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Roch Marc Christian Kaboré, président du Faso :"Nous avons été compris par le Premier ministre Valls ..."
Publié le mardi 23 fevrier 2016  |  Sidwaya
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© AFP par MIGUEL MEDINA
Visite du Premier ministre français Manuel Valls au Burkina
Samedi 20 février 2016. Ouagadougou. Le Premier ministre français Manuel Valls visite le Burkina Faso sur la deuxième étape d`une tournée en Afrique de l`Ouest. Photo : Roch Marc Christian Kaboré, président du Faso




Dans le cadre de la visite du Premier ministre français au Burkina Faso, Manuel Valls, le Président du Faso SEM Roch Marc Christian Kaboré a accordé un entretien en exclusivité à TV5 Monde, le 20 février 2016, en marge de cette visite. Dans cet entretien d’une trentaine de minutes, des questions sur le terrorisme, la coopération militaire avec la France, le défi sécuritaire au Burkina Faso et les relations avec la Côte d’Ivoire ont été abordées. Des confrères de la RTB /Télé, RTB /Radio et de Burkina Info ont également assisté à l’entretien.

TV5 Monde : Monsieur le Président, le Premier ministre français, Manuel Valls, est venu ici rendre visite, rendre hommage et soutenir le peuple burkinabè qui a eu à faire face à des attaques terroristes récemment. Est-ce que comme lui, vous pensez que les terroristes s’attaquent lâchement aux jeunes démocraties ?

Roch Marc Christian KABORE (R.M.C.K) : Je voudrais d’abord saluer la venue du Premier ministre Valls au Burkina Faso. C’est une visite qui nous honore et qui est un témoignage de l’intérêt porté à l’acte odieux qui a été porté contre le Burkina Faso, le 15 janvier 2016. Pour ma part, je dirai tout simplement que le terrorisme s’en fout complètement de la démocratie. Comme vous le savez, ce sont des personnes qui, sur la base d’une conception erronée de la religion, visent non seulement à disloquer les économies des pays, à créer le non- Etat pour imposer leur vision obscurantiste. De ce point de vue, l’action qui est menée partout, puisqu’elle est maintenant mondiale, a cet objectif. C’est pour cela que nous devons nous mobiliser sur le plan national, régional et mondial pour mettre un frein à la progression de ce terrorisme.

En travaillant à la lutte pour la sécurité, nous devons travailler pour le développement de notre pays
TV5Monde : Après les attaques de Ouagadougou qui ont fait 30 morts dont de nombreux Burkinabè, des voix se sont élevées pour critiquer les forces de sécurité burkinabè qui n’ont pas réagi assez rapidement. Comment expliquez-vous qu’il a fallu l’intervention des forces spéciales françaises et américaines pour vous aider ? Et qu’est-ce que vous avez fait depuis, pour dynamiser les forces de sécurité burkinabè?

R. M. C. K : Je voudrais noter que le Burkina Faso, pendant longtemps, était un havre de paix. Et donc, forcément, les réflexes dans une telle situation ne sont pas systématiques. Deuxièmement, nos forces d’intervention étaient mal dotées dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Il était donc tout à fait logique que dans ce cadre, les forces spéciales françaises soient à nos côtés aussi bien avec les forces américaines, de concert avec les forces de sécurité burkinabè pour nous permettre d’arriver à bout de ces terroristes qui ont eu beaucoup de temps et fait beaucoup de gâchis.
En attendant, nous sommes en train de travailler à la restructuration de ces forces d’intervention aussi bien en termes de formation, de dotation de matériels adéquats pour mener leurs missions, mais également au niveau de l’armée nous sommes en train de travailler à la formation de forces spéciales pour pouvoir faire face à ce nouveau défi. Parce que, désormais, le Burkina Faso qui était épargné des attaques terroristes, est obligé d’intégrer cela dans sa vie quotidienne.

TV5Monde : Pour cette formation de ces forces spéciales, vous avez demandé justement au Premier ministre Manuel Valls d’être aidé, de bénéficier d’une coopération, qu’elle soit française ou américaine?

R. M. C. K: Nous avons demandé, et je crois que nous avons été bien compris, en termes de formation et d’équipement minimum aussi bien pour la gendarmerie que pour la police et également en termes de formation de nos forces spéciales. Tout ce paquet de demandes a été exposé et je pense que nous avons été entendus.

