirien), contribué au coup d'Etat sanguinaire avorté de Gilbert Diendéré. Qu'est- ce à dire ? Rien d'autre que les amitiés et reconnaissances personnelles priment encore sur les intérêts d'Etat! Que faut-il alors faire, à mon humble avis? Il nous faut prendre notre mal en patience car NOUS N'AVONS PAS D'AUTRE CHOIX AUJOURD'HUI. Et nous convaincre également que ces deux personnalités rendront compte tôt ou tard pour deux raisons principales :

1- La real politik : nulle part au monde, on a vu mêmes les États les plus amis, s'entendre sur toutes les questions. Ils divergent même sur de nombreuses questions. Mais cela ne les empêche point d'entretenir de bonnes relations en considération des intérêts de leurs peuples respectifs. C'est du réalisme politique ( real-politik) élémentaire qui oblige les chefs d'Etat, même à un niveau minimum de patriotisme, à privilégier ABSOLUMENT les causes de leurs pays par rapport à leurs causes personnelles. Je suis, du reste, convaincu que tout chef d'Etat qui l'ignore, sera, tôt ou tard, puni par son propre peuple dans des formes et des délais imprévisibles!

La honteuse ivoirisation de Blaise

Je souhaite alors que la raison d'Etat (en lieu et place de l'émotion actuelle, appelée à se dissoudre d'ailleurs avec le temps) reprenne sa juste place pour respecter l'indépendance de la justice, respecter les accords internationaux, respecter notre souveraineté nationale... en peu de mots: promouvoir la démocratie. Je constate fort heureusement que les choses bougent dans ce sens avec l'extradition récente de dangereux putschistes par les autorités ivoiriennes. Mes chers compatriotes, cessez de penser que c'est du menu fretin. C'est bel et bien quelques importantes boîtes noires, entre autres, de l'intrusion du RSP dans l'insurrection populaire d'octobre 2014 et du coup d'Etat avorté du 16 septembre dernier.

2-Le refus par l'écrasante majorité du peuple ivoirien d'être instrumentalisée pour des intérêts particuliers au détriment de leurs intérêts collectifs, voire de la stabilité de leur propre pays. Je le vois d'ailleurs difficilement accepter une candidature, aujourd'hui possible, de Blaise Compaoré à la Présidence de la Côte d'Ivoire, celui-ci étant devenu pleinement Ivoirien et jouissant donc des mêmes droits que les autres Ivoiriens de sang et de sol.

Je termine en déplorant cette honteuse ivoirisation de Blaise qui veut échapper à la justice de son vrai pays: le Burkina Faso. C'est d'autant plus honteux que j'apprends par mon épouse moaga que dans leur coutume, il ne sied pas, à un époux, de se réfugier chez ses beaux-parents ! J'ajoute qu'au regard des fonctions suprêmes occupées par Blaise Compaoré depuis 1983, il ne devrait jamais se prévaloir d'une autre nationalité: il y va de la sécurité de notre pays et de son honneur personnel.

Que nos peuples restent vigilants pour ne pas tomber dans des pièges égocentriques et orgueilleux que les politiciens (pas les vrais politiques et hommes d'Etat) aiment à tendre, usant d'arguments populistes et régionalistes. C'est à ce prix que Dieu nous aidera.

Ouagadougou, le 26 février 2016.


Etienne Traoré
Enseignant de philosophie morale et politique
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