TV5Monde : Le défi numéro un maintenant de votre gouvernement, c’est la sécurité. On apprend çà et là qu’il y a un développement de milices, de groupes d’auto- défense qui se mettent en place à Ouagadougou…

R. M. C. K : La sécurité est certainement un nouveau défi qu’il nous faut relever. Mais vous savez qu’elle a des conséquences au niveau budgétaire. C’est pour cela que nous avons expliqué au Premier ministre Valls que tout en luttant contre le terrorisme, nous devons lutter aussi pour le développement. Il est évident qu’il y a un combat militaire de renseignement mené contre le terrorisme. Mais si nous ne faisons pas en sorte qu’il y ait le développement, de l’espoir, du travail pour les jeunes, le terreau sur lequel travaillent les terroristes sera maintenu. Cela veut dire que les terroristes travaillent aujourd’hui sur la pauvreté et sur la misère. Donc il est important que tout en travaillant à la lutte pour la sécurité, nous travaillions pour le développement de notre pays.

L’Etat recrute chaque année dans la Fonction publique, mais encourage aussi un partenariat public-privé
TV5Monde : Justement cela fait deux mois que vous êtes à la Présidence. Qu’est-ce que vous pouvez annoncer concrètement en direction des jeunes, et de la population ? Vous avez des mesures, des annonces à faire sur des plans concernant l’emploi ou la lutte contre la pauvreté ?

R. M. C. K : Après tout ce que nous avons vécu sous le régime de Blaise Compaoré et sous la Transition, je pense qu’il ne faut pas non plus rêver que le Burkina Faso sera par enchantement transformé en une zone d’emplois. Nous avons déjà lancé des annonces lors de notre candidature qui vont se concrétiser bientôt. La première est que nous avons décidé qu’il fallait faire en sorte que tous ceux qui ont fait l’université, qui sont sortis de la première année jusqu’à la maitrise et qui, depuis, n’ont pas de travail, nous sommes prêts à les recruter et à les former afin qu’ils puissent donner leur contribution à l’enseignement primaire et au secondaire. Nous avons également décidé de recruter dans chaque village, des assistants communautaires de santé pour la prévention au niveau de la santé. Ce sont des annonces qui vont se mettre en place très rapidement.
Nous sommes aussi obligés de mettre en place des activités structurantes pour l’économie. C’est pourquoi nous avons dit qu’il fallait mettre l’accent sur le développement de l’agriculture, de l’élevage mais en même temps travailler au développement des petites et moyennes entreprises qui vont permettre à nos jeunes de pouvoir s’investir là-dedans. Et pour ce faire, nous sommes en train de rechercher les lignes de crédits qui vont permettre d’encourager ces jeunes, les former, les faire préparer des dossiers pour permettre de les accompagner dans ce domaine.

TV5Monde : Pour vous c’est l’Etat qui doit jouer ce rôle ou bien vous avez envie de vous appuyer aussi sur le partenariat public-privé ?

R. M. C. K: C’est l’Etat qui recrute chaque année dans la Fonction publique normalement mais nous devons travailler à ce que le privé également puisse recruter du personnel à travers les petites et moyennes entreprises. Mais nous travaillerons dans le cas du développement de nos chantiers, notamment les infrastructures et d’autres domaines à un partenariat public-privé qui va permettre de réaliser ces programmes

Les relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina sont excellentes
TV5Monde : On va venir à vos relations qui sont complexes avec la Côte d’Ivoire, avec l’affaire des écoutes téléphoniques et les mandats d’arrêt internationaux contre Guillaume Soro, le président de l’Assemblée nationale ivoirienne et contre l’ancien Président Blaise Compaoré dans l’affaire Thomas Sankara. Vous vous êtes vus avec le Président ivoirien Alassane Ouattara à Addis Abeba. Qu’est-ce que vous vous êtes dit ?

R. M. C. K: Je voudrais d’abord vous rassurer que les relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina sont excellentes malgré tout ce qu’on peut dire. Hier 19 février 2016 dans la soirée, nous avons eu une conversation téléphonique avec le Président Alassane Ouattara. Je crois que les enjeux qui nous lient sont plus forts que les préoccupations que vous évoquez et ce sont des enjeux historiques. Nous avons des chantiers ensemble sur le plan des infrastructures, du commerce que nous développons entre nos deux pays. Environ quatre millions de Burkinabè vivent en bonne entente avec les Ivoiriens. Nous travaillons également pour que des Burkinabè, notamment les éléments de l’ex-RSP qui se sont rendus à Abidjan, parce que nous avons également lancé des mandats d’arrêt contre ces personnes aussi, pour que la sécurité ivoirienne puisse les rapatrier au Burkina Faso.

TV5Monde : Et vous pensez justement qu’ils vont être rapatriés ? Vous êtes optimiste ?

R. M. C. K : Des efforts sont déjà en cours et je crois que très bientôt nous aurons quelques informations d’eux.

TV5Monde : Monsieur le Président, comment faire ? Parce que la justice burkinabè travaille sur ces mandats d’arrêt et du côté d’Abidjan, on sait que cela fâche. Comment vous gérez cela entre la real politik et votre opinion publique qui demande des résultats à la justice ?

R. M. C. K : Nous sommes dans un Etat de droit et nous sommes soucieux de l’indépendance de la justice.
C’est pour cela que lorsque le Président Alassane Ouattara a dit qu’il souhaitait que nous en discutions au plan diplomatique, nous avons estimé que nous pouvions poursuivre ce débat diplomatique qui est un débat de renforcement de la coopération et de l’amitié entre nos deux pays, tout en considérant également que la justice a son indépendance et poursuit son travail.
D’aucuns ont laissé comprendre que le Président du Faso a voulu tordre le bras à la justice pour demander instamment qu’on lève le mandat d’arrêt contre Guillaume Soro, mais cela n’a jamais été le cas. Et je crois que les discussions qui sont menées aujourd’hui au sein du corps judiciaire sont des discussions qui ont trait à la qualité et à la procédure avec lesquels les mandats d’arrêt ont été établis.

TV5Monde : Vous encouragez la justice burkinabè à continuer son travail en toute honnêteté ?

R. M. C. K : Je vous ai dit que la justice est indépendante. Je n’ai ni à les encourager, ni à les décourager. Chacun est dans son domaine. Je suis Président du Faso et les réformes de la justice ont fait en sorte que depuis lors, ni le Président du Faso, ni le ministre de la Justice ne sont membres du Conseil Supérieur de la Magistrature. Donc, c’est une justice qui est indépendante. Notre rôle en tant que jeune démocratie, c’est de travailler à ce que cela soit une réalité.

TV5Monde : Pour vous, le retour de Blaise Compaoré, l’ancien Président, qu’il passe en jugement est une question importante, que vous voulez absolument avant la fin de votre mandat ?

R. M. C. K : Nous avons dit simplement que nous devons travailler à la réconciliation nationale et que cette réconciliation nationale passe par la vérité, la justice et le pardon. Pour nous, si Blaise Compaoré veut revenir dans son pays, il devra répondre devant la justice de ce pourquoi il est accusé. Ce n’est pas plus compliqué que cela. Il a le droit de revenir mais voilà la condition et comme je le dis, nul n’est au-dessus de la loi.

TV5Monde: Si la justice burkinabè demande que l’ex-Président soit extradé vers Ouagadougou, est-ce que le Président ivoirien va l’accepter ?

R. M. C. K : Pour l’instant nous l’avons demandé mais nous n’avons pas encore de résultat. Nous avons par ailleurs appris qu’il a acquis la nationalité ivoirienne et que par conséquent, selon des textes, on ne doit pas extrader des Ivoiriens vers d’autres pays. Vous savez, en matière de droit on peut trouver beaucoup de subterfuges. Pour l’instant, notre mandat d’arrêt est toujours d’actualité en ce qui le concerne et en ce qui concerne les autres Burkinabè pour lesquels des mandats d’arrêt ont été déposés auprès de la Côte d’Ivoire.

Nous devons encourager aussi bien dans le coton que dans l’agriculture en général, la production et la consommation de nos produits

TV5Monde : Monsieur le Président, vous portez aujourd’hui le Faso Dan Fani, ce pagne traditionnel burkinabè qui a été mis à la mode sur le devant de la scène par l’ex-Président, feu Thomas Sankara. Pour vous, la solution pour le Burkina passe-t-elle par la transformation de ce coton et des matières premières afin de créer des emplois pour les jeunes et de leur éviter d’avoir envie de traverser la mer pour rejoindre l’Europe et de prendre des risques ?

R. M. C. K : Tout à fait. Le port du Faso Dan Fani est non seulement un symbole mais notre souhait est que ça soit vraiment une mentalité. Parce que nous ne pouvons pas développer notre économie si nous ne consommons pas ce que nous produisons. Et c’est pourquoi nous devons encourager, aussi bien dans le coton que dans l’agriculture en général, la production et la consommation de nos produits. Parce que c’est bien beau de crier à la vie chère mais si nous voulons consommer les produits qui sont importés, il faut s’attendre à payer le prix. Et nous devons faire en sorte que dans notre culture, aussi bien culinaire que vestimentaire et dans d’autres secteurs, nous puissions mettre en exergue ce qui est positif. Cela créera des emplois et nous donnera des valeurs culturelles beaucoup plus fortes. C’est tout cela qui est important pour nous. Il faut que nous travaillions à ce que les Burkinabè consomment burkinabè.
Il faut noter que nous sommes un gros producteur de coton mais seulement 2% de ce coton sont transformés au Burkina. Donc, obligatoirement, il y a une réorientation à faire pour que le coton burkinabè soit usiné ici et que nous produisions des tissus au Burkina Faso.

TV5Monde : Justement vous lancez un appel aux investisseurs privés ou encore vous pensez que c’est le rôle de l’Etat de construire des usines ?

R. M. C. K : On lance un appel aux investisseurs privés. Il y en a déjà pas mal qui tapent à la porte pour demander s’ils ont la possibilité de reprendre l’ancienne Faso Fani qui était une usine de production du textile que nous avions au Burkina Faso. Et nous sommes en discussions.

TV5Monde : Merci Monsieur le Président d’avoir répondu aux questions de TV5 Monde

R. M. C. K : C’est moi qui vous remercie.

Personne n’est au-dessus de la loi
Burkina Info : Par rapport aux Kogl-wéogo, ces groupes d’auto- défense, dans l’opinion, la question crée la psychose. Est-ce que oui ou non il faut les dissoudre ? On veut vous entendre sur le sujet.

Roch Marc Christian Kaboré : Je voudrais dire que partout, l’Etat n’existe pas en termes de sécurisation des populations. Il est évident que se pose le problème de cette formation de groupes d’auto sécurité qui se sont développés et qui ont proliféré de façon tranquille sans que l’on ne soit au courant.
Pour moi, personne n’est au-dessus de la loi. Même si ce n’était pas intitulé Kogl-wéogo, il y aurait toujours des groupes d’auto- défense dans les villages. Même à Ouagadougou, il fut un temps ou les voleurs étaient pourchassés, tués parce que les populations considéraient que l’Etat ne jouait pas son rôle en termes de justice et de lutte contre le banditisme.
Pour moi, personne n’est au-dessus de la loi, ça veut dire que si des groupes attrapent des voleurs ou des délinquants et les remettent à la gendarmerie ou à la police pour que la procédure normale de justice s’enclenche, je n’ai aucun problème avec cela. Mais s’il doit y avoir des dérapages qui portent atteinte aux droits de l’Homme, à la vie des hommes, ces personnes doivent répondre instamment devant la justice. C’est clair.
L’autre aspect que je voulais poser, c’est que dissoudre quelque chose qui n‘existe pas légalement me pose un problème. Je crois qu’il faut créer des passerelles de dialogue pour permettre de résorber progressivement cette situation. C’est pourquoi les instructions ont été données pour que désormais toutes les situations de dérapages soient sanctionnées avec la plus forte énergie. Ce n’est que de cette manière que nous allons progressivement arriver à remettre les gens dans les normes de travail qu’’il faut. Parce que la police a toujours besoin certainement des personnes qui les aident dans leur travail. Bien que nous ayons 32 000 policiers aujourd’hui, ils n’ont pas les moyens d’assurer la sécurité de tout le territoire. Quand un paysan perd ses dix bœufs et qu’on les lui retrouve, il ne cherche pas à savoir quels moyens on a utilisé ; il est tout simplement heureux. Et c’est cette contradiction que l’on retrouve entre le village où ces groupes agissent et ont le soutien des habitants et la ville où nous considérons que l’Etat doit être partout sur l’ensemble du territoire.

Aucun élément ex-RSP arrêté au Burkina n’a été exécuté…
RTB /Télé : Comment le Burkina Faso peut s’y prendre pour le retour des ex-RSP en Côte d’Ivoire et qui constituent une menace sécuritaire pour ce pays ?

Roch Marc Christian Kaboré : Les ex-RSP qui sont en Côte d’Ivoire ne sont pas très nombreux. Le plus gros lot est réparti dans les casernes et ce que nous devons demander, c’est que ces personnes rentrent dans la conception de l’Armée républicaine. Ceux qui sont à l’extérieur, nous avons lancé des mandats d’arrêt contre eux. Ces mandats d’arrêt que nous avons lancés en demandant aux autorités ivoiriennes de s’en occuper commencent à porter leurs fruits. Nous nous en réjouissons et nous encourageons toujours les autorités ivoiriennes à poursuivre ce travail. Parce que tous ceux que nous avons appréhendés au Burkina Faso n’ont pas été exécutés, contrairement à ce qui a été dit. Tout le monde passera au Tribunal, sera jugé et écopera de la peine qu’il mérite. De ce point de vue, c’est la coopération policière et de gendarmerie qui vont nous permettre de résorber le cas de ces quelques dizaines de personnes qui sont à Abidjan et de les faire rentrer au pays pour que nous puissions terminer avec ce processus de coup d’Etat qui a eu lieu dans notre pays.

La Direction de la Communication
de la Présidence du Faso
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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